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D'un extrême à l'autre
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06/06/04 |
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8.13 t.u. |
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Tom Wagener |
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Il y a plusieurs années, poussé par mon refus du libéralisme, j'avais adhéré à un groupe d'extrême gauche assez radical. Je l'ai quitté récemment en désaccord avec l'idéologie et les pratiques de cette mouvance. Je suis désormais proche des idées nationalistes-révolutionnaires et tercéristes, j'ai rapidement découvert que les pères fondateurs du socialisme français et européen (Proudhon, Blanqui voire Marx et Bakounine) étaient plus proches du solidarisme d'aujourd'hui que du gauchisme anti-national. Ce texte s'adresse donc aussi bien aux militants d'extrême gauche qui refusent l'idéologie néfaste de leurs dirigeants qu'aux militants nationalistes voulant comprendre les forces et les faiblesses de leurs adversaires.
Je traiterai d'abord de l'hypocrisie du milieu puis du pouvoir indéniable que possède la mouvance malgré sa faible importance numérique (quelques milliers de militants en France) et son faible encrage dans la population.
Note : par « extrême gauche » je décris la mouvance constituée des trotskistes, des libertaires et des rares maoïstes en France, je ne parle ni des communistes orthodoxes ni des différents mouvements altermondialistes.
L'hypocrisie du milieu
Tout le monde connaît les idées caricaturales que développe l'extrême gauche sur l'immigration et les questions nationales. En l'occurrence, son apologie du métissage et son attitude stupide vis à vis de l'insécurité. Ainsi, les militants gauchistes qui subissent comme tous les autres citoyens l'insécurité et s'en plaignent en privé en nient pratiquement l'existence en public et l'imputent à la télé, à la propagande de l'Etat, à Sarko, au FN ou à une autre connerie quelconque. Les enseignants, très présents dans le milieu, luttent tous les jours contre des « adolescents destructurés » d'origine étrangère et souffrent grandement des problèmes de banlieues. Evidemment, il ne viendrait jamais à l'idée à ces génies de proposer des mesures anti-immigrationnistes, au contraire, le fait d'évoquer un moindre doute quant aux bienfaits sociaux de l'immigration vous fera vous faire systématiquement ostraciser par le milieu.
De la même façon, inutile de dire que l'immigration est en partie responsable du chômage actuel, vous passerez pour un « facho ».
Les gauchistes se complaisent dans un antipatriotisme féroce mais n'hésitent jamais à soutenir des régimes et des mouvements de libération nationale plus proche du national-bolchevisme que du socialisme internationaliste. Ainsi, ils ont soutenu la Chine maoïste, Cuba, l'OLP, les différents mouvements nationalistes du Tiers-monde etc. Je ne critique nullement ces Etats et mouvements mais je constate que pour les gauchistes, le patriotisme n'est bon que pour les peuples hors de l'Occident. Dites à un gauchiste que vous êtes nationaliste français, vous passerez pour un « fâchiste » voire un nazi. En revanche un Sud-Américain ou un Arabe pourra se dire nationaliste sans problème et pourra opprimer d'autres minorités ethniques (les Kabyles et les Sarahouis, on connaît pas chez les gauchistes).
Les groupes d'extrême gauche seront cependant dans tous les combats pro-palestiniens, non pas par volonté de lutter contre l'axe américano-sioniste (les trotskistes français ont ainsi aidé l'Irgoun dès la création de l'Etat sioniste), mais pour draguer les jeunes musulmans considérés comme le nouveau prolétariat. Il va de soit que les groupes d'extrême gauche sont à peu près aussi blancs dans leur composition ethnique que les groupes d'extrême droite et n'arrivent pas à toucher leur chère jeunesse maghrébine tant désirée. On constate néanmoins la forte présence d'une certaine minorité ethnique dans les partis gauchistes (suivez mon regard). Je pense que la proportion d'individus de cette minorité dans le nombre de cadres de certains groupes dépasse les 50%.
L'idéologie gauchiste est généralement involontairement comique et les militants des groupes même les plus radicaux n'y croient plus. Dans leur propagande publique, ils vous soûleront avec la Révolution, le Prolétariat, mais ils rêvent tous de faire partie du système en le critiquant (pourquoi tant de professeurs d'université appartiennent à ses sectes politiques à vôtre avis).
Les forces du mouvement
On pourrait penser que les groupes d'extrême gauche ont donc peu de chances de toucher le peuple, or la mouvance, qui ne dépasse pas les 10 000 militants possède un surprenant dynamisme, électoralement (Laguiller qui dépasse les 5% à chaque élection malgré un discours simpliste, Besancenot qui lui aussi fait un bon score malgré un parti à l'époque exsangue) et dans les luttes (Lutte ouvrière, la LCR et la CNT ont été très présents dans les mouvements sociaux des enseignants et des intermittents). On peut facilement découvrir pourquoi.
1 Des militants très motivés.
Les militants d'extrême gauche de toutes tendances sont probablement les meilleurs militants politiques. Ils n'hésitent jamais à donner leur temps et leur argent, leurs week-ends sont occupés par les manifestations et la semaine par les tractages, les collages et le militantisme dans de multiples partis et organisations. Les membres de Lutte ouvrière et de la LCR versent 10 à 15% de leurs salaires à leurs organisations. Tous les militants politiques d'extrême gauche sont syndiqués et ils sont souvent les salariés les plus combatifs. Ajoutons à cela que les gauchistes sont très souvent membres de plusieurs comités ou associations (comités anti-guerre, pro-palestiniens, pro-Chiapas, féministes, etc.). Certain vont jusqu'à choisir des métiers qui leur permettront de mieux militer.
