La capitalisation cumulée des Bourses chinoises atteint 4.480 milliards de dollars cette année, contre 4.460 milliards pour la Bourse japonaise, selon des calculs de Bloomberg.

La capitalisation cumulée des Bourses chinoises a dépassé celle de la Bourse japonaise cette année, pour s’installer au deuxième rang mondial, selon des calculs de l’agence Bloomberg. La première a atteint 4.480 milliards de dollars, quand la seconde s’établissait à 4.460 milliards. Ce n’est pas la première fois que ce phénomène est mesuré : en 2011, il avait été brièvement constaté, dans la foulée de la catastrophe de Fukushima qui avait déprimé la Bourse de Tokyo. Cette fois, plusieurs phénomènes sont à l’œuvre. Certains sont purement comptables : le yen s’est déprécié, ce qui diminue mécaniquement la valeur en dollars des titres japonais. Mais c’est surtout la très forte poussée de la Bourse de Shanghai qui explique ce changement. Celle-ci a connu une hausse de 33% cette année, soit un rythme trois fois supérieur à son homologue de Tokyo. Le changement de tendance est net : au cours des années précédentes, Shanghai s’illustrait par sa déprime persistante, et affichait des performances parmi les plus mauvaises au monde.
Cette année, plusieurs phénomènes ont fait changer les mentalités. D’une part, le pouvoir chinois a multiplié les mesures de soutien à l’économie devant un ralentissement plus prononcé que prévu, comme en a récemment témoigné la baisse de taux d’intérêts décidée par Pékin. D’autre part, il a lancé, au printemps, le chantier du «stock connect» . Il s’agit d’un pont entre les Bourses de Hong Kong et Shanghai qui doit permettre aux investisseurs étrangers d’acheter des titres cotés en Chine continentale et apparaît donc de nature à augmenter l’afflux de capitaux sur la place de Shanghai. Même si les flux en question s’avèrent actuellement décevants, Shanghai reste encore attractif aux yeux des investisseurs. Beaucoup constatent notamment que la valorisation des sociétés, relativement à leurs bénéfices, reste faible, et font le pari que les réformes en cours des sociétés d’Etat pourraient doper leur rentabilité. Un point de vue que rejettent toutefois tous ceux qui s’inquiètent avant tout du niveau d’endettement des sociétés, qui a très fortement augmenté ces dernières années.
A Taiwan, des élections suivies de près par la Chine
Des élections locales vont se dérouler un peu partout sur le territoire de Taiwan, ce samedi. Il s’agit du premier scrutin organisé sur l’île depuis les manifestations massives qui ont secoué sa capitale, Taipeh, au printemps dernier. L’élection devrait donc permettre de mesurer l’évolution de l’opinion publique, et en particulier de s’intéresser à la popularité du KMT, le parti au pouvoir. Celui-ci a orchestré un rapprochement avec la Chine qui a permis d’apaiser les tensions avec le voisin géant, et de renforcer les relations économiques avec celui-ci. Mais précisément : le projet d’un nouveau pacte commercial avec la Chine a suscité la colère d’une partie de la population, en particulier parmi les étudiants, qui jugent que Taipeh va finir par perdre toute forme d’indépendance, à force d’arrimer sa dynamique à celle de la Chine. L’élection du maire de Taipeh, en particulier, pourrait être un signal important si le principal parti d’opposition, le DPP, l’emportait.
Pékin pourrait rapidement enclencher une réforme financière essentielle
En apparence, l’information n’intéresse que les spécialistes. D’après des sources anonymes citées par l’agence Reuters, la banque centrale chinoise avance rapidement dans la définition d’un système d’assurance des dépôts bancaires. Celui-ci pourrait donc être lancé rapidement, peut-être dès janvier. Ce projet est évoqué depuis de nombreuses années, mais il tarde à se concrétiser. Il est pourtant considéré par les économistes comme crucial pour la Chine. En effet, le déséquilibre du modèle économique chinois - reposant excessivement sur l’investissement et pas assez sur la consommation - découle en bonne partie de la responsabilité des banques. Celles-ci, lourdement endettées au début des années 2000, ont bénéficié depuis plus de dix ans d’un système trop favorable, dans lequel les taux de dépôts étaient plafonnés, et les taux de crédit limités par un plancher. Grâce à la différence entre ces deux taux, elles étaient assurées d’engranger de confortables bénéfices. Evoluant dans un univers artificiellement dépourvu de risques, elles prêtaient prioritairement aux entreprises d’Etat, considérées comme sûres, tandis que les ménages, eux, voyaient leur épargne être très mal rémunérée, souvent à des niveaux inférieurs à l’inflation. Un contexte qui poussait ces derniers à thésauriser toujours plus, du fait de la quasi absence de protection sociale.
Désormais, les choses bougent. Pékin a déjà supprimé le taux plancher pour les crédits bancaires, afin de tenter de stimuler la concurrence entre les banques. Désormais, c’est bien la libéralisation progressive des taux de dépôts qui se profile. En effet, l’assurance des dépôts est considérée comme un préalable indispensable à l’instauration d’une concurrence entre les banques sur la rémunération de l’épargne. Cette compétition représente un risque pour les banques les plus fragiles et pourrait entraîner des faillites. Il est donc indispensable, avant de pousser les institutions financières à se concurrencer pour séduire les dépôts des ménages, de créer un mécanisme de nature à protéger ces dépôts bancaires en cas de faillite bancaire.