Percée du FN : droite et gauche se renvoient la responsabilité
Après le choc du premier tour, le PS et Les Républicains cherchent la meilleure parade au FN. Mais Manuel Valls et Nicolas Sarkozy s’opposent sur la stratégie à adopter.
Au lendemain du nouveau et spectaculaire coup de semonce du Front national, c’est le temps de la mobilisation générale à droite comme à gauche pour le second tour des régionales dimanche . Une mobilisation générale dans laquelle les deux camps se disputent le statut de « meilleur rempart » face au FN. « Le rempart, il faut que la gauche en prenne conscience, c’est elle, la gauche et les écologistes », a martelé lundi matin le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll. Au second tour, les électeurs devront « se mobiliser en faveur de la seule alternance possible : celle incarnée par les républicains de la droite et du centre », n’a eu de cesse de répéter, pour sa part, Nicolas Sarkozy, le président des Républicains.
Des positions incompatibles
Mais dans cette campagne de second tour, droite et gauche se renvoient aussi la responsabilité de la montée du parti d’extrême droite. Pour la droite, l’échec des socialistes dans l’exercice du pouvoir est la principale explication à la montée du FN. Pour la gauche, le refus de la droite de faire appel au front républicain la rend responsable des succès électoraux du FN. Au final, des positions incompatibles à même de renforcer la dynamique du FN, qui surfe sur la dénonciation et l’échec de « l’UMPS ». En plus d’un vote de rejet, les suffrages apportés au FN sont devenus un vote d’adhésion qui bouleverse les deux camps.
Après le « ni-ni » de la droite proféré dès dimanche soir, Manuel Valls a justifié lundi soir sur TF1 la position du PS de se retirer dans trois régions. Il a clairement appelé à voter pour les candidats LR. « J’assume ma responsabilité, c’est ma grande différence avec Nicolas Sarkozy », a-t-il déclaré, avant de revenir sur les « deux conceptions de la France » : celle de la République, et celle de l’extrême droite, « qui n’offre aucune vision ». Pour le Premier ministre, la gravité de la situation justifie aussi le retrait. Une flèche destinée au socialiste Jean-Pierre Masseret, qui a choisi de se maintenir en Alsace Champagne Ardenne Lorraine . « Quand la République est en cause, on n’hésite pas, on ne s’accroche pas à un poste, on est à la hauteur des enjeux » a-t-il ajouté.
Lui répondant un peu plus tard sur France2, Nicolas Sarkozy, a pour sa part rappelé son refus de toute « combinazione », pointant la responsabilité de la gauche dans la montée du FN. « Chaque fois que la gauche a été au pouvoir, ça s’est traduit par une explosion du FN » a -t-il lâché. Il a aussi martelé que les résultats du premier tour signifiaient qu’il y a, selon lui, « deux grandes formations politiques en tête », le FN et les Républicains.
L’ex-chef de l’Etat, à l’attention des électeurs du FN qu’il aimerait ramener à lui, a aussi assuré qu’il « entendait et comprenait l’exaspération profonde des Français », « de tous ceux qui travaillent dur et n’en peuvent plus, […] ceux qui aiment la France et ont peur que l’on change leur mode de vie », s’exonérant une nouvelle fois de toute responsabilité. Dans ce contexte, rares sont ceux à pointer la responsabilité partagée de la droite et de la gauche au pouvoir depuis l’émergence du FN il y a trente ans.
« Un échec global »
L’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin est de ceux-là. Il a reconnu « un échec global ». « Ce qui nous est reproché aujourd’hui, c’est que la seule réponse de la République, c’est l’impuissance, a-t-il lâché lundi avec beaucoup d’émotion. On ne traite pas le chômage, l’école ne marche pas bien, on a des difficultés énormes dans tous les domaines. […] Il faut reconstruire la République, il y a un travail énorme à faire. »