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Résolution sur le «génocide» de Srebrenica : la Russie met son veto
La Russie a opposé mercredi son veto au projet de résolution des Nations unies qui entendait qualifier de «génocide» le massacre de Srebrenica commis il y a tout juste vingt ans par les forces serbes de Bosnie.
Alors que dans quatre jours les 20 ans du massacre de Srebrenica seront commémorés, la Russie a opposé mercredi son veto au projet de résolution des Nations unies qui entendait qualifier de «génocide», cette tuerie, la pire commise sur le sol européen depuis la Seconde guerre mondiale.
Quelque 8 000 musulmans avaient été massacrés par les forces serbes de Bosnie commandées alors par le général Ratko Mladic. Une décision que déplorent les proches des victimes.
L'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, a expliqué que le texte était «agressif, motivé politiquement et pas constructif», ajoutant qu'il mettait injustement l'accent sur les méfaits commis par les Serbes de Bosnie. «Le projet en face duquel nous nous trouvons ne va pas favoriser la paix dans les Balkans mais plutôt y raviver les tensions», a-t-il déclaré lors de la réunion du Conseil de sécurité, qui a débuté par une minute de silence en mémoire des victimes. Quatre autres pays du Conseil de sécurité des Nations unies, l'Angola, la Chine, le Nigeria et le Venezuela, se sont abstenus
.«C'est un grand jour pour la Serbie car (la Russie) a empêché qu'elle soit stigmatisée de même que tout son peuple dans une tentative de les qualifier de génocidaires», a déclaré le président serbe nationaliste Tomislav Nikolic. «La Russie a montré qu'elle était un véritable et sincère ami, un ami qui sait tenir compte des vraies valeurs et répond au bien par le bien», a ajouté le président serbe. Le président de la Republika Srpska (RS), l'entité serbe de Bosnie, Milorad Dodik, a lui aussi remercié la Russie qui «comprenant la situation dans la région, a empêché que soit adoptée une résolution qui aurait compliqué la situation et approfondi les divisions au sein de la Bosnie».
«La Russie laisse la porte ouverte à une nouvelle guerre»
A l'inverse, le chef du gouvernement serbe, Aleksandre Vucic a, quant à lui, annoncé qu'il se rendrait le 11 juillet aux commémorations. «Il est temps de montrer que nous sommes prêts à la réconciliation», a-t-il affirmé. Outre ses fonctions dans l'exécutif serbe, il est président du Parti progressiste serbe.
«Nous ne sommes pas surpris par cette décision (...) la Russie a, de fait, soutenu des criminels, ceux qui ont tué nos enfants. Une telle décision rend le rétablissement de la confiance et la réconciliation impossibles», a déclaré Munira Subasic, présidente d'une association de parents des victimes du massacre à Srebrenica. «La résolution était surtout importante pour nos enfants plus que pour nous. En prenant sa décision, la Russie a laissé la porte ouverte à une nouvelle guerre», a-t-elle ajouté.
Le projet de résolution, proposé par le Royaume-Uni, «condamne le plus fermement possible le génocide commis à Srebrenica». Il affirme que la reconnaissance de ce dernier est «une condition préalable à la réconciliation» en Bosnie et condamne toute négation du génocide.
L'ambassadrice américaine aux Nations unies, Samantha Power, a fustigé le veto russe, autant que les quatre abstentions. «Si les mères des enfants exécutés à Srebrenica, exécutés juste parce qu'ils étaient des bosniaques musulmans, étaient ici aujourd'hui, elles demanderaient comment quiconque peut s'abstenir face à leur réalité», a déclaré celle qui a couvert, à l'époque, le conflit en tant que journaliste. A Washington, la Chambre des représentants a adopté mercredi une résolution symbolique reconnaissant le massacre de Srebrenica comme un génocide. L'ancien président américain Bill Clinton se rendra à Srebrenica pour assister aux cérémonies.
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