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Et si nous devions être favorable à l’entrée de la Turquie dans l’Union européenne ?

03/12/04 16.02 t.u.
Claudio Mutti

C’est cette thèse que défend ci-dessous notre camarade Claudio Mutti dans un article fort bien pensé, à défaut d’être totalement convaincant.

L’Anatolie : une péninsule européenne

L’hypothèse d’une future entrée de la Turquie dans l’Union Européenne a donné lieu à des prises de position différentes. Ceux qui sont opposés à l’intégration de l’Etat turc dans l’Union, s’appuient généralement sur la conviction que la Turquie est un pays asiatique et donc étranger à la réalité européenne, cela pour des raisons d’ordre géographique, ethnique, linguistique, religieux et historique.

De mon point de vue, il semble que les choses soient un peu différentes. Je vais chercher à dire synthétiquement pourquoi.

En ce qui concerne la géographie, il faut se rappeller que dans l’antiquité la région anatolienne fut considérée comme une partie intégrant de l’Europe : Hérodote [IV, 45] fixait la frontière orientale de l’Europe à la hauteur de l’actuelle ville georgienne de Batoumi, à l’extrême ouest de la Mer noire. Au Moyen âge, comme nous l’apprenons de Dante [Par. VI, 5], l’Anatolie était « le bout de l’Europe ». Aujourd’hui les géographes tendent à voir dans la péninsule anatolienne, après les péninsules ibérique, italienne et grecque, la quatrième péninsule de l’Europe méditerranéenne.

En fondant son argumentation sur la géographie et sur des critères de type géopolitique [importance des Détroits et de la fonction de l’Anatolie en relation au Moyen Orient], Jean Thiriart a soutenu que « la Turquie est Européenne » [Jeune Europe, 6 Mars 1964], qu’« une Europe sans la Turquie serait puérile et suicidaire », et que « les campagnes de presse antiturques ne sont pas seulement de très mauvais goût, mais sont aussi des idioties politiques [...] L’Europe comprendra des Turcs, des Maltais, des Siciliens, des Andalous, des Kazakhs, des Tatars de Crimée – il en reste encore – » [Cent six réponses, p. 37]. « Le Bosphore, dit encore Thiriart, constitue le centre de gravité d’un Empire qui dans un sens va de Vladivostok aux Acores et dans l’autre de l’Islande au Pakistan » [Cent six réponses, p. 37].

Les Turcs sont-ils des européïdes ?

Du point de vue ethnique, le peuple turc implanté sur la péninsule anatolienne constitue le résultat d’une synthèse qui a eu lieu entre des peuples d’origines différentes. Depuis l’antiquité, l’Anatolie a été habitée par des populations généralement aryennes [dont les Hittites, les Lydiens, les Arméniens et les Celtes...]. Avec l’arrivée des Turcs Seldjoukides et ensuite des Turcs Ottomans, il y eut une fusion de l’élément autochtone avec celui touranien, ce qui fait qu’aujourd’hui on a en Turquie « un type mélangé, qui doit être considéré comme plus européen qu’asiatique » [Renato Biasutti, Le razze e i popoli della terra, Utet, Torino 1967, vol. II, p. 526]. Un autre expert reconnu des questions ethniques et linguistiques affirme que les Turcs de l’Anatolie « sont en majorité des européïdes très purs, qui ont adopté dans le passés la langue turque imposée par leurs conquérants centre- asiatiques » [Sergio Salvi, La Mezzaluna con la stella rossa, Marietti, Genova 1993, p. 60]. [1]

La langue officielle de la Turquie, le turc ottoman, comme toutes les langues turques appartient au groupe altaïque. Il s’agit donc d’une langue qui n’est pas indo-européenne, ainsi que ne sont pas indo-européennes tant d’autres langues parlées en Europe : les langues turco-tatare de la Russie, les langues caucasiennes, les langues finno-ougriennes [hongrois, finlandais, estonien, etc.] et le basque.

La religion professée par la presque totalité du peuple turc est l’Islam, une religion présente en Europe depuis le VIII° siècle. La Turquie est musulmane ainsi que l’ont été l’Espagne, la France méridionale et la Sicile ; ainsi que le sont encore aujourd’hui quelques régions de la Russie, du Caucase et des Balkans. En ce qui concerne l’Union Européenne, ce sont quatorze millions de musulmans qui vivent actuellement sur son territoire. Sous ce profil, donc, la Turquie ne représente rien d’exceptionnel.

Les événements historiques ont fait des Turcs, après leur installation en Anatolie et dans la Trace, un peuple européen. L’Empire ottoman fut dirigé pendant des siècles par une dynastie dans laquelle le taux de sang turc diminuait à chaque génération, puisque la mère du Sultan était ou grecque, ou slave ou circassienne ou même italienne. Dans un certain sens, on pourrait donc dire que les Sultans ottomans étaient « plus européens » que les rois hongrois descendants d’Arpad, et de filiation touranienne bien plus pure. Quant à la classe dirigeante ottomane, le vizir, les fonctionnaires politiques et les officiers de l’armée appartenaient pour un grand nombre aux peuples balkaniques. Les janissaires, c’est-à-dire l’élite militaire de l’Empire, n’étaient pas d’origine turque.

