"C'est la première fois dans l'histoire des cinq Républiques françaises que l'extrême droite est en tête"
Le Front national arrive premier dans six régions sur treize au premier tour des élections régionales.
Les scores du Front national premier tour des élections régionales du 6 décembre marquent "un tournant non seulement dans l'histoire de la Ve République, mais dans l'histoire de nos cinq Républiques", affirme Alain Duhamel. C'est la première fois qu'un parti d'extrême droite arrive en tête à un scrutin important et qu'il peut légitimement revendiquer le titre de "premier parti de France", selon l'éditorialiste.
"Il y a eu des poussées d'extrême droite dans l'histoire française, à la fin de l'aventure du Général Boulanger, au moment de l'affaire Deyfus ou encore avec Vichy (qui n'était pas la République), mais cette fois-ci, ça n'est pas éphémère, minoritaire ou groupusculaire", dit-il. "C'est un mouvement qui s'est construit progressivement depuis 30 ans, avec des hauts et des bas et qui est, inexorablement, de plus en plus puissant". Le Front national n'est plus simplement un parti "protestataire", c'est un parti "d'alternance", analyse Alain Duhamel.
Première explication de cette montée du FN : un échec flagrant du modèle social français, "le plus protecteur de tous, mais aussi le plus coûteux et celui qui propose le plus d'insatisfactions et de peurs du chômage, du déclassement, de l'abandon". Ensuite, les circonstances tragiques de cette année - les attentats, la poussée migratoire, la hausse du chômage - ont bénéficié au Front national. Enfin "il y a un mouvement nationaliste en Europe, dans deux pays sur trois" note Alain Duhamel, et le FN en devient "l'emblème".
Pas de solution miracle pour le deuxième tour
Dans les régions où le FN pourrait l'emporter, le PS et Les Républicains ont des réactions radicalement opposées. Le premier prône le retrait de liste alors que le parti de Nicolas Sarkozy est pour le maintien. "En vérité, il n'y a pas de bonne solution : si on se retire c'est une défaite, si on se maintient on aide le Front national, et si on fusionne on lui donne des arguments", dit-il. "C'est une défaite politique dans tous les cas, mais au moins les socialistes respectent leurs valeurs, alors que Les Républicains sont en contradiction".