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Sabiha Ahmine, dommage collatéral
Sabiha Ahmine n’a jamais proposé de moratoire sur les lapidations. Sabiha Ahmine n’a pas aligné dans une liste-brûlot les sionistes à la cantonade. Sabiha Ahmine préside même le « Centre d’histoire de la résistance et de la déportation », elle connaît donc bien le principe funeste des listes.
Militante communiste dans une Algérie qui n’a levé l’interdit sur le parti qu’en 1988, elle a affronté le candidat du FIS lors élections de 1990 à Tizi-Ouzou. Une belle surface démocratique, sans ride ni onde, qui lui promettait une belle courbe ascendante dans le paysage politique français. Ses idées ne sont certes pas les miennes, pas les vôtres, cette fille de résistant et d’ancien combattant n’est pas des « nôtres ». Précisions et précaution nécessaires avant de brosser sa petite histoire : l’affaire « Sabiha Ahmine ». Ici même, vous ne trouverez pas un communiqué biaisé ou une tribune malveillante, juste un rappel, quelques faits essentiels :
Commençons par le contexte politique, politicien même : une grande ville française comme Lyon n’est pas l’Italie de Garibaldi, c’est une seigneurie de la renaissance aurait dit Malaparte ; une histoire de « famille » dans le sens le plus « sicilien » de l’expression. Adjointe au maire estampillée PC, madame Ahmine fait partie du trust du tout puissant sénateur-maire : le social-démocrate Gérard Collomb. Une place au soleil me direz-vous, mais une place toujours dans la ligne de mire des porte-flingues de l’UMP. Un misérable raccourci leur donne l’occasion de fourbir mauvaise foi et indignation à géométrie variable.
Le 23 septembre 2006, l’accusée participe à un défilé en soutien au Liban mutilé et à la Palestine occupée. Si la manif’ ne sépare pas les deux drames, elle se divise en deux cortèges : les formations de gauche et d’au-delà prennent la tête, ceux qu’on appelle « les associatifs » suivent. Ces derniers rassemblent des étudiants palestiniens, des musulmans francophones, des juifs anti-sionistes… Quelques pancartes associent dangereusement croix nazie et écu de David, assimilation proscrite. La flicaille corrige vite la fausse note : les amateurs de parallèles criminels sont priés d’abandonner leurs œuvres aux vigiles du Système et de regagner fissa leurs pénates. Les policiers auxiliaires du palestinement correct laissent par contre flotter un drapeau jaune vif du Hizb-Allah, seul, isolé au milieu de quelques portraits de son secrétaire général, découpés dans des magazines. C’est à ce moment que Sabiha Ahmine quitte l’air vicié des petites certitudes du premier cortège pour se joindre à la myriade d’opinions des associatifs. L’occasion d’un cliché, point de départ de l’affaire : l’adjointe en rose est au premier plan à gauche, les amis du parti de Dieu sont à l’arrière sur le bord droit. La masse des participants les sépare ? Peu importe… Elle ne peut pas voir de sa position le drapeau de tous les dangers ? Détail négligeable… L’équipe Perben n’en demande pas plus. Quelques effets de manches vont transformer le hasard en faux pas.
Trois députés de la majorité se fendent d’une lettre en forme d’acte d’accusation (en matière de dénonciation la France est habitée par le génie littéraire). Bravant les taches d’encre et le bord tranchant des feuilles, Christian Philip, Jean-Michel Dubernard et Emmanuel Hamelin dénoncent la collusion d’une élue de la République avec les «drapeaux d’un mouvement radical islamiste (auteur par le passé d’attentats contre les soldats français)». La formule est un trésor d’amalgames. Le but est de confondre un parti installé comme le Hizb-Allah, disposant de députés et de ministres, membre d’une coalition parlementaire au côté très chrétien général Aoun, cœur d’un réseau social et éducatif, avec une holding (« franchise » serait plus juste) terroriste comme Al-Qaïda, qui se borne à la terreur et à son financement. Quant à la double attaque de l’immeuble du drakkar et des marines de l’aéroport de Beyrouth (la plus forte explosion conventionnelle depuis la seconde guerre mondiale), elle n’a jamais été imputée officiellement au Hizb-Allah. Le mouvement chiite (qui débutait à l’époque), ne l’a d’ailleurs pas revendiquée, contrairement à plusieurs autres organisations activistes. Quand bien même, l’Etat français n’a-t-il pas renoué des fils diplomatiques et économiques avec le FLN qui l’a chassé d’Algérie? Et les Etats-unis ne font-ils pas de même avec le Vietnam?
Lors du défilé à la mémoire d’Illan Halimi, ces mêmes élus républicains ont toléré que l’anti-racisme à la main jaune agisse de concert avec d’autres « jaunes » : les sionistes ultras de la Ligue de défense juive (LDJ)… Ils ont toléré la négrophobie et les ratonnades de porteurs de keffieh. Certains des élus de l’UMP ont participé à l’évènement : les a-t-on tenus pour responsables des méfaits de la minorité sioniste agissante ?
Quoiqu’il en soit, le maire Collomb a fléchi sous le diktat de la droite et a enlevé à la doctoresse la direction de la délégation pour « l’intégration et le droit des citoyens ». Cela avant de tourner une nouvelle fois sous le vent et de la rétablir à son poste quand lui est revenu en mémoire (et au visage) : «son engagement contre les islamistes en Algérie». Le soutien officiel de Marie Georges Buffet a pesé dans la balance. On ne se brouille pas avec un allié à l’approche d’une échéance cruciale, fût-il aussi satellisé que le PC. Rappelons tout de même qu’il n’avait pas eu cette pudeur et cet empressement «démocratiques» quand un autre de ses adjoints avait reçu en grandes pompes un marchand de canons sioniste. Emotion sélective ?
Nous sommes habitués à ces détestables manières politiques de l’Occident : ce clientélisme à l’eau tiède, cette « démocratie » à coups de canif… Ce n’est pas le plus notable en fait. Ce qui l’est c’est que nous voyons une fois de plus des députés de la droite républicaine agir dans la foulée d’un blog d’extrême droite. Car c’est un site « d’information » petit-blanc qui a diffusé la photo en question et commis le rapprochement abusif… Ce n’est pas une nouveauté : quand le député mosellan Grosdidier (ancien du PFN, un ex-concurrent du FN) traîne des rappeurs en justice, il fait écho à la campagne de skinheads reconvertis en nationaux-sionistes contre le collectif sniper. Ainsi la fafitude joue son rôle : celui du marqueur laser pour les bombardements ciblés de l’UMP. A travers le MPF de Villiers, des passerelles existent entre toutes les droites. Elles s’abandonnent au zèle liberticide dans une concurrence malsaine: dangereuse surenchère. Si il y a un scandale dans cette affaire, c’est bien cette collusion trop ordinaire…
Vous vous demandez peut-être encore: pourquoi nous fendons-nous d’un secours à cette femme? Féale de cette sociale-démocratie qui nous déteste. Là n’est pas l’essentiel, ce n’est pas la micro-histoire polémique qui nous intéresse ici, c’est la morale. Un terme galvaudé dont la lecture vous fait probablement sourire, mais notre Morale n’est pas la vaine déontologie des janus « républicains »: c’est la vieille Morale, la morale exempte de « moraline ». Cette morale dont l’honneur s’appelle Vérité et comme le disait récemment le président Ahmadinejab : «Celui qui s’oppose à la vérité, la vérité l’écrasera».
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Niveau 2 :: La Lettre « Les Nôtres »
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Niveau 3 :: Résistance Hors Serie
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