Tolérance zéro ou intolérance totale ?
29 décembre 2007. « La tolérance zéro c’est l’intolérance totale » dit le procureur Dominique Barella (Télérama, 12 décembre 2007). Bien entendu tout le monde a en tête des exemples de laxisme de la justice, d’agresseurs relâchés, de récidivistes échappant à la justice pour un vice de procédure. Mais la vérité est qu’il y a maints exemples, dont on parle moins, de gens lourdement condamnés pour des faits répréhensibles mais légers. Quel efficacité y a-t-il à condamner de plus en plus souvent à de la prison ? Est-il normal de cesser de privilégier l’éducatif s’agissant de mineurs (ce qui ne veut pas dire ne laisser aucune place au répressif) avec l’abaissement dans certains cas de la majorité pénale à 16 ans ? A tout le moins, les prisons étant ce qu’elles sont, n’y a-t-il pas risque de faire de primo- délinquants des délinquants lourds ? Quel sens cela a-t-il de vouloir traduire les irresponsables en justice, comme le souhaite Mme Dati, alors qu’ils représentent quelque 200 dossiers seulement ? Après avoir pénalisé en 2003 le stationnement abusif dans les halls d’immeuble, M. Sarkozy fait étudier en 2007 la dépénalisation de la délinquance financière : on peut se demander s’il n’y a pas là un flagrant symbole. Jean de Maillard note : « A côté des gentils qui travaillent et gagnent de l’argent, puisque toute peine mérite salaire, sévissent les méchants qui ne travaillent pas et volent l’argent des premiers. Puisque l’on ne saurait être à la fois gentil et méchant, les gentils qui gagnent de l’argent ne peuvent être méchants. CQFD.
Pourquoi dès lors s’acharner, comme le fait la justice française depuis des années, à les persécuter ? Parce qu’il y a une bonne justice et une mauvaise, avec des bons juges et des méchants juges. Un bon juge, c’est celui qui punit les méchants – récidivistes, pédophiles, racaille...–, qui compatit sur les victimes, y compris celles des fous, et ne s’occupe pas du reste. Un méchant juge est celui qui pense qu’une société complexe a besoin de lois qui ne se limitent pas à condamner les indigents ou les pauvres d’esprit.