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:::::::: histoire :: france et pays francophones ::

Hypothèse sur le 6 février

06/02/03 10.25 t.u.
Marcel Déat

(Cet article est probablement paru en février 1941 dans le journal L'Oeuvre.)


Je vois que l'on commémore, une fois de plus, la « journée » du 6 février.
Journée des dupes, comme plus d'une en notre histoire. J'ai dit plusieurs
fois ici même [dans les colonnes de L'oeuvre], depuis trois ans, mes
souvenirs et mon jugement. Dominique Sordet m'a demandé de le faire, une
fois de plus, dans une de ses feuilles d'Inter-France(1). Je ne veux donc
pas démontrer ce qui est démontré et commenter inutilement ce qui me paraît
assez clair. Je souhaite seulement qu'on ne dise pas trop de sottises autour
de ce tumulte d'il y a dix ans et que, chacun brandissant son exégèse, on
n'aboutisse pas à confirmer les clans et à ranimer les factions, au lieu de
préparer l¹unité dans un jugement conforme au bon sens.
Mais cette journée a eu des coulisses, cet événement spectaculaire a des
arrière-plans obscurs. Je n'aime pas les romans-feuilletons où interviennent
les complots et les conjurations, et le mélodrame n'est pas l¹Histoire. Mais
l'Histoire a si bien pris figure de drame authentique, depuis 1934, et nous
devinons tant de choses après coup, chaque fait prenant peu à peu son vrai
sens, que j¹en viens à me demander dans quelle mesure cette agitation a été
réellement menée par les partis français et si des influences étrangères
n¹ont pas dominé, dont nous avons été les instruments.
En 1934, la partie de la guerre n¹était pas jouée, il s'en fallait de
beaucoup. Les résistances à l'entraînement étaient vives et profondes dans
la majorité gouvernementale et dans le peuple. La mystique antifasciste et
antihitlérienne n'avait pas encore emporté les dernières défenses de la
raison. Le 6 février avait pour but, et en tout cas il a eu pour effet, de
provoquer un renversement de majorité et une modification gouvernementale
que l¹on n'aurait pas obtenus par le jeu régulier des procédures
parlementaires. Il ne s¹agit pas ici de suspecter les intentions de tel ou
tel groupe de manifestants. Ils y allaient de bon coeur, comme les gens de
Santerre et les Suisses du roi le 10 août, comme les ouvriers des faubourgs
et la garde nationale sous Louis-Philippe. Il s'agit des vrais meneurs du
jeu, qui étaient plus probablement à Londres qu¹à Paris.
On avait besoin à Londres d'une France guerrière, avec une forte armée. On a
pu raisonnablement penser, autour de la Cité, qu'une majorité de droite et
d'union nationale construirait plus sûrement l'outil de la protection
commune. On pouvait aussi juger, à cette époque, que les influences
britanniques s'exerceraient plus facilement sur certains hommes de droite.
Et l'on voudra bien ne pas oublier que le premier geste de M. Doumergue fut
d'appeler Barthou aux Affaires étrangères. Barthou était tout un programme,
et, en effet, il se mit à l'oeuvre.
Son premier geste fut de faire culbuter définitivement tout accord relatif
au désarmement. Son second geste fut d'aller se promener à travers l'Europe
pour vérifier les barreaux de la cage où l'on prétendait maintenir
l'Allemagne prisonnière, l'Allemagne dénoncée comme la « bête féroce » de
l'Europe. Toutes les alliances furent resserrées et consolidées, toutes les
amitiés balkaniques furent rafraîchies et vivifiées par des arrosages
opportuns. Il faudrait beaucoup de naïveté pour ne pas accorder quelque sens
et quelque portée à ces agitations précises. Et nul ne croira que, sous le
règne de M. Léger, le Quai d'Orsay ait pu prendre de pareilles attitudes
sans un complet accord avec le Foreign Office.
Nous avons donc l¹insurmontable impression qu'à partir du 6 février le grand
drame s'est noué. Le canon de M. Dolfuss, écrasant les résistances ouvrières
dans les faubourgs de Vienne, faisait écho aux coups de feu de La Concorde.
La France était très malade, mais l'Europe n'était pas moins incertaine et
troublée. Il est vrai que la suite est plus étrange encore : les réflexes
routiniers des partis aboutirent à une mythologie électorale fort commode,
qui coupait en deux blocs la France politique. Et l'on vit naître, dès le 12
février, le futur Front populaire, où déjà les communistes s'infiltraient,
après avoir beaucoup tourbillonné et trublionné durant la semaine. Témoin :
les extravagances du 8 et du 9.
Dès que Staline eut flairé les possibilités grandioses et profitables du
massacre occidental, il entra dans le jeu. Les patriotes et les nationaux
n'y furent point laissés seuls, les communistes, renchérissant sur leur
phraséologie, leur tendirent théâtralement la main. Et finalement, ils
empoignèrent celle de Paul Reynaud, de Mandel, de Kerilis et d¹un certain
nombre d'autres. Après une transition Laval-Flandrin-Sarraut, les élections
de mai 1936 firent frémir sur leurs gonds les portes du Temple. Il était
écrit dès lors que la guerre de Troie aurait lieu. Et le Front populaire en
devait être le cheval.
L'admirable, en cette manoeuvre belliciste, c'est que, commencée par
l'Angleterre sur un mode patriotique et national, par l'intermédiaire de
Doumergue et de Barthou, elle a pu se poursuivre et être menée à bien par le
concours irrésistible des masses populaires enivrées de passion. C¹est que
le renfort des gauches a achevé ce que la poussée des droites avait amorcé.
Il serait excessif d'imaginer que quelques cerveaux machiavéliques et
ténébreux aient pu, dès février 1934, en quelque officine londonienne,
concevoir ce coup de bascule étonnant. C'est Staline qui a commandé
l'orientation décisive et saisi, patiemment, tous les tisons d'Occident,
pour finalement allumer l'incendie qui flambe à travers le monde.
Mais le 6 février a été un commencement.

(1) Inter-France est une agence de presse créée en 1936 par Dominique Sordet
qui regroupa plus de deux cents journaux (Pour en savoir plus : Dictionnaire
commenté de la Collaboration française, de Philippe Randa, Jean Picollec
Éditeur, 1997, pp. 624 à 629 et le numéro 1 de Dualpha (mai-juin 1998) dans
lequel est reproduit le discours prononcé par Dominique Sordet en octobre
1942 sur l'histoire d'Inter-France.

 
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