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Tchad : le président Idriss Déby réélu pour un 5e mandat
Mehdi Pfeiffer |
International
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Au pouvoir au Tchad depuis 26 ans, il n'avait pas l'intention de céder la main. Idriss Déby a été réélu pour un cinquième mandat au premier tour de la présidentielle du 10 avril avec 61,56% des voix, selon les résultats provisoires publiés jeudi soir par la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Le chef de l'opposition, Saleh Kebzabo, arrive en deuxième position avec 12,80 % des voix.
Au total, 13 candidats se présentaient à cette élection. Ancien chef d’état-major et conseiller militaire d’Hissène Habré, qu’il a chassé du pouvoir en 1991, Idriss Déby, 63 ans était évidemment le grand favori du scrutin.
La France devrait voir d'un bon œil cette réélection. Car si, officiellement, elle n'a pris parti pour aucun des candidats, elle ne peut que se réjouir de voir son meilleur allié au Sahel rester au pouvoir. Sur l'impulsion de Déby, le Tchad est en effet devenu le fer de lance dans la région pour la lutte contre les mouvements djihadistes et plus particulièrement Boko Haram. L’opération française Barkhane est d'ailleurs commandée par un officier général depuis un poste de commandement unique stationné à N’Djamena, au Tchad.
Ce soutient de la France n'empêche pas le président tout puissant Ibriss Déby d'être critiqué dans son pays. En février, la grogne sociale s'était transformée en violentes manifestations contre le président ou ses proches, réputés intouchables, après qu'une affaire de viol collectif d’une jeune fille par les fils d’un ministre et de généraux avait éclaté.
De la censure et des irrégularités ?
Pour éviter de nouvelles manifestations hostiles, toutes les précautions avaient été prises au moment des élections : une forte présence militaire et l'interruption de tous les moyens de communications. Le réseau mobile avait en effet été coupé dès le dimanche 10 avril au matin et l’internet fixe dans la soirée. Des mesures de censures sans doute, qui ont permis au pouvoir d'empêcher les opposants de communiquer entre eux au sujet du déroulement du vote.
Plusieurs représentants de l’opposition ont d'ailleurs quitté la Commission électorale nationale indépendante dans le courant du mois, pour protester contre les irrégularités qu’ils avaient relevées dans le processus électoral. Mais la victoire de Déby a été saluée par des coups de canon et des rafales de fusil automatique par les militants de son parti, le Mouvement patriotique du salut (MPS), qui s'étaient donné rendez-vous sur la vaste place de la Nation de N'Djamena, face au Palais présidentiel.
Le conseil constitutionnel doit avaliser ces résultats dans les prochains jours.
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