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Dimanche, 10 Janvier 2010 |
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Football et identité nationale
Héry Djéhuty |
Tribune libre
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Lancé en Octobre 2009, le débat sur l’identité nationale suscite au sein de la classe politique moultes polémiques, redonnant du même coup toute sa vigueur au bon vieux clivage gauche/droite. A travers cette question, c’est donc la France qui légitimement s’interroge sur ce qui fonderait le ciment de la nation.
Et plutôt que de pérorer inutilement sur la pertinence ou non de ce débat, privilégions la démarche originale qui consisterait à analyser l’identité nationale sous le prisme du sport collectif numéro un au monde: le football.
Vous n’êtes pas sans savoir que la prochaine coupe du monde se déroulera cet été en Afrique du Sud. Compétition pour laquelle la France vient difficilement d’obtenir son sésame, en battant dans la douleur l’équipe d’Irlande.
Mais au delà de la victoire tricolore, qu’a-t-on vu lors de ce fameux match? Ni plus ni moins qu’une équipe de France aux individualités « théoriquement » supérieures au « onze » irlandais mais qui faute de cohésion et d’esprit d’équipe n’aura au cours des deux matchs, jamais été en mesure de dominer sur le plan du jeu les irlandais. Cette même équipe de France qui de surcroît ne devra son salut qu’à une main plus que litigieuse de sa star, Thierry Henry.
De la main de Thierry Henry au débat sur l’identité nationale, vous vous demandez où se situe le rapport? Il réside tout simplement dans le fait qu’un amas d’individualités ne considérant le prestigieux maillot tricolore que comme un simple faire-valoir exclusivement bon à faire grimper sa côte sur le marché des transferts ne constituera jamais un bloc solidaire (et encore moins identitaire) face à un groupe homogène semblable à l’équipe d’Irlande, transpirant par tous ses ports l’amour et le respect de sa patrie.
Et ce ne sont pas les récentes déclarations d’Anelka - sous produit marketing de Danone -expliquant en substance qu’il ne reviendra jamais jouer en France pour incompatibilité d’humeur, (pour ne pas dire fiscale !)qui infirmera ce constat.
En un mot, si la francisation à outrance a pu permettre à la France de disposer d’un vivier inépuisable de talentueux footballeurs, elle comporte également son revers de médaille faisant de la France une équipe de foot dont les joueurs se sentent souvent peu concernés par l’idéal patriotique. Dans cette histoire, c’est finalement le serpent « assimila-sioniste » qui finit par se mordre la queue.
Autre symbole de l’assimilationisme footbalistique, le dénommé Mario Balotelli. Encore un énième attaquant italien à la froide efficacité devant le but comme seule l’Italie sait les fabriquer. On se l’imagine facilement barbe finement taillée et look de playboy à la chevelure longue.
Sauf que dans le cas présent, la configuration est toute autre: nous avons certes un joueur italien mais chose surprenante au pays de Dante, ce dernier tire ses origines du Ghana. Un parcours atypique qui s’explique par le fait que ce joueur née en Italie fut abandonné tout petit, peu de temps après une hospitalisation pour de graves problèmes abdominaux. Il finira par la suite adopté par une famille italienne.
En 2008 montrant des qualités footbalisitiques hors du commun, il sera rapidement appelé en équipe nationale italienne espoir. Une sélection qui en France n’aurait rien d’exceptionnel mais qui dans un pays comme l’Italie (que l’on peut difficilement qualifier de négrophile) fait quasiment office d’acte révolutionnaire. Balloteli se voit ainsi régulièrement prit pour cible par les supporters adverses, le conspuant avec son club de l’Inter Milan en raison de sa couleur à chacunes de ses sorties. Faut-il s’en émouvoir outre mesure ?
En analysant la situation à froid, on comprend dans cette affaire que ce qui est condamnable n’est pas tant la réaction indignée d’une frange xénophobe de supporters italiens mais plutôt l’ahurissante attitude de soumission et de perpétuelle complainte du joueur. Une servitude qui se mue en obstination lorsque récemment le sélectionneur de l’équipe ghanéenne observant le climat plus que délétère autour de Balotelli lui proposa d’intégrer la sélection de son pays d’origine. Réponse de ce dernier: « Sono italiano, mi sento italiano, giocherò sempre con la Nazionale italiana. (Je suis Italien, je me sens Italien, je jouerai toujours avec l’équipe nationale italienne) ».
La messe est dite, le choix est irrévocable: à la fierté de défendre ses couleurs d’origines Balotelli semble avoir opter pour le masochisme.
Triste époque finalement que celle qui nous offre des mercenaires footbalistiques en représentant d’ un pays ou encore d’autres joueurs qui tels des tirailleurs sénégalais poussent l’esprit de sacrifice au comble de l’absurde. Mais finalement le pire n’est -il pas atteint lorsque l’on confie à une personne originaire du Liban un débat sur l’identité nationale française sous l’initiative d’un président en provenance de Hongrie…?
Héry Djéhuty est Conseiller politique de Kémi Seba. |
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Niveau 2 :: La Lettre « Les Nôtres »
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Niveau 3 :: Résistance Hors Serie
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