À la veille du vote du projet de budget rectificatif de l'État à l'Assemblée nationale, le groupe écologiste est divisé.
Abstention ou soutien au projet de budget rectificatif de l'État? À la veille du vote, c'est le flou artistique chez les députés écologistes. À l'image de leur parti, Europe Écologie-Les Verts. Où deux lignes, globalement, s'affrontent. Coprésident du groupe, François de Rugy les résume: «Il y a ceux qui cherchent une improbable majorité alternative au sein de la majorité et ceux qui veulent faire avancer les choses au sein de la majorité, s'en s'empêcher de s'exprimer.» Le député de Loire-Atlantique ne devrait donc pas s'abstenir. D'autant, ajoute-t-il, qu'un épisode budgétaire «est un élément fort d'appartenance à une majorité».
Mais dans son groupe, d'autres, dont l'ex-ministre Cécile Duflot, députée de Paris, se sont activement engagés auprès des socialistes frondeurs. Certains, comme Sergio Coronado, à gauche du parti, n'hésitent pas à monter au front. «Notre groupe est clivé, il n'est plus ni présidé ni animé politiquement», dénonce-t-il. Rêve ou réalité, le député des Français de l'étranger affirme que «la position du groupe va vers l'abstention». «Aucun des amendements déposés n'a été retenu et aucun pas n'a été fait dans la bonne direction. En toute logique, c'est l'abstention qui s'impose…»
À l'inverse, François-Michel Lambert soutient fermement le gouvernement… «Pour moi, la question de l'abstention ne se pose pas. Encore moins après deux mois de gouvernement Valls où l'on a obtenu plus qu'en deux ans avec Ayrault…» La rencontre de son groupe, la semaine dernière, avec François Hollande et avec Manuel Valls n'a pas même été nécessaire pour achever de le convaincre. «Nous n'avons plus de ministres écologistes au gouvernement et paradoxalement, assure-t-il, nous sommes plus et mieux écoutés.»
Fortes tensions
Au sein d'EELV, cependant, cette conviction est loin d'être partagée. La position hostile au gouvernement semble avoir emporté une majorité du parti depuis le départ du gouvernement de Cécile Duflot et Pascal Canfin. Dans un entretien accordé dimanche à La Provence, le président du groupe EELV au Sénat, Jean-Vincent Placé, soutien du gouvernement, a d'ailleurs taclé les «tentations gauchistes affirmées» des «amis d'Eva Joly». «Dans un pays où le FN est à 25 %, se donner l'image du village gaulois qui veut résister à tout n'a pas de sens.» Les tensions sont fortes.
«EELV n'est pas sur une très bonne dynamique, il faut bien le dire», note François de Rugy. Il sera avec Jean-Vincent Placé à Marseille le 10 juillet, pour soutenir une initiative de Karim Zeribi. Or le responsable local d'EELV à Marseille est en lien avec Jean-Luc Bennahmias, ancien des Verts et du MoDem, qui travaille avec son alter ego Christophe Madrolle à la fondation d'une nouvelle formation politique «au centre gauche»…
«On peut avoir des choses à faire avec Bennahmias», reconnaît Rugy. François-Michel Lambert en est tout aussi convaincu. À la gauche d'EELV, le porte-parole du parti, Julien Bayou, proche d'Eva Joly, tente de relativiser le risque d'explosion du parti: «La déception de Jean-Vincent Placé de n'être pas entré au gouvernement lui fait perdre le sens des réalités. Il y a de l'amertume, mais ça va se soigner…»
