Bien souvent ce sont les faits divers qui révèlent soudain certaines modifications en profondeur de la société dans laquelle nous vivons. De ce point de vue, deux d’entre eux méritent d’être relatés en quelques lignes.

Nous sommes le 22 octobre 2010, à La Verrière, une petite commune des Yvelines. En pleine nuit, une famille de onze personnes paniquée saute par la fenêtre de l’appartement qu’elle occupe au troisième étage d’un petit collectif. Le bilan est lourd : tous sont polytraumatisés et deux enfants décèdent. Quel est la cause de ce comportement familial déconcertant ? Rien de moins qu’une tentative d’échapper au … Diable, qui aurait tenté de s’introduire dans leur appartement !

Deux mois plus tard, précisément la nuit de Noël, un adolescent français d’origine africaine âgé de 15 ans, Kristy Bamu, décède à Londres alors qu’il rend visite à sa sœur qui y réside, noyé dans une baignoire par celle-ci et son compagnon après avoir été sauvagement torturé. Aux enquêteurs qui les pressent de question, les meurtriers donnent cette explication déconcertante : ayant constaté que le jeune homme urinait au lit, ils en ont déduit qu’il était possédé et pour le « délivrer de l’esprit malsain qui l’habitait », ils l’ont exorcisés en lui infligeant des coups de barre de fer, de marteau et de couteau, jusqu’à ce que mort s’ensuive.

Le quotidien en ligne Slate qui rend compte du procès des tortionnaires, en mars 2012, précise que de tels faits ne sont pas rares en Grande-Bretagne et qu’un agent de Scotland Yard, la police britannique, a déclaré à la barre que son service avait enquêté, entre 2001 et 2011, sur quatre-vingts cas de violences sur des enfants accusés de possession (1).

Doit on expliquer ceci par l’importation en Europe par les immigrés africains de croyances archaïques telles que le vaudou, la sorcellerie ou la magie ? Nullement ! En effet tous les protagonistes des deux faits divers précédemment relatés sont … de bon chrétiens, du moins de leur point de vue, et ils appartiennent tous à une de ces Églises africaines que l’immigration fait éclore sur notre sol à un rythme encore plus rapide que les mosquées…

Des Églises semblables à celle de l’« Armée combattant pour Christ nouvelle Jérusalem » (sic) de Stains dont le plancher s’est effondré d’un coup, le 8 avril dernier, causant la mort de plusieurs de ses fidèles.

En soit, le phénomène des Églises africaines n’est pas nouveau, il est du aux missions de groupes protestants dissidents en Afrique (Baptistes, Adventistes, Témoins de Jéhovah, etc.) au début du vingtième siècle. Leur faible encadrement ecclésial, l’accent mis par eux sur le messianisme et l’interprétation des Évangiles fut alors la cause de la naissance de diverses sectes dont la plus célèbre fut, au Congo Belge, l’Église kimbanguiste. Mais celles-ci furent d’une influence limitées et tendirent pour les plus importantes à se normaliser progressivement pour finir par rejoindre le Conseil œcuménique des Églises.

Depuis une grosse quinzaine d’années tout a changé et la mondialisation à revivifié cette diaspora religieuse, tandis que l’immigration répandaient ses disciples dans tous les pays européens. Tant et si bien que, rien qu’en France, en 2012, par moins de quarante-huit Églises différentes, aux noms aussi chatoyants (et parfois aussi énigmatiques…) que Église évangélique Galates, Église Ebenzer, Mission internationale de la parole, etc., sont fédérées au sein de la Communauté des Églises d’expression africaine de France. Et encore, il ne s’agit là que des plus sérieuses, celles qui sont reconnues par la Fédération protestante de France. Ce n’est donc que la partie émergée de l’iceberg et selon la CEAF elle même, il existe au minimum deux cents autres Églises africaine indépendantes en France.

L’appartenance à la Fédération protestante de France ou la proximité de celle-ci, ne doit cependant pas faire illusion. Il n’y a rien d’européen, rien de luthérien ou de calviniste dans ces sectes qui toutes se revendiquent d’un « christianisme qui est celui issu de la fécondation culturelle nègre au milieu de la grande banlieue occidentale. »(1). Il n’y a paradoxalement plus grand chose d’Africain non plus chez elles, sauf l’origine ethnique de leurs membres. Par contre, on est là dans l’occidentalisation absolue de la croyance et de la pratique religieuse. L’exemple que tentent d’imiter tous les pasteurs de ces écclesioles est celui des télé-évangélistes des États-Unis. Leurs rites relèvent du show et non pas de la messe. La foi qu’ils transmettent, inspirée de celle des pentecôtistes et des baptistes, est d’une indigence extrême et n’a aucune mesure avec la richesse et la complexité de la théologie catholique ou des cosmogonies traditionnelles africaines. Pire, sans hiérarchie et sans structures, ces Églises sont la porte ouverte à toutes les escroqueries possibles et imaginables… ainsi qu’à toutes les manœuvres politiques possibles parmi la diaspora africaine en France (2).

Si on s’est ému, à juste titre, de la prolifération des mosquées et des Imams en France, et si l’islamisation de notre pays est devenu, grâce au Front National, un point central du débat politique français, un silence total règne sur la prolifération des sectes néo-protestantes africaines, à peine troublé par des manifestations de surprises quand se produisent des faits divers comme ceux évoqués dans la première partie de cet article.

La Miviludes, mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, si prompte à dénoncer les catholiques de tradition est particulièrement muette sur ce sujet (comme elle l’est d’ailleurs aussi sur les dérives sectaires de l’islam). Doit-on y voir une forme de racisme à rebours ? Sans doute…