France d'en haut et tribunal de là-bas
Francis Evrard comparaît depuis hier devant la cour d’assises du Nord pour avoir enlevé, kidnappé et violé le petit Enis, 5 ans, à Roubaix, le 15 août 2007. Quelques jours plus tôt, il avait été libéré, après 18 ans de prison pour des faits similaires. Il avait aussi été condamné pour des viols en 1973, des attouchements sexuels en 1984 et un viol en 1987. À chaque fois sur des mineurs.
Dans notre France, patrie auto-proclamée des droits de l’homme, on s’attendait à ce qu’un Ministre en exercice à la tête d’une cohorte d’artistes connus, ne s’émeuve et lui trouve toutes les circonstances atténuantes.
Francis Evrard n’en manque pas : Tous ses autres actes répréhensibles ne se sont-ils pas déroulés il y a bien longtemps ? Monsieur Evrard n’a-t-il pas déjà passé plus de trente ans en prison ? Ne déclare-t-il pas avoir déjà oublié ce qu’il a fait ? Qu’il n’est plus tout à fait certain de ce qu’il a avoué ? N’a-t-il pas lui-même été victime de viols dans sa jeunesse ? Sa vie n’a-t-elle pas été qu’un long fleuve de déboires ? Enfin, on en passe et on en oublie, de toutes ces sortes de choses qui font conclure à certains que c’est la société qui, par ses dysfonctionnements, produit des monstres comme boucs émissaires, évitant ainsi de se réformer trop profondément.
Bref, un Francis Evrard n’est somme toute qu’un malheureux et les véritables responsables ne sont autres que vous et moi, car qui d’autre peut bien être cette « société », toujours et encore cause de tout ?
Seulement, Francis Evrard n’est pas Roman Polanski, il ne fait pas parti de la « France d’en haut », seulement des « tribunaux de là-bas ».
Alors, seul l’avocat Robert Badinter, revenu d’entre les retraités, s’indigne ! Non des actes de monsieur Evrard, mais de sa demande détestable… de réclamer dans une lettre adressée à Nicolas Sarkozy, une « castration physique » pour en finir avec ses démons.
C’en est trop pour Me Badinter qui a aussitôt estimé (sur Europe 1) que « ce n’est pas à monsieur Evrard de dicter à la justice et aux autorités judiciaires françaises ce qu’il doit advenir. »
Ancien Ministre dont le haut fait d’armes restera d’avoir fait abolir la peine de mort en 1981, voilà un nouveau cheval de bataille inespéré pour le tirer de l’oubli et relancer son incessant combat en faveur des criminels. Il y mettra sans nul doute tout son talent qui est grand et l’on ne pourra, une fois de plus, que regretter qu’il n’en déploie pas autant envers leurs victimes.