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Brésil : l'écrivain italien Battisti libéré dans l'attente d'une décision sur son expulsion
Nicolas Bourcier |
Mondialisme
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L'essentiel
1/ Cesare Battisti a été condamné en 1981 en Italie à douze ans de prison pour sa participation au meurtre d'un bijoutier à Milan.
2/ Après son évasion, l'ancien activiste d'extrême gauche commence une longue cavale, notamment en France, où le président Mitterrand s'était engagé à ne pas extrader les anciens activistes d'extrême gauche qui ont rompu avec leur passé. Il est au Brésil depuis 2004.
3/ Cesare Battisti est désormais sous le coup d'une procédure d'expulsion par la justice brésilienne.
L'écrivain italien et ancien militant d'extrême gauche Cesare Battisti, condamné à la prison à perpétuité par la justice de son pays pour des meurtres commis dans les années 1970, sera-t-il expulsé du Brésil ? Après avoir été arrêté par la police fédérale à Embu das Artes, il a été libéré, vendredi 13 mars au matin, dans l'attente d'une décision de justice sur son sort.
Dans un communiqué, les autorités avaient pourtant indiqué que ce dernier « restera dans les locaux du commissariat régional de la police de Sao Paulo jusqu'à ce que son expulsion soit effective ». Cette interpellation est survenue le jour même où M. Battisti a annoncé un meeting public de soutien en sa faveur, prévu pour le 25 mars à la faculté de droit de Sao Francisco à Sao Paulo.
Expulsé en France ou au Mexique ?
L’ancien militant ne répondait pas sur son téléphone portable, mais son avocat, Igor Sant'Anna Tamasauskas, avait affirmé aux médias brésiliens présents sur les lieux : « Battisti est resté calme lors de son incarcération, mais il est révolté par la décision. »
Le 3 mars, la juge fédérale Adverci Mendes de Abreu avait ordonné l'expulsion M. Battisti. Selon l’argumentaire de la magistrate, l’ancien militant, qui a toujours nié les faits qui lui étaient reprochés, est « un étranger en situation irrégulière au Brésil et qui, en tant que criminel condamné dans son pays pour meurtre, n'a pas le droit de rester » dans le pays. Joint à l’époque par téléphone, Cesare Battisti avait confirmé au Monde qu’il ferait appel de « cette énième tentative de déstabilisation orchestrée contre lui ».
La juge fédérale a estimé que Battisti devait être expulsé au Mexique ou en France, pays où il est allé après avoir fui l'Italie et avant de se réfugier au Brésil en 2004. Selon elle, cette décision n'était pas contradictoire avec celle de la Cour suprême ni celle de l'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva de ne pas expulser Battisti, étant donné « qu'il n'est pas nécessaire de livrer l'étranger à son pays de nationalité ».
Une si longue cavale
Incarcéré quatre ans à Brasilia, Battisti avait été libéré le 9 juin 2011, quelques heures après que la Cour suprême du Brésil eut rejeté la demande d'extradition de l'Italie, provoquant la colère de Rome. Les juges avaient alors estimé que l'Italie ne pouvait contester la décision « souveraine » de l'ex-président Luiz Inacio Lula da Silva qui, au dernier jour de son mandat le 31 décembre 2010, avait refusé de l'extrader vers l'Italie.
L’autre élément à charge avancé par la juge fédérale cible le visa de résidence permanente accordé à Cesare Battisti le 22 juin 2011 par le Conseil national de l'immigration. Un statut, selon elle, incompatible avec la loi brésilienne dans le cas précis d’un criminel étranger. Début mars, Cesare Battisti avait affirmé qu'il ne disposait pas d’un statut de réfugié politique.
L'ancien membre du groupuscule des Prolétaires armés pour le communisme (PAC) est en cavale depuis 1981, lorsqu'il s'est échappé de la prison de Frosinone, près de Rome, où il purgeait une peine de douze ans pour sa participation au meurtre d'un bijoutier. Il se réfugie alors au Mexique et en France, où le président Mitterrand s'engage à ne pas extrader les anciens militants d'extrême gauche qui ont rompu avec leur passé. En 1993, il est condamné par contumace en Italie à la réclusion à perpétuité pour quatre homicides aggravés imputés aux PAC en 1978 et 1979, dont il s'est toujours proclamé innocent. Deux homicides lui sont directement attribués, celui du surveillant de prison Antonio Santoro et celui du policier Andrea Campagna. Il est jugé complice dans les deux autres cas. Depuis, il clame son innocence et dénonce l'acharnement des autorités italiennes, qu'il accuse de vouloir « faire expier les rêves » des années 1970 aux militants de l'ultragauche.
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