Il y a quelques mois, j’avais signalé l’importance du livre de Pierre Tévanian, La République du mépris (La Découverte, 2007). L’auteur, antifasciste et antiraciste patenté, y dénonçait le « racisme métaphorique » de la gauche française.
Voici que notre homme récidive en publiant, avec deux beurettes, Les Filles voilés parlent (La Fabrique, 2008).
Pour ce qu’il révèle de la réalité de l’islam des descendants d’immigrés résidant en France, l’ouvrage est fort éclairant. Si certains Français de souche se convertissent à l’islam par conviction traditionalistes et ferveur guénonienne, du côté des beurettes l’islam pratiqué est celui du « monde moderne ». On y retrouve les mêmes symptômes de la « nouvelle religiosité » qu’ailleurs : « bricolage religieux », fluidité de l’engagement, « self-service» spirituel, consommation événementialiste ... Ainsi est-il particulièrement marquant de voir une des intervenantes relater, comme si de rien n’était, qu’elle a été successivement soufie, salafiste, chiite, etc.
Mails là n’est pas l’essentiel, ce qui marque dans ce livre c’est l’extrême racisme d’exclusion, clairement verbalisé et parfois accompagné de contraintes physiques, auquel ont du faire face les jeunes filles qui témoignent.
Or ce racisme n’est pas le fait de lepenistes obtus…
Ne mentons pas, les jeunes femmes voilées relatent bien quelques remarques plus bêtes que méchantes dans la rue ou dans les transports en commun, quelques réflexions idiotes qui fleurent bon le front bas mongolo-identitaire.
Mais cela n’est rien. Le véritable racisme auquel elles ont à faire vient des militants de gauche : directeurs d’école syndiqués à la FSU, enseignants activistes de l’UFAL, militantes féministe qui les agressent, etc.
Même celles qui avouent avoir « kiffé » pour Besancenot font part de leur déception et dénoncent le « racisme des camarades » : la LCR refusant en effet l’adhésion des « islamo-gauchistes » voilées et les tenant à l’écart !
A lire Tévanian, avec lequel nous n’avons pourtant sur le fond aucun point commun, nous comprenons mieux pourquoi nous avons toujours été intuitivement hostile à toutes les campagnes contre le voile à l’école.
Si nous avons toujours lutté contre l’immigration et ses effets c’est parce que, en disciples de Herder, nous souhaitons pouvoir rester nous-même et que les autres restent autres, en cela nous ne faisons nullement acte de racisme comme on nous en accuse.
Les antiracistes eux n’ont aucune réticence vis-à-vis des autres, à condition qu’ils cessent de l’être et si les malheureux immigrés ou « Français de branche » souhaitent conserver une partie de ce qui les fait différents, ils sont voués aux gémonies et combattus avec la plus grande rudesse et virulence…
Nous avons toujours pensé que là était le véritable racisme. Merci à Tévanian de nous donner, pour la seconde fois, raison.