Du fait de sa dimension eurasiatique et méditerranéenne, l’Empire ottoman ne pouvait pas ne pas faire partie des puissances qui devaient garantir l’équilibre européen. Ainsi la Turquie devint une puissance européenne : de l’époque de Soliman le magnifique, lorsque la monarchie française instaura un rapport d’alliance avec le « Grand Turc », jusqu’au traité de Paris de 1856, lorsque il fut précisé expressément que la Turquie était « un membre effectif de la famille des nations européennes ». Dans la dernière phase de son histoire, la Turquie fut « le malade de l’Europe ».

La Turquie, cheval de Troie de Washington ?

Plus fondées apparaissent les raisons de ceux qui repoussent l’idée d’une entrée de la Turquie par la crainte qu’Ankara devienne, au sein l’Union Européenne, un cheval de Troie de Washington.

A dire la vérité, si la condition de l’adhésion à l’Union Européenne devait être l’orientation européiste des gouvernements européens, nous ne pourrions pas déterminer quels pays mérit eraient d’y rester. Certains, l’Italie en premier, devraient immédiatement en être expulsés. La cohérence donc voudrait qu’on s’oppose aussi à l’admission dans l’Union Européenne de pays qui sont aussi philo-américains que la Turquie, sinon plus, comme la Roumanie, la Bulgarie et l’Albanie.

Dans une étude vaste, approfondie et documentée de la question parue dans le numéro 1 d’Eurasia, Tiberio Graziani a exposé trois scénarios, que nous allons récapituler ici.

Le premier scénario [l’euroccidental] est celui de l’Union Européenne élargie à la Roumanie et à la Bulgarie, mais pas à la Turquie. D’un point de vue géopolitique, cette Europe ne constituerait pas une unité complète, parce qu’elle serait dépourvue de son contrefort sud-oriental et qu’elle aurait un poids militaire insuffisant dans la Méditerranée. L’Europe continuerait à être une tête de pont pour la conquête américaine de l’Eurasie. La Turquie, tenue hors de l’Union Européenne et utilisée par les USA, représenterait un sérieux facteur de déstabilisation pour l’Europe, parce qu’elle maintiendrait la tension dans les Balkans et entraverait l’intégration de la Croatie, de la Serbie, de la Macédoine, de la Bosnie et de l’Albanie. C’est le scénario qui se réaliserait si prévalaient les prises de position des divers « France-Israël », des Ratzinger, des islamophobes et des néolepantistes de toute sorte.

Le second scénario [l’euroamericain] considère que la Turquie entre dans l’Union Européenne pour y renforcer le parti atlantique, déjà largement représenté par la Grande-Bretagne, l’Italie, la Pologne et la Hongrie, et pour saboter les efforts franco-allemands d’émancipation. Cette stratégie [qui se base sur la théorie de Huntington] prévoit que les positions turcophobes de quelques pays européens se renforceront de telle manière que la turcophobie, ajoutée à une montée en puissance d’une campagne de diffamation de l’Islam, creusent un fossé géopolitique entre l’Europe et les pays musulmans de la Méditerranée. Ce second scénario nous présente une Europe qui, en comprenant la Turquie, serait géopolitiquement complète ; toutefois une telle unité serait rendue vaine du fait du rôle occidentaliste confié à la Turquie. Même dans ce cas, l’Europe serait donc déstabilisée. C’est le scénario souhaité, en Italie, par Berlusconi, Fini, Pannella et Bonino.

A ce second scénario on connecte l’hypothèse que l’entrée de la Turquie dans l’UE puisse anticiper et justifier l’entrée de l’entité sioniste, même s’il faut tenir compte de faits considérables, comme les récents désaccords diplomatiques entre Ankara et Tel Aviv et le refus de la Turquie de participer à l’agression contre l’Irak.

Le troisième scénario [l’eurocentrique] prévoit le déplacement du centre politique européen sur l’axe Paris-Berlin et le glissement simultané de la Turquie de sa position philo-atlantique à une position continentale. Ainsi les USA perdraient un précieux allié et l’Europe acquerrait un élément indispensable. Du fragile trilatéralisme actuel [Londres, Paris, Berlin] on passerait à l’axe Paris-Berlin-Ankara. Avec l’entrée de la Turquie, l’Union Européenne acquerrait, indépendamment de l’OTAN, le contrôle des détroits et l’opportunité de faire valoir ses exigences concernants les ressources energétiques. Dans le contexte de l’Union Européenne, même la question kurde et celle de Chypre trouveraient une solution. Ce scénario est celui qui hante les cauchemats de Brzezinski et qui est souhaité par les eurasistes [voir l’entretien accordé par Alexandre Dougine au journal turc Zaman].

Du point de vue européen, ce troisième scénario est indubitablement le plus favorable. Pour qu’il se réalise, cependant, il faut au moins deux conditions. La première consiste dans un renforcement du courant politique qui a triomphé aux dernières élections turques et dans l’affaiblissement parallèle des centres de pouvoir des kemaliste. La seconde condition consiste dans l’atténuation, sinon dans la disparition, des sentiments turcophobes et islamophobes répandus en Europe et cultivés à dessein des partisans du « choc des civilisations ».

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Notes :

1 – Curieusement, Claudio Mutti ne fait pas allusion au « rapatriement » en Turquie orientale d’importantes communautés de slaves islamisés – et loyalistes vis à vis de la Porte – lors de l’effondrement de l’Empire Turc. [NDT]

 
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