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A Munich, l’Ofpra sélectionne des réfugiés syriens et irakiens pour la France
Depuis lundi, dix fonctionnaires de l’Office de protection des réfugiés et apatrides dont le directeur, Pascal Brice, préparent la venue de 1 000 réfugiés dans l'Hexagone. Deux cents sont déjà arrivés ce mercredi.
Porte 19, hall C3, la France a sa place dans l’immense foire expo de Munich, où transitent certains des réfugiés après leur arrivée en gare centrale de la capitale bavaroise. Une table, quelques chaises, un petit drapeau bleu-blanc-rouge collé au mur : c’est dans ce décor minimal que, avec une dizaine de fonctionnaires, Pascal Brice, le directeur général de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), organise depuis lundi la venue en France de 1 000 réfugiés syriens et irakiens. Deux cents sont partis mardi et arrivés ce mercredi dans l’Hexagone.
«Nous faisons savoir par haut-parleur et documents écrits que la France a ce programme spécial», explique Pascal Brice à Libération. Les personnes intéressées passent alors devant les officiers de l’Ofpra qui vérifient leur nationalité. Faute souvent de documents d’identité, il s’agit de retracer leur parcours, vérifier leurs connaissances linguistiques…
Mais pourquoi se limiter aux Syriens et aux Irakiens ? «Parce qu’ici, la grosse majorité des réfugiés sont des Syriens, dont une bonne partie fuit l’Etat islamique, certains viennent de Raqqa. On pourrait aussi s’adresser à des Erythréens, mais je n’en ai vu que quatre. Ils étaient complètement perdus et n’étaient pas intéressés», explique Pascal Brice. Les ressortissants de ces trois pays ont un «besoin manifeste de protection», en raison de la guerre ou de la dictature : ils peuvent donc rapidement être admis en France pour une demande d’asile. «Ça ne marche pas par exemple avec des Soudanais, parce que, si vous ne venez pas du Darfour, vous n’avez pas automatiquement besoin de protection, sauf par exemple si vous êtes opposant politique ou homosexuel», explique le patron de l’Ofpra. Alors que pour les Syriens, la France a un taux d’admission de 97 %, rappelle-t-il.
«Nous essayons de déranger le moins possible les Allemands»
Les Bavarois, confrontés à un flux de 30 000 réfugiés depuis samedi, sont dubitatifs devant les précautions françaises et cette volonté de «choisir» qui entrera sur le territoire, alors qu’eux-mêmes acceptent tous ceux qui arrivent. Et n’ont pas le temps d’enregistrer les réfugiés à Munich avant de les redéployer en Allemagne. Pascal Brice ne veut pas polémiquer : «Nous essayons de déranger le moins possible les Allemands. La chancelière a demandé l’aide de la France, François Hollande a décidé de l’apporter. Et si nous fonctionnons ainsi, c’est pour appliquer les règles qui préfigurent le futur dispositif européen.»
Ce mécanisme de relocalisation des réfugiés, présenté ce mercredi par Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, doit être débattu lors d’un conseil extraordinaire des ministres de l’Intérieur, lundi prochain. «Il ne s’agit pas de choisir des gens, insiste Pascal Brice, et nous sommes ici avec beaucoup de modestie.» La France est le seul pays étranger présent, et il a observé «dans le regard des gens, notamment des bénévoles, une satisfaction de voir qu’on est là, même si c’est seulement pour 1 000 personnes».
Un mois dans des centres d’hébergement
Un dispositif similaire de présélection sera utilisé pour le restant des 24 000 réfugiés qui doivent être accueillis au titre de la relocalisation, comme François Hollande en a pris l’engagement lundi. Une fois en France, les réfugiés en provenance de Munich resteront un mois dans des centres d’hébergement, où ils seront revus par l’Ofpra. Ils devraient ensuite être déployés dans les hébergements que les maires volontaires mettront en place. Les agents de l’Ofpra, épaulés par la Croix-Rouge française et l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), ont prévu de rester une semaine à Munich. «Mais vu la situation, c’est très évolutif», précise Pascal Brice.
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