Cinq grandes fédérations bancaires écrivent au Comité de Bâle.En cause : la nouvelle approche du risque de taux.

Mieux vaut prévenir que guérir. Les représentants des banques françaises, allemandes, belges et japonaises ont visiblement suivi ce vieil adage vendredi dernier. Dans un courrier, que « Les Echos » se sont procuré, adressé au Comité de Bâle – le lieu de concertation et de réflexion où se dessinent les grandes réglementations du secteur – les banques montent au créneau pour défendre le crédit immobilier à taux fixe. La raison de cette inquiétude ? Le Comité envisage de remettre en partie à plat la manière dont les banques traitent le « risque de taux », c’est-à-dire l’impact que peut avoir sur le bilan d’une banque une hausse ou une baisse importante des taux d’intérêt. Cette nouvelle approche pourrait « mettre en danger la capacité des banques à octroyer des crédits immobiliers à taux fixe, alors que cette pratique a été une source de résilience pour les banques au cours de la dernière crise », soulignent les auteurs de la lettre.
Remise à plat
Le travail de réflexion est encore préliminaire, les banques craignent que cette réforme ne conduise à un traitement beaucoup plus sévère du crédit immobilier.
La situation actuelle est, en effet, relativement souple : les crédits immobiliers sont logés dans le « banking book », une partie du bilan contenant des actifs destinés à être conservés par la banque, par opposition au « trading book », dans lequel les actifs peuvent être cédés sur le marché à tout moment. Or ce « banking book » relève actuellement d’une surveillance individualisée, banque par banque. Demain, ce pourrait être au contraire une règle commune qui s’appliquerait à toutes les banques : comme pour leurs contraintes de solvabilité, il y aurait une méthode à suivre et des réserves à mettre de côté selon son niveau de risque.
Surtout, ces nouvelles méthodes pourraient aboutir à des risques de taux revus à la hausse. L’écosystème du crédit pourrait s’en trouver chamboulé : les prêteurs pourraient avoir à placer plus de réserves face aux crédits octroyés, ou à se couvrir davantage. Cela pourrait aussi les inciter à titriser davantage, afin de sortir ces créances de leur bilan. Dernière possibilité : relancer le crédit immobilier à taux variable. Dans ce cas, le risque d’une variation de taux est porté par l’emprunteur. Une voie hasardeuse vu le niveau particulièrement attrayant des taux fixes actuellement.