« L’important c’est le style » disait Robert Brasillach. Alors que les nôtres viennent de célébrer l’anniversaire de son assassinat, il semble bien que les Français lui donnent raison.
Notre président, jusqu’alors si sur de lui et si triomphant, vient de connaître une chute notable dans les sondages. Elle le place maintenant, en terme de popularité, en dessous de son inexistant premier ministre.
Alors qu’il avait bien négocié les récents conflits sociaux. Alors qu’il apparaissait même en être sorti renforcé, les analystes politiques nous expliquent que c’est tout particulièrement son style qui le fait chuter.
Il est un fait que ses prédécesseurs – quelles que soient les critiques que l’on peut leur adresser – nous avaient habitué à une autre manière d’être. Il n’est rien de dire qu’elle était plus digne et plus discrète.
Lors de son élection, le 6 mai dernier, il y a infiniment longtemps (sept mois ! ), on avait senti vibrer une base sociale, une clientèle possible pour un berlusconisme à la française, composée d’ouvriers qui « se lèvent tôt », de petits patrons, de cadres moyens, etc., qui espéraient « que ça change ».
Cette base sociale, totalement imperméable - et même la plupart du temps franchement hostile - aux grèves des privilégiés que sont à ses yeux les cheminots, fonctionnaires et étudiants, partage un certain nombre de valeurs morales (même sommaires) et aspire à plus d’aisance.
C’est elle qui s’est éloigné le plus de Nicolas Sarkozy ces derniers mois.
Les analystes de CSA, de la Sofres et de l’IFOP nous expliquent pourquoi : « Cet électorat n'a pas apprécié la soirée au Fouquet's, le soir de l'élection, et que Nicolas Sarkozy se balade sur des yachts pendant ses vacances alors qu'eux ont du mal à remplir leur chariot. (…) On constate une conjonction de deux phénomènes : un sentiment d'atteinte à la fonction présidentielle avec l'exposition de la vie privée de Nicolas Sarkozy et une impression que le pouvoir d'achat, cœur du projet présidentiel, n'est pas traité. [Les électeurs populaires ] ont été séduits par les discours de Nicolas Sarkozy sur le travail, la France qui se lève tôt, le respect de l'autorité. Ses vacances à Petra, son mode de vie, ses amitiés, ont fait renaître ce sentiment des puissants contre les pauvres. Il s'est banalisé. Avec son côté bling-bling et ostentatoire, il a montré qu'il était du côté de l'establishment et n'était pas le tribun populiste et populaire qu'ils souhaitaient »
On peux résumer la situation en disant que le style du président de la République révulse les électeurs de « la droite des valeurs » et que le clinquant de la clique régnante est vécu comme une humiliation par ceux qui possèdent peu de choses, qui ne peuvent satisfaire leurs désirs pourtant simples et qui avaient cru dans les promesses du gnome hongrois.
Ce qui serait dramatique, c’est que ce désamour (pour reprendre le terme qu’utilisent les médias) profite, par un effet de vase communiquant, à la « gauche » du système. A une escroquerie politique en succéderait une autre, car nous savons depuis toujours que l’UMP et le PS, Sarko et Hollande, c’est blanc bonnet et bonnet blanc.
D’où, malgré nos faibles moyens et notre audience réduite, notre rôle politique : aider à ce que le Front national redevienne le parti de ces électeurs égarés et trompés. Cela, bien sur, en dénonçant tous ceux qui s’obstinent à vouloir en faire le bunker des « purs et durs » ou l’incarnation de la « droite de la droite », et en contribuant à toutes les initiatives permettant que la « droite des valeurs » rencontre la « gauche du travail », en radicalisant ce parti dans la défense des couches populaires afin qu’il représenter le peuple de France dans sa diversité. Notre tache, nous l’avons déjà écrit et nous le réécrirons, est là : à l’intérieur ou à l’extérieur du FN contribuer a ce qu’il devienne, selon les termes d’Alain de Benoist, « une force de transformation sociale dans laquelle puissent se reconnaître des couches populaires au statut social et professionnel précaire et au capital culturel inexistant, pour ne rien dire de ceux qui ne votent plus. »