
De l’indignation à la « victoire » pour les opposants à la loi travail. Des félicitations au procès en manque d’« autorité » à l’égard du gouvernement à droite. Telle a été la tonalité de la journée des politiques et des partenaires sociaux, mercredi 22 juin, qui ont réagi successivement à l’interdiction, puis à l’autorisation d’un défilé restreint, jeudi, pour la journée d’action contre la loi travail.
Après s’être mis d’accord avec le ministère de l’intérieur pour défiler sur un parcours d’1,6 kilomètre près de la place de la Bastille, Philippe Martinez et Jean-Claude Mailly, respectivement secrétaires généraux de la CGT et de Force ouvrière (FO), se sont félicités en conférence de presse d’une « victoire pour les organisations syndicales » et d’une « victoire pour la démocratie ».
William Martinet, président de l’UNEF, organisation étudiante qui fait partie de l’intersyndicale appelant à défiler jeudi a, lui, vu dans ce défilé l’occasion de manifester non seulement contre la loi travail mais aussi « pour le droit de manifester ».
« Autorisée à tourner en rond »
Pour Eric Coquerel, coordinateur du Parti de gauche (PG), qui réclame le retrait de la loi, cette « victoire » (…) est un désaveu pour M. Valls et sa ligne jusqu’au-boutiste de provocation, d’affrontements et de mise sous tension du pays ». Il réclame, à cette occasion, la démission du premier ministre.
Jean-Luc Mélenchon, cofondateur du PG, qui avait appelé « les élus à descendre dans la rue et à placer le cortège sous leur protection » en cas d’interdiction, s’est voulu plus mordant à l’annonce du tracé du défilé finalement défini. « La manif officiellement interdite est officiellement autorisée à tourner en rond de façon statique » a-t-il réagi sur Twitter.
De son côté, le Parti communiste (PCF) a appelé ses membres à « participer massivement aux manifestations des 23 et 28 juin ». « L’interdiction aurait été une décision scandaleuse, injustifiée », ajoute le parti dans un communiqué.
« C’est une roue de la fortune pour les Français »
« Plus personne n’y comprend rien », s’est agacé Nicolas Sarkozy, président des Républicains, qui avait jugé, avant qu’elle ne soit prononcée, qu’une interdiction n’était « pas raisonnable » de la part d’un « gouvernement républicain ». Le revirement final est selon lui la preuve qu’« il n’y a plus d’autorité dans ce pays, la seule chose qu’il reste, c’est la CGT qui menace, la CGT à laquelle le gouvernement obéit », a-t-il renchéri.
« Ce gouvernement a une nouvelle fois montré aux Français sa perte totale d’autorité et de contrôle sur la situation. C’est un aveu d’impuissance, c’est un manque de fermeté, une marque coupable de faiblesse. »
Eric Woerth, secrétaire général du parti LR a lui fustigé un gouvernement « empêtré » qui « n’a plus de boussole ».
« C’est une roue de la fortune pour les Français, on ne sait pas sur quoi on va s’arrêter », a lancé Nathalie Kosciusko-Morizet, députée et candidate à la primaire de la droite, devant l’association des journalistes parlementaires. « La France n’est plus commandée » a estimé, pour sa part, Jean-François Copé.
M. Sarkozy avait été la seule voix discordante à droite, faisant part de prudence quant à l’interdiction qu’appelaient de leurs vœux plusieurs responsables des Républicains, dont les adversaires de l’ancien président de la République à la primaire Alain Juppé et François Fillon.
A l’extrême droite, Florian Philippot, vice-président du FN, a fustigé le « ridicule achevé » de la situation. Auparavant, Marine Le Pen, présidente du Front national avait considéré que l’interdiction était une « démission face aux casseurs » et une « atteinte grave à la démocratie ». En mai, elle estimait pourtant « qu’en situation d’état d’urgence, il n’y a pas de manifestation ».