Plus de 270 personnes tuées, la plupart exécutées. Les jihadistes de l'État islamique (EI), appelé État islamique en Irak et au Levant (EIIL) il y a encore quelques jours, ont commis vendredi 18 juillet en Syrie l'une des pires atrocités de leur histoire.

"Il s'agit de la plus meurtrière opération commise par l'Etat islamique" depuis l'apparition de ce groupe l'année dernière en Syrie, indique l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) qui a fourni le bilan se basant sur des sources médicales.

L'EI, qui contrôle de larges territoires en Syrie et en Irak, avait annoncé fin juin l'établissement d'un "califat" islamique. Ce groupe ultra-radical est accusé des pires atrocités à l'égard de ses ennemis, comme des crucifixions et des exécutions sommaires. L'EI combat à la fois les troupes de Bachar al-Assad et les rebelles qui sont en guerre depuis trois ans contre son régime.

"Des combats se poursuivent"

"Plus de 270 personnes ont été tuées dans le champ gazier de Chaer" attaqué par les jihadistes jeudi, a affirmé à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane. "La grande majorité (des victimes) ont été exécutées par balle après avoir été emprisonnées suite à la prise du champ", a-t-il aussi indiqué. Il s'agit pour la plupart de gardes du gisement de gaz et de volontaires armés chargés de la sécurité du champ.

Selon l'OSDH, ils étaient issus de villages alaouites de la région Homs, communauté haïe par l'EI.

Samedi, des forces du régime envoyées en renfort vendredi seraient parvenues à "reprendre de larges parties de Chaer". "Des combats se poursuivent toutefois toujours dans les environs du champ", précise le directeur de l'OSDH. La contre-offensive du régime se serait soldée par au moins 40 morts du côté de l'EI et 11 du côté des soldats, en plus de plusieurs dizaines de blessés.

Le champ de Chaer se trouve dans une région désertique de la province centrale de Homs où se trouvent des champs gaziers et des puits de pétrole. Il est situé au nord-est de site archéologique de Palmyre.

Une vidéo, prise par les jihadistes de l'EI sur le champ gazier et publiée sur YouTube (que Le HuffPost a choisi de ne pas diffuser), montre des dizaines de corps gisant dans le site désertique, certains semblent avoir reçu une balle dans la tête d'autres sont mutilés. L'un des jihadistes frappe avec sa chaussure la tête d'un cadavre. Sur une autre vidéo, un jihadiste pose devant des corps. Il parle en allemand en y insérant des insultes en arabe.

Deux femmes lapidées à mort

L'EI s'est déjà rendu maître de plusieurs champs pétroliers dans la province orientale syrienne de Deir Ezzor, et sème la terreur dans les régions sous sa domination. Jeudi et vendredi, l'OSDH a annoncé que l'EI a lapidé à mort deux femmes accusées d'"adultère" dans son bastion de Raqa, province septentrionale de Syrie.

Jeudi soir, une première "exécution" de ce type commise par l'EI a eu lieu à Tabqa, une ville de la province. La femme "avait 26 ans et était veuve", selon l'OSDH. Vendredi soir, une deuxième femme, à Raqa, a été lapidée par les combattants de l'EI, les habitants ayant refusé de participer à l'exécution. Selon un militant de Raqa, les habitants sont "terrifiés mais n'osent pas réagir à ces méthodes barbares.

Le conflit en Syrie est devenu une guerre sur plusieurs fronts: les rebelles combattent à la fois les troupes du régime et l'EI notamment dans leurs bastions à Alep (nord) et près de Damas. Ces derniers jours, les rebelles sont parvenus à repousser les jihadistes au sud de la capitale, où ils sont également bombardés par l'aviation syrienne.

De leur côté, l'EI est en confrontation avec les troupes du régime notamment dans la province de Hama (centre), mais aussi avec les Kurdes dans le nord et le nord-est de la Syrie.