Les Républicains et le Parti socialiste semblent vouloir adopter des stratégies différentes au second tour : le maintien et le retrait. Mais le PS n'a pas l'accord de tous les siens.

C'était anticipé dans les sondages. Le Front national a réalisé un score historique, dimanche 6 décembre, au premier tour des élections régionales. Le parti de Marine Le Pen emporte près de 29% des voix et sort en tête dans six régions métropolitaines. A droite, l'alliance Les Républicains-UDI enregistre un score mitigé, avec 26,7 % des suffrages. Du côté des socialistes, la défaite est moins rude que prévue avec un peu plus de 23,3% des voix mais le parti a déjà annoncé son retrait du second tour dans trois régions.

Les quatre informations à retenir :

Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, s'est résolu à choisir le retrait dans les trois régions où le FN fait ses meilleurs scores.
Jean-Pierre Masseret, candidat PS d'Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, refuse de se retirer.
Le Front national, en tête au niveau national avec 28,7% des voix, pourrait remporter entre deux et trois régions au second tour.
A droite, après un score en demi-teinte, Nicolas Sarkozy a appelé ses troupes à ne fusionner aucune liste avec la gauche et a refusé tout retrait.

La presse sous "le choc". Au lendemain de ce premier tour, les quotidiens ont tous repris en Une la victoire écrasante du Front National. Alors que le Figaro et L'Humanité titrent sur le mot "choc", Libé titre sur "ça se rapproche" avec une image floue de Marine Le Pen. Les éditorialistes ont une double interrogation : comment en est-on arrivé là ? Que faire au second tour ? "Son résultat, historique, dépasse tous les pronostics", constate Michel Urvoy (Ouest-France). Dans Le Journal de la Haute-Marne, Christophe Bonnefoy résume bien l'humeur ambiante : "le Front national est tout simplement le premier parti de France", alors que selon Jean-Claude Souléry de la Dépêche du Midi : "nous sommes atteints de lepénisme aigu".

La gauche se retire dans deux régions. Du côté des socialistes, les résultats sont faibles mais moins mauvais que prévu. En misant sur un report des suffrages écologistes et front de gauche au deuxième tour, le PS peut même espérer conserver jusqu'à cinq régions, dont l'Île-de-France. Reste les régions dans lesquelles le candidat du gouvernement est arrivé en troisième position derrière le FN et la droite. En Paca et dans le Nord, Jean-Christophe Cambadélis a explicitement appelé à leur retrait dès dimanche soir "pour faire barrage républicain" au parti frontiste.

Pas sûr, néanmoins, que cela suffise à empêcher une victoire de l'extrême-droite. Rien ne dit en effet que beaucoup d'électeurs de gauche glisseront des bulletins au nom de Christian Estrosi, Xavier Bertrand ou Philippe Richert dans l'urne dimanche prochain.

... et peut-être dans une troisième. Lundi matin, le porte-parole du PS a estimé que le candidat socialiste d'Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes Jean-Pierre Masseret "devra" aussi se retirer. "C'est une décision du Bureau national. Il devra la respecter. Point", a tranché Jean-Christophe Cambadélis alors que le candidat PS a opposé dès dimanche soir son refus. Jean-Pierre Masseret a réaffirmé le refus de se retirer lundi matin. "Pas question pour moi de me retirer", a-t-il confirmé à Europe 1. "Cette stratégie du retrait, c'est complètement fou. En plus, c'est une stratégie dénué de résultat. Quand on se retire, le FN est plus fort", a-t-il ajouté. Le Bureau national du Parti socialiste a jusqu'à mardi soir 18 heures pour le convaincre de changer d'avis.

Les Républicains, eux, se maintiendront. L'impopularité du gouvernement aura moins servi la droite qu'elle ne pouvait l'espérer. Avec 26,7% des voix au niveau national, Les Républicains, et leurs alliés de l'UDI, font à peine mieux qu'en 2010 (26,02%). La droite doit décider de la stratégie à adopter pour le second tour lors d'un bureau politique organisé lundi. Mais Nicolas Sarkozy a d'ores et déjà annoncé la couleur. "La seule attitude à adopter, dans toutes les régions, est de respecter les Français en proposant une alternance claire", a-t-il déclaré. Dans la région Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon où Les Républicains sont arrivés troisièmes derrière le FN et le PS, il n'y aura donc pas de retrait de la part du parti de droite.

Le FN, presque sûr de remporter deux régions. Arrivé en tête dans le Nord-Pas-de-Calais-Picardie et en Provence-Alpes-côte-d'Azur, le parti frontiste sort vainqueur en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardenne et en Bourgogne-Franche-Comté. A ces victoires prévisibles, le FN ajoute deux surprises en l'emportant en Centre-Val de Loire et en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Au second tour, le 13 décembre, Marine Le Pen et sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, semblent assurées de l'emporter respectivement dans le Nord et en PACA, malgré le retrait des listes socialistes arrivées en troisième position. En Alsace, Florian Philippot a également de sérieuses chances de s'emparer du conseil départemental, surtout si le candidat PS se maintient. Ce sera plus difficile pour les candidats des trois autres régions, mais tout dépendra de la mobilisation et du report des voix.