2 Des organisations solides
Les organisations d'extrême gauche font preuve d'une remarquable longévité, la majorité des organisations libertaires ou trotskistes est née dans les années soixante, voire avant, il n'y a que les groupes maoïstes qui ont disparu mais leurs militants sont encore présent dans le « mouvement social ». Les générations de militants se suivent et assurent la continuation. Chaque organisation si microscopique soit-elle dispose de son bulletin diffusée par les NMPP. Les plus grosses disposent de leur librairie et possèdent des locaux dans plusieurs villes. Le cas le plus incroyable est celui de la minuscule Fédération Anarchiste qui doit être constituée de 200 militants et qui possède une librairie, un hebdomadaire, une maison d'édition et une radio qui émet sur la région parisienne. Notons également que les organisations disposent de dirigeants qui commandent leurs troupes et virent les contestataires (la LCR considérée comme « cool » a récemment éjecté une tendance trop anti-impérialiste).
3 L'entrisme
Contrairement aux idées reçues, l'entrisme n'est pas une spécificité des trotskistes lambertistes du Parti des Travailleurs mais est une pratique répandue dans toutes les organisations. Ainsi, les membres de la LCR investissent tous les comités anti-truc ou pro-machin cités précédemment, ils noyautent systématiquement toutes les mouvements anti-mondialisation ce qui leur donne une sale réputation dans le « milieu ». Les membres de Lutte ouvrière infiltrent la CGT de manière clandestine. Les mouvements s'infiltrent en eux, ainsi, le mouvement anar Alternative Libertaire est le cheval de Troie de la LCR dans la mouvance anarchiste. Le Parti des Travailleurs contrôle la Libre-pensée, est très présent dans le Grand-orient et constitue une puissante minorité à FO puis qu'il réussit à infléchir la politique de ce syndicat jadis considéré comme « jaune ». Le syndicat SUD est également une création des gauchistes de toutes tendances qui étaient présents à la CFDT. Les trotskistes sont les rois de l'entrisme mais les libertaires l'exercent également avec moins d'efficacité. Le noyautage trotskiste est tellement efficace que les dirigeants d'ATTAC (des ex-PCF reconvertis dans l'anti-mondialisation) ont dû à créer une organisation non démocratique de peur d'une prise de contrôle trotskiste.
4 Un opportunisme sidérant
Les dirigeants des groupes d'extrême gauche font preuve d'un opportunisme absolument ahurissant, se contredisant fréquemment. De la LCR pro-URSS jusqu'en 1989 puis résolument antisoviétique, de Lutte ouvrière appelant à voter Mitterand en 1981 puis crachant sur le PS pendant deux décennies, des lambertistes aidant militairement Israël dans le passé puis professant un antisionisme suspect, en passant par les anarchistes votant pour Chirac en 2002 ou Besancenot qui provoque la chute de Jospin puis qui appelle à manifester contre le fascisme. Les organisations d'extrême gauche bafouent sans arrêt leurs propres idéologies qui sont pourtant très strictes (marxisme-léninisme, trotskisme, communisme libertaire).
5 Un important pouvoir de nuisance
Les groupes d'extrême gauche malgré leur faible importance numérique et leurs divisions arrivent à remporter d'importants succès. La déliquescence du PCF provoque l'augmentation de la main-mise gauchiste sur le « mouvement social ». L'extrême gauche est plus présente que la gauche officielle sur le terrain et la pousse par ses provocations à se radicaliser d'avantage sur le terrain social. Les mouvements gauchistes ont ainsi une réelle influence sur la gauche parlementaire alors que le FN n'a strictement aucune influence sur la droite parlementaire. Mais le plus grand succès de l'extrême gauche est sa victoire idéologique, son antiracisme angélique (propagée depuis les années 80 par SOS-racisme a l'époque noyauté par les gauchistes) a totalement englobé la population française et particulièrement la jeunesse. Dans la faculté ou j'étudie, me dire nationaliste me vaudrait un lynchage instantané de la part de mes camarades.
Des solutions possibles
Lorsque que l'Intifada éclatait et que les USA attaquaient l'Iraq, toutes les conditions étaient réunies pour voir l'émergence d'un courant nationaliste européen luttant contre les Américano-sionistes, c'est l'extrême gauche qui a battu le pavé et qui a fait une démonstration de sa force. Les « identitaires » réactionnaires refusaient de prendre parti pour la Palestine et préféraient combattre des groupes de rap plutôt que de dénoncer la guerre en Iraq. Aujourd'hui, alors que Gaza est à feu et à sang et que l'Iraq sombre dans le chaos, ils préfèrent protester contre le mariage homo et pour l'expulsion de Battisti. Reproduisant ainsi le vieux discours réac d'extrême droite, ce même discours qui mine le nationalisme depuis des décennies. Aujourd'hui, 20% des Français votent Le Pen et le FN reste le premier parti ouvrier malgré son idéologie droitière libérale. Après le retrait du menhir de la vie politique toutes les conditions seront réunies pour voir un parti nationaliste révolutionnaire et anti-impérialiste prendre de l'importance. Mais pour cela, il faut remporter à la fois le combat idéologique et culturel mais aussi reprendre le pavé aux groupes gauchistes en affichant un réel anti-libéralisme et renoncer au populisme libéral.
Je ne crois pas que les gauchistes sont plus nombreux que les nationalistes de toutes tendances, nous pouvons très bien réussir même si nous devons imiter leurs méthodes.
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