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Lundi, 7 Décembre 2015
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FN: comment en est-on arrivé là ?
Rédaction
Tribune libre
FN: comment en est-on arrivé là ?
Cinq personnalités du monde politique livrent leur analyse, au lendemain du score historique du parti lepéniste au premier tour des régionales.

Julien Dray, tête de liste PS dans le Val-de-Marne et cofondateur de SOS Racisme: «Il y a un danger à toujours croire que l’on détient la vérité»

«C’est une histoire longue et courte à la fois… Longue parce que la gauche n’a pas, collectivement, porté un nouvel idéal historique ni une modernité inclusive. Courte, car la légitime peur de certains de nos concitoyens devant les récents événements pousse à la confrontation. La différence entre hier et aujourd’hui ?Alors papy va vous dire… c’était mieux avant ! Non, il me semble simplement que le passage des Trente Glorieuses à un chômage de masse avec un risque de déclassement terrible, mais également la chute du mur de Berlin et la fin d’un idéal qui structurait politiquement le débat public font partie des bouleversements et des facteurs explicatifs de la mutation que nous connaissons. Ce sont autant de défis à relever pour la gauche, en sortant d’une posture défensive.

«Le fait que le FN présente des candidats jeunes peut être une autre explication, mais le jeunisme a aussi ses limites… Dans les années 80 une «génération morale» s’est levée. Avec le temps, ce combat s’est émoussé, la gauche a reculé, elle a même donné parfois le sentiment que les thèses de l’adversaire étaient les bonnes. Il faut d’abord s’efforcer de redonner envie. Mitterrand a su passer de la SFIO au Parti socialiste. Il nous faut regarder en face notre carte électorale, l’état de notre appareil partisan, de nos organisations de jeunesse, de la formation de nos militants.

«L’autre formule que j’entends depuis toujours concerne le décalage des partis traditionnels. Le paradoxe, c’est que le FN se pense et agit comme un parti à l’ancienne. La démocratie interne n’est pas leur référence absolue, loin de là. Ce qui est en décalage, c’est l’espoir des campagnes et la déception consécutive, c’est aussi la difficulté d’expliquer et de s’expliquer, surtout quand tout ne se passe pas comme prévu. Il y a un danger à toujours croire que l’on détient la vérité et qu’avec le temps, les gens finiront par vous être reconnaissants. En fait, tout se passe comme si le socialisme de proximité, très efficace dans la gestion des communes, avait progressivement effacé notre rêve collectif d’émancipation.»

Recueilli par Rachid Laïrèche


Marine Tondelier, élue EE-LV à Hénin-Beaumont : «L’échec collectif des politiques publiques est cinglant»

«Le Front national, c’est le dépassement de la politique. C’est un mode d’expression de la colère de ceux qui s’estiment laissés pour compte et incompris, mais aussi de l’espoir d’être enfin pris en considération. Les politiques aveugles peuvent se rassurer en se disant que ce sont les électeurs qui n’ont rien compris.

«Depuis des années, les responsables politiques aux commandes se rassurent à chaque échéance en se disant que le vote d’extrême droite n’est qu’une passade. Qu’il a atteint son apogée et ne peut, à l’avenir, que décliner. La vérité, c’est que l’échec collectif des dernières années de politiques publiques est cinglant et que la moindre des choses, pour commencer à reconstruire la vie politique républicaine de ce pays, serait de commencer par l’admettre et d’en tirer les conséquences.

«Nous sommes comme face à un raz-de-marée qui emporte tout sur son passage et contre lequel il est impossible de lutter tant que la vague déferlera, d’où le sentiment d’impuissance légitime de beaucoup de militants sincères quel que soit leur bord. La question, c’est demain. Sur le champ de ruines que ce tsunami laissera derrière son passage, quelles forces politiques seront encore debout, et dans quel état ?

«Ma génération s’est vu dessiner un présent et un avenir dans lesquels nous peinons à trouver un travail stable et de qualité, elle a fait une croix sur l’espoir d’avoir, un jour, une retraite et elle sera la première génération à vivre moins longtemps et en moins bonne santé que ses parents. Quand la vue court-termiste des générations précédentes a épuisé les ressources naturelles, déréglé le climat et produit des déchets nucléaires sans savoir comment les gérer. Alors oui, aujourd’hui, je leur en veux. Et ce d’autant plus que je fais partie de celles et de ceux qui sont censés être la relève. Mais la relève de quoi ? Ceux qui se sont servis de la politique comme l’on tire profit d’une rente ont réussi l’exploit de mettre les électeurs en colère contre la politique dans son ensemble.

«Le Front national, en revanche, parce qu’il bénéficie d’une sorte d’aura dans la période, peut monter des micropartis à la limite de la légalité, cumuler, se financer auprès de Poutine et maltraiter ses opposants sans qu’il ne lui en soit tenu rigueur par les électeurs. C’est décourageant.»

