Pourquoi tant de haine ? ››› voxnr.com

Dieu que le cri de l’immigré est triste au fond des bois de Montargis…

Nicolas Gauthier affirme haut et fort dans Minute du 9 novembre 2005 que « nous sommes tous des beurs d’extrême droite ». Et de fort bien expliquer combien un journaliste présumé extrémiste doit louvoyer professionnellement entre discrétion, clandestinité et preuve d’excellence pour se faire accepter. Lui y est arrivé, « sans avoir forcément à se prostituer ou à se renier ». Ça, je peux en témoigner, ayant été son complice dans un métier qui nous a associé bien des fois.

Mais contrairement à lui, je n’ai jamais pû – ou sû – dissimuler mes opinions. Et je n’ai été épargné ni par la « haine de la gauche », ni par la « lâcheté de la droite ».

Alors, j’ai assumé. Depuis plus d’un quart de siècle, je (sup-)porte ma croix celtique et gravit mon Golgotha professionnel couvert d’opprobe par les Gardes rouges du politiquement correct. Loin d’en être terrorisé, j’ai préféré m’en faire, finalement, une posture. Beaucoup des livres que j’écris ou que j’édite se heurtent à la « bien pensance » des autres éditeurs. À défaut de m’enrichir aussi rapidement que j’ai pû un jour l’espérer, j’admets bien volontiers que cela me permet de n’avoir à rendre des comptes qu’aux lecteurs. Ce n’est pas toujours plus facile, mais c’est en tout cas plus supportable que de risquer d’avoir à se renier, à brailler avec les crasseux ou à couiner avec les émasculés…

S’il arrive que quelques libraires gauchistes frisent la crise d’apoplexie quand mon diffuseur leur propose les livres de mes éditions – même s’il s’agit de la biographie de Louis de Funès – ceux-ci ont toutefois trouvés vaille que vaille leur place dans les rayons des autres librairies. Quant à leurs ventes, elle est sujette à cette impitoyable « loi du marché » qui touche tout le monde, je n’ai pas à faire exception à la règle.

Aurais-je préféré, finalement, une autre vie professionnelle ? Ne me suis-je pas laissé « diabolisé » ? Était-ce vraiment mon destin ?

À dix ans, féru d’équitation, je voulais être jockey. Mon mètre quatre-vingt quatre m’en empêcha. À treize ans, je voulais faire l’école des Chartres. Il fallait un minimum de 16 sur 20 de moyenne générale et mon bulletin scolaire en ricane encore… À dix-neuf ans, j’entrais dans la vie professionnelle et j’aurai pû… quoi ?

Nicolas Gauthier termine son récit en se demandant : « La vie aurait-elle été plus simple (s’il s’était) appelé Mouloud ? » Il ne le croit pas.

Je suis d’accord avec lui. À moi, fils d’immigré, qu’est-ce que la France m’offrait ? Mon père n’était pas français, mais sujet belge. Hé oui ! Je suis un Français de la première génération, né dans la campagne de Montargis. Même pas la banlieue !

La vie aurait-elle été plus simple si cela n’avait pas été le cas ? Et voilà, tout le monde rigole quand je dis ça… Mais enfin pourquoi tant de haine ?