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Vendredi, 13 Juin 2008
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De mai à juin : les cocus de l’impérialisme
Thomas Tribout
Politique
De mai à juin : les cocus de l’impérialisme
On peut souffler ? On peut parler ? C’est fini le souvenir obligatoire de mai ? On pourrait en causer cent ans, diviser les mai, souvent à raison : mai étudiant, mai ouvrier. C’est en fait bien plus simple, rien d’autre qu’une règle universelle : les opposants (victorieux) du jour font les bureaucrates du lendemain, ça s’est vérifié partout (1). Pas pour rien que certains ont théorisé la « révolution permanente », pour (tenter de) briser cette fatalité.

Alors fini l’interdiction d’interdire, les entraves de la jouissance des uns, on se dégage du pilori pseudo-libertaire et on passe à juin : l’appel du 18 juin, peu entendu au début, mythifié ensuite et surtout juin noir. Mauvais écho de septembre, ce mois de juin 1976 où l’armée syrienne intervient contre les palestiniens réfugiés au Liban. L’impérialisme n’est jamais tolérable, même quand il vient de « l’ami Syrien ». Retour à mai, mai 68, sur une de ses grandes passions : le soutien aux Peuples en lutte.

L’excellent Dimitri Grieg (2) note à ce propos : « (…) la manière, dont les troupes américaines menaient leur guerre en Indochine ex-française, et sur les crimes qu’elles y commettaient, servaient de prétexte à toute une jeunesse pour se réclamer non seulement de l’anticapitalisme, mais aussi de l’antiaméricanisme et de l’anti-impérialisme. »

Deux mois plus tôt, en mars 68, Dayan et ses assassins sont vaincus par les hommes du Fatah à Karameh. L’occupant sioniste laisse des chars et des corps sur le terrain, une poignée de braves ont fait toussé l’ogre sioniste. Petit succès armé mais grande victoire morale pour un Fatah encore épargné par la prévarication et la collaboration. Si la geste des fedayin devient vite une légende dans le monde arabe, un autre combat occupe nos étudiants parisiens. C’est le temps du Vietnam, le Nord des patriotes rouges contre le Sud anti-communiste et perfusé par Washington. Conflit « clair » dans un monde bi-polaire, le combat palestinien l’est beaucoup moins. Les rapports de l’URSS avec le sionisme ont toujours été ambigus, parfois pluriels, souvent complexes. De l‘autre côté l’occident entretient des liens dans un mouvement palestinien (3) volontiers socialiste mais souvent hostile au matérialisme marxiste. Ajoutons à ça des raisons bien françaises, les liens étroits de la gauche sioniste type Hachomer Atzaïr avec la gauche et même l’extrême gauche (4) indigènes. De là le mythe fondateur du sionisme « anti-colonialiste », un « anti-colonialisme » d’un genre nouveau qui chasse les autochtones sous prétexte d’antécédents, un « anti-colonialisme » (5) soutenu et voulu par l’occupant anglais. A la droite de la droite, ceux qui sont passés de Salan à Dayan se disputent avec les antisémites durs, qui ne veulent pas entendre parler des « juifs », même de l’autre côté de la méditerranée. La fracture traversant chaque « camp », le drame palestinien est moins mobilisateur à l’époque que son équivalent vietnamien…

Les trotskystes de la JCR tiennent les Comités Vietnam National (CVN). Les « maos » de l’UJC (future Gauche Prolétarienne) leur répondent avec les Comités Vietnam de Base (CVB). Le grand timonier écrivait en effet : « Nous sommes à la fois des internationalistes et des patriotes, et notre mot d'ordre est de combattre l'envahisseur pour défendre la patrie. ». En face, une partie de la droite dure s’abandonne à son côté pavlovien : le Vietnam étant un bout d’Indochine, on règle ses comptes avec Ho Chi Minh. Le FNL vietnamien c’est le FLN algérien, là encore il y a des arriérés à effacer. Oubliées, la souveraineté et la volonté du peuple vietnamien… Le Front Uni de Soutien au Sud-Vietnam réunit cette tendance sous la direction de Roger Holleindre, vétéran inépuisable de toutes les guerres et de beaucoup de combats. Le 29 avril 1968, une exposition de son organisation sur les « crimes du Vietcong » est l’occasion de confronter les différents points de vue… à la barre de fer. C’est de fait le premier évènement de la série d’incidents qui, rassemblés, forment le mai 68 étudiant.

Ces périphéries politiques partagent pourtant un point commun : elles exècrent le gaullisme, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Mais alors, au pied de 68, qu’elle était la politique étrangère façon de Gaulle ? Quelles sont les vues du général en matière internationale ?

Il faut l’avouer, elles sont réjouissantes, convergentes mêmes. Elles auraient en tous cas du fédérer ceux qui veulent la souveraineté (nationale) et les autres, qui réclament la liberté (des Peuples). Les visites et les déclarations symboliques s’enchaînent, les décisions tombent, comme la reconnaissance de la Chine populaire début 1964, car " avant d'être communiste, la Chine est la Chine ", un futur grand qu’il ne s’agit pas de négliger. En mars de la même année le président français est au Mexique où il ne craint pas de tendre la main, malgré le puissant et encombrant voisin. En mars 1966, la France se soustrait du commandement intégré de l’OTAN ; le souverain général croise le fer avec les « dévots du pacte atlantique ». En septembre De Gaulle visite son ami Sihanouk au Cambodge ; il y met en garde le colosse états-unien contre toute escalade de la violence dans la région. L’Amérique de Johnson est piquée au vif, plus attentive, elle aurait évité le terrible drame que la France avait déjà connu deux fois, en Indochine puis en Algérie. Eté 1967 il est au Québec, sans doute son plus célèbre discours présidentiel à l’étranger. Nouvel affront, le « Québec libre » se digère très mal. Le général insoumis bourdonne aux portes de l’empire, autant d’accroc à la doctrine de domination Monroe… Apothéose le 29 novembre 1967, le général De Gaulle condamne l’escalade criminelle de l’état hébreu. Avec un sens du résumé tout militaire, il saisit le drame d’un trait : « [le sionisme] organise sur les territoires qu’il a pris l’occupation qui ne peut aller sans oppression, répression, expulsions, et il s’y manifeste contre lui une résistance, qu’à son tour il qualifie de terrorisme ». L’embargo sur les armes à destination de l’entité sera effectif en janvier 1969. Il est sciemment contourné par les militaires français et la société Dassault.

