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La Chine réfléchit à une "taxe Tobin" sur les opérations de changes
La banque centrale chinoise (PBOC) prépare un projet de "taxe Tobin" imposée sur les opérations de changes, a rapporté mardi Bloomberg News, ce qui serait une mesure supplémentaire de Pékin pour endiguer les fuites de capitaux hors du pays et la dépréciation du yuan.
Les règles concernant cette nouvelle taxe restent à préciser, et le niveau de taxation pourrait être initialement fixé à zéro pour une phase d'expérimentation, indique Bloomberg, citant des personnes proches du dossier.
La mesure serait conçue de façon à ne pas perturber les transactions en devises étrangères menées par les entreprises dans le cadre de leurs activités, poursuit l'agence de presse.
Théorisée dans les années 1970 par le prix Nobel d'économie James Tobin, ce type de taxation à taux minime sur les transactions monétaires internationales est destiné à prévenir les mouvements spéculatifs sur les marchés de devises et à éviter la volatilité excessive des taux de change.
Pour Pékin, ce serait la mesure la plus drastique adoptée jusqu'alors pour soutenir sa monnaie, plombée ces derniers mois par une vive pression à la baisse face au dollar, sous le poids de massives fuites de capitaux hors de Chine.
Une telle taxation pourrait cependant intensifier à court terme la volatilité du marché, préviennent des analystes.
Surtout, la mesure remettrait en question les ambitions de Pékin à faire du yuan une "monnaie internationale", quelques mois après son intégration au panier des devises de référence du Fonds monétaire international (FMI).
"Adieu au renminbi (autre nom du yuan) comme monnaie de réserve... Ce qui était de tout façon bien improbable", a raillé sur Twitter George Magnus, économiste du China Centre de l'Université d'Oxford.
Les "taxes Tobin" font l'objet d'âpres débats parmi les économistes depuis plusieurs décennies.
La Suède avait adopté dans les années 1980 une taxe sur les transactions financières, mais les recettes se sont avérées décevantes, et la mesure fut finalement abandonnée après un effondrement des volumes d'échanges sur le marché obligataire.
L'idée d'une taxe Tobin en Chine n'est pas totalement nouvelle: elle avait été évoquée l'an dernier par un gouverneur adjoint de la banque centrale.
Une telle taxe "contribuerait à contenir les flux de capitaux de fonds spéculatifs de court terme entrant et sortant du pays", avait-il fait valoir dans le magazine China Finance.
La PBOC "est prête à s'attaquer à la communauté des cambistes spéculatifs" mais une taxe Tobin "ne serait pas accueillie avec bienveillance par le FMI", commentait Chris Weston, stratégiste du courtier IG.
La Chine puise dans ses colossales réserves de changes, qui ont fondu de plus de 300 milliards de dollars en l'espace de quatre mois, pour des achats massifs de dollars afin de tempérer la dépréciation de sa monnaie.
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