Recueilli par Rachid Laïrèche


Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière: «Un sentiment d’abandon»

«L’austérité est trois fois suicidaire : socialement, économiquement, démocratiquement. Le chômage, les inégalités, la fiscalité, la fermeture de services publics, la désertification rurale, tout cela contribue à faire monter, en France et en Europe, les mouvements de rejet de l’autre. A la Conférence sociale, en octobre, le Président a évoqué des risques politiques et démocratiques, mais au-delà de ce constat, que fait-on ? Les orientations économiques ont-elles été modifiées ? On a l’impression que, quoi qu’il arrive, les politiques poursuivent le même chemin. Les gens ne voient pas leur situation évoluer et cela nourrit un sentiment d’abandon. Et quand ils ne l’expriment pas socialement, cela finit par s’exprimer politiquement. Je ne crois pas que la question identitaire soit l’élément majeur. Il suffit de regarder l’histoire : les mouvements de rejet de l’autre grimpent en période de difficultés économiques. Après viennent se greffer d’autres choses.»

Caroline Mécary, avocate, conseillère de Paris: «François Hollande a trahi ses électeurs»

«Le basculement s’est fait avec l’élection de Sarkozy en 2007, remportée sur une supercherie programmatique. Conseillé par Patrick Buisson, il a été le premier à faire sauter la digue qui séparait la droite de l’extrême droite, contaminant le discours de la droite républicaine. Cette banalisation s’est couplée à une politique économique favorisant les classes aisées, au détriment des classes les plus souffrantes. En 2012, François Hollande était porteur d’un espoir de rupture. Il devait assurer une cohésion sociale, un vivre-ensemble apaisé. Il a trahi ses électeurs : de renoncements en capitulations, il a instauré une politique sociale-libérale, faisant le choix de l’austérité. Partout, on resserre les boulons, et le sentiment de trahison se mue en colère.

«A cela s’ajoutent le contexte particulier des attentats et la question des réfugiés. Le FN, qui a l’avantage de n’avoir jamais gouverné, ne s’embarrasse pas de la réalité des solutions à apporter. Il surfe sur ce terreau délétère avec des idées simples, désignant des boucs émissaires - les immigrés pour l’insécurité - et dédouanant le citoyen de toute responsabilité. Les «daechiens» représentent un allié objectif du FN : ils partagent un même but de division des différentes communautés qui composent la France.

«Se positionner pour combattre le Front national, c’est le mettre au cœur du jeu politique et dire la faiblesse des projets politiques de la gauche et de la droite. Pendant cette campagne, on a oublié d’aborder les compétences régionales - logement, formation professionnelle ou transports -, préférant la sécurité et l’immigration. Ces élections sont donc une sanction de la politique nationale.»

Recueilli par Léa Iribarnegaray


Benoist Apparu, député LR, ex-ministre: «Les extrêmes sont les enfants de la crise»

«Le vote FN est avant tout un vote économique. Depuis un siècle, les extrêmes sont les enfants de la crise. Prenez le FN : il apparaît en 1974, au moment du premier choc pétrolier, il s’impose dans le paysage en 1983, lors du «tournant de la rigueur» de François Mitterrand, et il progresse jusqu’au milieu des années 2000. Son premier reflux significatif, il l’enregistre en 2007, précisément quand la situation économique enregistre une réelle embellie : le taux de chômage est alors tombé à 6,5 % et les conjoncturistes commencent à dire que le plein-emploi est à portée de main. A partir de 2008, la crise des subprimes puis celle des dettes souveraines européennes touchent la France de plein fouet : les scores du FN s’envolent de nouveau !

«J’ai par-devers moi une carte qui classe les 100 départements français en fonction de leur qualité de vie, laquelle est appréciée au regard de fondamentaux économiques comme le chômage, la mortalité, l’accès des jeunes à l’éducation supérieure… Si je résume à grands traits, la France de l’Ouest se porte à peu près bien, le grand quart nord va très mal et la bande méditerranéenne est partagée. Si vous superposez à cette carte, la carte électorale du FN, elles se recoupent. Parce que quand vous vivez mal, que vous craignez le déclassement social ou la perte de votre emploi, vous cherchez un responsable. En France, le bouc émissaire, c’est soit le bourgeois, soit l’Arabe.

«Si l’explication économique est centrale, il en existe d’autres plus secondaires à mes yeux. La sécurité et l’immigration jouent un rôle dans le comportement des électeurs, mais bien moindre que ce que certains affirment. La démagogie a aussi sa part de responsabilité : depuis trente ans, les partis font campagne pour gagner, pas pour gouverner. A peine victorieux, les politiques oublient leurs promesses, jusqu’à parfois faire l’inverse. La campagne de Hollande en 2012, comme celle de Chirac en 1995, en est une caricature. Quand on prend les électeurs pour des cons, on ne peut s’étonner qu’ils se détournent de vous.»

Recueilli par Nathalie Raulin

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