 |
Mafia blues, avant le congrès du parti socialiste
 Le vote sur les motions au Parti Socialiste ressemble à s'y méprendre au scrutin présidentiel en Floride en 2000. Urnes baladeuses, locaux bouclés, expulsions des observateurs représentants des minorités; rien ne manque au tableau. Il est vrai que la "majorité" (sic) du PS possède quelques spécialistes en truandages électoraux. Les plus vieux d'entre nous se souviennent des élections de la MNEF à la "grande époque".
Il y a trois mois Hollande annonçait 55% pour sa motion. A 22 heures mercredi soir, alors qu’aucun bulletin n'était encore sorti des urnes, Rebsammen annonçait des résultats "incontestables", 55% pour la motion 1, 25% pour la motion 5 (NPS-AS) et 20% pour la motion 2 (Fabius-Mélenchon).
Sans sourciller, la presse unanime, avant même le dépouillement, annonçait les résultats prévus depuis trois mois et proclamés par quelques hiérarques du Parti. La manœuvre a pour mérite la plus grande clarté. La victoire de Hollande est une revanche sur le 29 mai. Elle marque la volonté d’un retour à l’avant 1er décembre 2004, lorsque aucune voix dissidente ne venait encore remettre en question l’orientation de la direction du PS. C’est la raison pour laquelle les différentes oligarchies -financière, politique et médiatique- qui avaient fait campagne pour le OUI ont activement soutenu sa motion.
Mais la ficelle semblait trop grosse. Elle présentait de plus l’inconvénient de voir quelques responsables ouvrir une perspective indépendante contre les magouilles et une orientation vouée à l’échec.
Donc, Une journée plus tard le score de la motion dans le Pas de Calais était ramené de 75% à 69%. Dans un département qui a voté massivement "non" le 29 mai, en particulier dans les fiefs socialistes, ce score réclamé par le baron du département ayant été le plus désavoué par ses propres électeurs le 29 mai, M.Lang, devait paraître trop peu crédible.
Dans l'Hérault, département sous la coupe d'un ancien agent appointé à l'ambassade de Chine, maoiste de l'espèce la plus sectaire, devenu le futur roi de "Septimanie", l'impayable Frèche, le secrétaire fédéral, qui avait déjà demandé l'exclusion du PS de tous les partisans du "non" a eu 10 heures pour trafiquer en toute tranquillité les votes.
Finalement vendredi, on publie des résultats officiels corrigés - mais encore susceptibles de varier d'ici le congrès du Mans la semaine prochaine...
Incroyables mœurs qui voient le vote des militants modifié en fonction des opportunités, des intérêts, des arrangements par ceux qui tiennent les urnes !
Irrémédiables mœurs qui conduisent peu à peu ce parti à la répétition morbide du même et au renouvellement de fonction des mêmes !
De cet épisode, la direction hollandiste devrait sortir définitivement discréditée.
Elle fait en effet preuve d’une constance assez remarquable, dans une pièce jouée en trois actes :
1. Contre les intérêts des ouvriers, des salariés, des retraités, elle appelle les militants à voter OUI au référendum interne sur le traité constitutionnel, vote qu’elle obtient dit-on déjà de façon douteuse !
2. Le peuple vote NON le 29 mai, contre les consignes de Chirac, Sarkozy, et Hollande. Cela ouvre t-il une discussion, un regard critique au sein de la direction socialiste ? Nullement, il faut sanctionner ceux qui ont été du côté du peuple, et plus même, « il faut dissoudre le peuple » semblent dire les chefs du PS !
3. Enfin, appelant de façon honteuse à dépasser le vote du 29 mai comme s’il ne s’agissait que d’une broutille, refusant toujours le débat sur le fond, l’appareil utilise toutes les manœuvres pour garder les rênes du Parti !
Les méfaits de la direction hollandiste auront des conséquences lourdes:
1. face à une droite prête à tout, la crise politique de la gauche va se poursuivre. Comment en effet croire une seconde que les couches populaires qui pour la première fois depuis bien longtemps ont retrouvé le chemin des urnes le 29 mai pourront se laisser prendre par la mascarade qui nous est offerte ?
2. le premier étage de la fusée qui conduira à un nouveau 21 avril est d'ores et déjà lancé. La logique est en effet engagée. L’Allemagne est un exemple tout tracé, l’alliance entre une gauche qui n’en n’a plus que le nom et une droite conservatrice pour appliquer, au nom d’une certaine conception du réalisme, un des programmes de régression sociale d’une ampleur encore jamais vue sur tous les plans.
3. la "victoire" du clan dirigeant va laisser libre cours à la droitisation accélérée du PS. Les AG préparatoires ont déjà l'occasion de "tests" en ce sens. Les déclarations sur « la synthèse dans le PS » au nom de l’unité du parti ne tromperont que ceux qui veulent bien l’être, où ceux qui s’imaginent qu’un poste personnel est à ce prix.
Dans ce contexte, la responsabilité des dirigeants socialistes du NON, Jean Luc Mélenchon, Laurent Fabius, mais aussi Marc Dolez, Henri Emmanuelli, et quelques autres est engagée. S’ils ne sont capables d’ouvrir comme seule perspective qu’une tambouille interne faite par les mêmes, pour les mêmes, sur la base de « la légalité du PS » faite de trucages, de basses manœuvres, de truandages, alors l’avenir pour tous ceux qui désirent donner un sens au terme de socialisme est sombre.
|
|