Loin des oppositions mentionnées plus haut, cette politique d’indépendance suscitera plus tard un consensus entre les forces qui se déchirent alors sur le gaullisme intérieur et le printemps étudiant et ouvrier. Les convergences de mai sont donc plus modestes, plus circonstancielles aussi. Si la droite dure qui se veut sociale se range majoritairement du côté du régime, certains (6) se laisseraient bien porté par la vague, cette « chienlit » rouge qui a au moins le mérite du mouvement. Il faudra donc attendre les années 70, moins « plombées » en France que chez nos voisins allemands et italiens, moins marquées par l’affrontement des blocs aussi, pour que tout ce petit monde se retrouve sur les mérites de la vision gaullienne de l’étranger. Années 70 qui verront, au sein du Centre d’études pour l’indépendance nationale, se côtoyer sereinement nationalistes du GAJ, monarchistes progressistes de la NAF, gaullistes de l’Appel ou de l’UJP et même maoïstes de l’Humanité rouge…

Mais dans le bouillon de mai, cette croisée des routes est encore loin. Les « amis des Peuples en lutte » font tout pour faire trébucher un opposant clairvoyant aux visées américaines; opposant d’autant plus efficace qu’il reste un allié conscient de l’occident. A plusieurs reprises il l’a prouvé, lors de la crise des fusées à Cuba, il fût le premier à soutenir Kennedy. Loin de craindre une contagion rouge en Europe de l’ouest, l’oncle Sam laisse étouffer cette voix dissonante qui dérange. Tout internationalistes qu’ils soient, les fils de la bourgeoisie font passer leur revendication sociétale avant la vie du premier Vietnamien… Ils demeurent surtout très critiques quant au monde soviétique et ses relais français. Ce Mai 68 là, peut-être prototype de la révolution orange, arrange bien « l’ami américain ». Dany le rouge deviendra vert comme un dollar. Romain Goupil et Benny Lévy passeront de Lénine et Mao à Bush et Sharon. Alors, est-ce vraiment un hasard ?

La volonté de jouissance mariée au libéralisme économique enfantera un gouffre. Nous le savons, nous y vivons. Reste qu’on ne peut pas nier les avancées de mai, avancées sociales mais aussi progrès de société. Ne regrettons pas la pesanteur d’alors sous prétexte de la partouze payante d’aujourd’hui. C’est une alternative qui est à construire, pas un retour en arrière… Pour de Gaulle, le verdict reste le même : droit d’inventaire. N’oublions ni ses qualités, ni sa part de responsabilité. N’oublions pas que derrière les bons mots de Cancun ou du Cambodge se cachent un trou noir, une misère noire : la françafrique de Foccart. Il ne faudrait pas croire que la politique extérieure ne conditionne rien à l’intérieur. Le refus français de la guerre à l’Irak a été un puissant levier d’intégration. Sortie de l’impérialisme, vraie solidarité et non-alignement contribueraient au rayonnement de la France, mais garantiraient aussi, chez nous, la paix et le respect.

notes

1) LIEN

« (…) rapidement, les trublions ont réussi à occuper les postes qu’ils briguaient. Dans tous les domaines clefs des sociétés ouest-européennes, soit dans l’éducation, l’art, la culture, les médias, on les a accueillis avec bienveillance »

2) Ibid

3) Abou Hassan Salameh, membre éminent et charismatique du fatah, démiurge de Septembre Noir, entretenait des rapports étroits avec la CIA.

L’islamisme est relativement discret à cette époque au sein du combat palestinien. Outre des raisons internes, l’optique des frères musulmans est alors de s’allier avec l’occident (les gens du Livre) contre l’athéisme soviétique. Cette ligne culminera avec les exactions russes en Afghanistan.

4) Nous aborderons ensuite ceux qui sont passés de l’anti-impérialisme au sionisme et au néo-conservatisme. Plus symptomatique dans notre cas est le parcours de Daniel Gluckstein, formé par le mouvement de jeunesse de l’Hachomer Atzaïr et désormais porte-parole du « trotsko-conservateur » Parti des Travailleurs.

5) On en retrouve l’écho dans le fameux et fumeux discours de Birzeit de Lionel Jospin et dans le positionnement de Delanoë. Le maire de Paris considérant que les sionistes ont « décolonisé » la Palestine des Palestiniens…

6) Ainsi Pierre Sergent, dirigeant clandestin d’un conseil qui ne l’est pas moins en prenant la suite de l’OAS, déclare dans « le Monde » du 25 mai : « Le CNR estime que les revendications de l’ensemble des travailleurs, des étudiants et des enseignants sont légitimes. »

Photo : Cohn Bendit en 1968
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