Le califat islamique fête allègrement sa première année d’existence
Faut les comprendre. Ils étaient tout excités, alors ils ont pris un peu d’avance. Pensez-vous, un an d’existence ! La surprise-partie était pour le 29, mais le 26, ça le faisait pas mal aussi, un vendredi, pour se rappeler au bon souvenir des frères et sœurs qui vont à la mosquée, et le premier vendredi du mois sacré de ramadan. Allah est si grand ! Et si miséricordieux !
Et puis, c’est un peu léger, limite amateur, on attendait mieux ! Une usine de produits chimiques qui n’explose pas, et un seul petit mort, une mise en scène à demi ratée, dans cette France, avec son million de partisans, qui est leur tête de pont en Europe. En Tunisie, ils décanillent à la mitraillette : pas très spectaculaire non plus. Au Koweït, certes un bel attentat, à la bombe, contre les chiens de chiites, mais enfin, ce sont aussi des frères. M’est avis que tout cela n’est qu’une mise en bouche, même pas le hors-d’œuvre…
Face à l’horreur, comme d’habitude, on ne sait ce qui l’emporte de l’impuissance ou de la veulerie des dirigeants, d’une population qui hésite entre peur et indignation, ou du cynisme criminel de ceux qui crient au pas d’amalgame et à la vigilance contre l’islamophobie.
L’État islamique a vu le jour le 29 juin 2014 avec la prise de Mossoul, ses réserves pétrolières et son or. Que de chemin parcouru en une seule année : la jonction entre combattants d’Irak et de Syrie, les territoires purifiés des mécréants, Damas et Bagdad à portée de main, Assad bientôt chassé, la moitié de la Libye conquise, le Sinaï et la Jordanie déstabilisés, l’allégeance des groupes au Sahel et au Maghreb, la 5e colonne à l’œuvre de l’Australie au Canada, de la Belgique au Danemark et à la France, et puis ces vagues de migrants qui entrent en Europe comme dans du beurre pour continuer à infiltrer l’ennemi.
On voudra bien me pardonner, non de jouer les Cassandre, dont je ne tiens à partager le sort funeste, mais de revenir sur mes textes passés, en dépit de l’inconvenance à devoir se citer soi-même. L’enjeu est suffisamment grave pour ne pas se soucier de pêcher par inélégance.
Depuis un an, je ne cesse de répéter là , là, là ou encore là, que l’Occident en général, et la France en particulier, ne parviennent à prendre la mesure de l’énorme défi que représente l’État islamique, qui est à notre siècle ce que l’URSS fut au précédent.
J’ai comparé notre situation à celle de 1914 pour l’hébétude, à 1917 pour la lassitude, à 1936 pour l’impuissance, à 1938 pour la lâcheté, quand l’absurde le dispute à l’aveuglement et à la veulerie, quand les peuples occidentaux et leurs dirigeants, abêtis de confort petit-bourgeois et de petitesse d’esprit, se bercent d’illusions et en oublient les immenses défis de la guerre.
La stratégie de l’État islamique se résume en cinq points (CEESS): la Congruence entre les zones déjà conquises ; l’Extension aux territoires limitrophes ; l’Exemplarité de la charia en pays dar al-islam ; la Sédition au moyen des cinquièmes colonnes dans le dar al-harb chrétien ; la Sidération de l’ennemi par la barbarie des moyens utilisés.
L’État islamique fête sa première année d’existence. Des fêtes comme celles-là, nous en verrons tout plein, faute d’avoir tué dans l’œuf cette monstruosité. Palmyre sera probablement au menu de la prochaine réjouissance, comme je l’ai annoncé, déjà, la rage au ventre et l’impuissance dans le cœur.