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Libye: rien ne va plus entre Tripoli et les Etats-Unis
L’arrestation sur le sol libyen par les Etats-Unis d’un des responsables de l’attaque contre le consulat de Benghazi, le 11 septembre 2012 a provoqué l’ire des autorités du pays. Elles accusent Washington d’ingérence.
De l’ingérence, ni plus ni moins. Voilà comment les autorités libyennes qualifient l’arrestation d’Ahmed Abou Khattala, un des principaux suspects de l’attaque du consulat de Benghazi il y a presque deux ans. Le ministre libyen de la Justice Saleh al Marghani a demandé à ce que qu’il soit rapatrié et jugé en Libye. « Nous n’avions pas été prévenus », a-t-il jugé durant une conférence de presse. « Nous attendons du monde qu’il nous aide en matière de sécurité. Nous attendions des Etats-Unis qu’ils nous aident mais nous ne nous attendions pas à ce qu’ils sèment la pagaille sur la scène politique. » Il faut dire que Washington n’a pas lésiné sur les moyens pour capturer celui qui est selon toute vraisemblance derrière la mort de l’ambassadeur Christopher Stevens.
Le suspect a été arrêté il y a quatre jours lors d’un raid des forces américaines et des agents du FBI. Selon les premières informations, il aurait ensuite été exfiltré en dehors du pays, et d’après les Etats-Unis il se trouverait actuellement dans un lieu qualifié de sûr. Il est très probable que les services secrets soient en train de l’interroger longuement afin de savoir comment s’est déroulée l’attaque de Benghazi et comment elle a été préparée. Le rôle d’éventuels suspects devrait également être à l’ordre du jour de l’interrogatoire. Néanmoins il est hors de question pour Washington de rendre le suspect aux autorités libyennes et un procès devrait se tenir sur le sol américain. Il n’est absolument pas prévu de procédure d’extradition.
Un raid comme un message
Ce raid américain est une sorte de message selon Barack Obama, président des Etats-Unis. Il a été très clair « Avec cette opération, les Etats-Unis ont une nouvelle fois démontré qu’ils feraient tout leur possible pour que justice soit rendue lorsque l’on s’en prend à des Américains». De toutes évidences les règles fondamentales du droit international conditionnant très drastiquement le droit d’ingérence ne sont plus à l’ordre du jour pour les Etats-Unis lorsqu’il s’agit de rendre justice après qu’un de ses citoyens a été victime d’un assassinat ou d’une agression.
L’arrestation très facilement réalisée, bien que Washington prétende le contraire, met également en lumière la situation sécuritaire désastreuse qui prévaut partout sur le territoire libyen. Elle est telle qu’une intervention américaine de ce type a été possible alors que dans beaucoup d’autres pays, jamais Washington ne se serait aventuré à lancer un tel raid. Mais les Etats-Unis savent très bien que la Libye n’a aucune marge de manœuvre en terme politique, ni aucune possibilité de mettre en place des mesures de rétorsion pour signifier son mécontentement.
Alors que la Libye est plus que jamais divisée et s’enfonce chaque jour un peu plus dans le chaos, les Etats-Unis ont clairement démontré que désormais ils n’hésiteraient plus à intervenir directement si leurs intérêts étaient menacés. Un avertissement pour Tripoli mais également pour les autres pays où les américains sont pris pour cible.
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