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Marine Le Pen et le Front National en position de force, et ce n’est plus un sondage
Pascal Célérier |
Intérieur
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Les urnes ont parlé, confirmant ce que les sondages annonçaient : Marine Le Pen arrive nettement en tête du premier tour des élections régionales dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, avec plus de 40% des suffrages, et alors que la participation est en forte hausse. C’est donc un succès et un bouleversement politique majeurs.
En effet, cette élection dépasse le simple cadre régional et prend une dimension nationale, véritablement historique, à un an des présidentielles, puisque ce succès personnel s’accompagne de celui de sa nièce en PACA et que le Front National est arrivé en tête dans six régions sur treize.
Pour la gauche, le désaveu, prévisible, est cinglant. Et même si elle parvient à conserver quelques régions par le biais de triangulaires, sa troisième place au niveau national laisse présager une élimination dès le premier tour en 2017.
Pour le Front National, quoi qu’on pense du parti et de sa dédiabolisation, on ne peut que constater l’efficacité redoutable de la stratégie imposée par Mme le Pen, à savoir la synthèse réussie entre peurs sociales abandonnées par la gauche et inquiétudes identitaires délaissées par la droite. Une telle approche lui permet de mordre sur tous les électorats. Et il est peu probable que le retrait du PS, dans le Nord et en PACA, pour favoriser un hypothétique front républicain qui ressemble davantage à une coalition hétéroclite des vaincus du premier tour, parvienne à enrayer la dynamique du Front national. Il est même possible qu’il fasse dimanche prochain, dans le Nord et en Paca, la démonstration qu’il peut l’emporter, en duel, contre un candidat de droite, dans une élection régionale.
Mais le véritable défi pour Mme Le Pen, si elle veut l’emporter à la présidentielle, consistera à rassembler des forces et des personnalités de la société civile et de la droite non frontiste pour gagner en crédibilité.
Mais dire cela, c’est aussitôt pointer tous les handicaps de la droite de MM. Juppé et Sarkozy: mariage arrangé entre le centre et la droite, au mépris des convictions et de l’électorat conservateurs, et absence de leader crédible et incontesté. Pour la droite, ces élections régionales sont le dernier avertissement, après les coups de semonce des européennes de 2014, et des départementales de mars 2015. Désormais, le rassemblement LR-Modem-UDI va-t-il se livrer à un débat déconnecté de la situation du pays en organisant ces primaires qui ne seront qu’une guerre des chefs déguisée et qui ne feront qu’exaspérer l’électorat de droite, déjà siphonné par le Front National ? Or une primaire vient d’avoir lieu, et les électeurs ont nettement indiqué de quel côté devait pencher la balance: à droite. Faut-il aussi rappeler que, quand les leaders ont assumé clairement leurs convictions de droite, comme MM. Wauquiez et Retailleau, ils sont en tête? Et inversement, les leaders centro-juppéistes en Aquitaine, en Midi-Pyrénées et dans la région Centre obtiennent des résultats très médiocres.
L’avenir de la France se jouera donc à droite, dès demain, et dépendra de la capacité de l’une ou l’autre famille à répondre à toutes les attentes de l’électorat conservateur et à promouvoir les mesures et les personnalités nouvelles capables de les incarner. Une course de vitesse s’est engagée et, ce soir, Mme Le Pen a incontestablement une bonne longueur d’avance.
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