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Primaires US : peut-on encore arrêter Trump ?
Géraldine Woessner |
International
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Alors que le milliardaire dispose d'une avance écrasante, ses rivaux tentent une ultime manoeuvre.
C'est une Blitzkrieg - une guerre-éclair. Dans exactement quarante jours, le 7 juin, se tiendront les dernières primaires dans la course à l'investiture présidentielle américaine. Donald Trump, porté par de nouvelles victoires écrasantes mardi, dans cinq États du nord-est, n'est plus qu'à un cheveu de la réussite : le milliardaire a recueilli plus de 10 millions de voix depuis le lancement de la campagne (3,2 millions de plus que son principal concurrent, Ted Cruz), et remporté le soutien de 987 délégués.
.. Pour être propulsé candidat officiel du parti républicain, il lui en manque 250. « Pour moi l'affaire est faite, a-t-il asséné cette semaine, je suis le candidat naturel. » C'est sans doute vrai sur le plan moral, mais pratiquement, au contraire, rien n'est encore joué.
Car s'il échoue à atteindre, en quarante jours, le nombre magique de 1237 délégués, le magnat de l'immobilier devra affronter une convention contestée en juillet, au cours de laquelle les cartes seront rebattues : les délégués, déliés de leur promesse, seront libres de voter pour le candidat de leur choix. En embuscade, les rivaux du milliardaire (Ted Cruz, sénateur du Texas, et John Kasich, gouverneur de l'Ohio), ont perdu tout espoir de gagner grâce aux votes, mais ils rêvent d'enliser la campagne dans une guerre de tranchées... Une guerre que Cruz, mieux armé, aurait un espoir de remporter. Cette semaine, ils ont annoncé un accord : Kasich laissera le champ libre à Cruz dans la prochaine primaire, le second lui rendant la pareille dans deux scrutins à venir, où le gouverneur de l'Ohio apparaît mieux placé. « Manoeuvres, déni de démocratie ! », s'étrangle le milliardaire, qui prédit l'échec de cette stratégie.
Il n'empêche... Sa campagne, cette semaine, est entrée en mode panzer. Première bataille décisive : l'Indiana, mardi prochain. Dans cet État du centre, 57 délégués sont à saisir, et Ted Cruz a miné le terrain pour l'empêcher de faire le plein, dépensant des millions de dollars en publicités négatives, et déversant sur les villages des bataillons de militants. Trump, en tête dans les sondages, a ouvert son porte-monnaie et recruté une quarantaine de fidèles, dans l'espoir d'écraser l'adversaire. S'il y parvient, ce sera le signe que l'alliance anti-Trump est vouée à l'échec : le candidat aura de fortes chances de remporter sa guerre-éclair. Mais dans le cas contraire, ces quarante derniers jours promettent un insoutenable suspense... et des batailles épiques. En Californie, la majorité des 172 délégués seront attribués selon les résultats... dans chacun des 53 districts de l'État ! Trump, qui avait négligé jusqu'à présent la dimension locale des primaires, a rectifié le tir, embauché des conseillers, et un spécialiste renommé pour faire la chasse aux délégués. « Les électeurs ne se laisseront pas faire, veut croire un artisan de sa campagne. Ils n'accepteront pas qu'on leur vole leurs voix, et en novembre, ils risquent simplement de ne pas aller voter. »
Ted Cruz est prêt à courir le risque : il a dévoilé hier le nom de sa colistière, l'ancienne présidente de Hewlett-Packard Carly Fiorina, avec une avance rarissime dans l'histoire des primaires... Un mouvement perçu, par l'ensemble des commentateurs, comme « désespéré. »
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