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Valls donne son feu vert à Airbus et Safran pour contrôler Arianespace
Le Premier ministre valide mercredi, une étape importante pour Ariane 6.
Etape importante, ce mercredi, pour Ariane 6. Le projet de nouvelle génération du lanceur - crucial pour que l'Europe conserve son autonomie d'accès à l'espace autant que son leadership sur le marché des lancements de satellites de télécoms - est l'objet d'une réunion à Matignon à l'issue de laquelle Manuel Valls va, sauf énorme surprise, autoriser la cession des 34 % d'Arianespace détenus par le CNES au tandem Airbus-Safran. « Tous les clignotants sont au vert », confirmait-on mardi soir de sources proches du dossier. L'Etat devrait retirer entre 100 et 200 millions d'euros de la transaction, toujours selon nos informations.
Fixer un prix a demandé quelques efforts d'imagination à l'Agence des participations de l'Etat et aux deux industriels, tant Arianespace est une société un peu particulière. Chargée de commercialiser les tirs des trois lanceurs qu'elle exploite à Kourou - Ariane 5, Vega, et Soyouz - auprès des opérateurs de télécoms ou des agences spatiales, elle jouit d'une position de leader, en dehors du marché public américain fermé à toute concurrence étrangère. Son carnet de commandes est bien rempli, mais ses comptes ne sont équilibrés que grâce à des subventions des pays européens.
En clair, Ariane 5 est trop chère et aura de plus en plus de mal à tenir la route face à la concurrence, de l'américain SpaceX principalement. La société du milliardaire Elon Musk a d'ailleurs décidé de casser les prix encore un peu plus : elle proposerait actuellement aux opérateurs de mettre en orbite leurs petits satellites pour moins de 60 millions de dollars, là où Arianespace en facture environ 70. Pour les gros satellites, l'écart serait encore plus important : 85 millions contre 110 millions.
Tout l'enjeu d'Ariane 6 est là : concevoir un nouveau lanceur beaucoup plus compétitif. C'est ce qu'ont décidé les Etats qui financent la fusée, lors du dernier conseil ministériel de l'Agence spatiale européenne, en décembre dernier à Luxembourg, avec un objectif très serré : premier tir en 2020. Il n'y a pas de temps à perdre et c'est là que le transfert des parts du CNES joue tout son rôle.
Une étape importante
Airbus et Safran, qui à eux deux représentent 70 % de la valeur d'Ariane, sont prêts à s'engager sur des coûts et des délais, mais à condition que la gouvernance de la filière soit simplifiée. En clair, qu'on les laisse travailler comme ils veulent. Avec la bénédiction de l'Elysée, les deux industriels ont donné un coup de pied dans la fourmilière, il y a un an, en annonçant le rapprochement de leurs activités de lanceurs spatiaux dans une coentreprise. Baptisée « Airbus Safran Launchers » (ASL), elle sera totalement constituée en octobre. Restait une étape importante : prendre le contrôle d'Arianespace pour assurer une meilleure continuité entre conception, production et commercialisation d'Ariane, en supprimant une série de niveaux de contrôle dévoreurs de temps, et donc d'argent. Avec les parts du CNES, qui s'ajoutent à celles qu'Airbus et Safran détenaient en propre, ASL détiendra 75 % d'Arianespace.
Pour emporter le morceau auprès du gouvernement, Airbus et Safran se seraient notamment engagés à ne pas toucher aux emplois. Ce qui n'empêchera pas Arianespace de continuer à réduire ses coûts, sans attendre Ariane 6.
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