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:::::::: entretiens ::

Interview de Hugo Chavez samedi 23 août 2003 par La Jornada

22/09/03 15.34 t.u.

Question : Le projet de Zone de libre-échange pour les Amériques, ainsi que le Plan Colombie et celui de Puebla-Panamà sont vus comme de clairs indices d'une intense recolonisation. Tel serait aussi le contexte qui entoure le Venezuela actuellement. Quelle est votre analyse ?

C'est bien ce qui se passe. L'offensive actuelle tient du même principe du Consensus de Washington et sa vaste
opération. Pour ce qui est du Venezuela, ceci a une connotation particulière. Le Venezuela est devenu un
obstacle idéologique à ce projet. Lequel prévoit de tout privatiser : pétrole, ressources énergétiques, services
publics, santé, éducation, absolument tout. Mais chez nous, c'est interdit par la Constitution qui a permis la refonte de la République. C'est la raison pour laquelle ils sont aux premières lignes du putschisme. Lors du coup d'État,
Washington a tout de suite donné son appui. Il y a en outre des données qui prouvent certaines participations. La
première action des putschistes a d'ailleurs été d'éliminer la Constitution, car elle représente un puissant obstacle
contre le plan néolibéral.

Comment le Venezuela affronte-t-il cette offensive et l'avancée militaire que se proposent les États-Unis, ou
encore cette idée de former une force latino-américaine pour intervenir en Colombie, ou les manoeuvres de pression
sur les pays latino-américains visant à donner l'immunité aux troupes étasuniennes opérant dans la région ?

Lors du récent sommet de Cuzco, Pérou, on a tenté d'évoquer cette idée de force latino-américaine, lorsqu'on a
dit que les Nations Unies devaient collaborer au dialogue de paix ou alors qu'il fallait envisager d'autres options. Et
lorsque le président de l'Équateur, Lucio Gutiérrez, a mis cette idée sur la table, j'ai immédiatement réagi avec
véhémence. Parmi les options évoquées figurait la possibilité d'intervention d'une force latino-américaine. J'ai
dit que l'idée était très dangereuse, que c'était une folie pour nos gouvernements. C'est une idée terrible et nous avons eu le dessus lors de cette réunion. Le Brésil et d'autres pays n'ont pas non plus donné leur accord. C'était la
première fois que quelque chose de semblable avait lieu : jamais personne n'avait proposé d'intervenir dans un autre
pays latino-américain ou contre une force agissant dans ce pays. Nous devons explorer tous les chemins vers la paix. Voilà cinq ans que j'y travaille. Nous avons même organisé des réunions entre le gouvernement colombien et la
guérilla. Nous leur avons proposé qu'ils se réunissent au Venezuela, mais il a été impossible de reprendre la voie
vers la paix. Et cela nous touche tous.

Que se passe-t-il avec la frontière commune de la Colombie et du Venezuela ?

Nous avons de plus en plus de problèmes là-bas, à cause de difficultés de la politique intérieure colombienne.
En fait, la politique de choc provoque des débordements et le Venezuela affronte alors les actions paramilitaires, des vols de bestiaux, des guérilleros et des paysans qui fuient les combats. Nous avons créé une Commission nationale
pour les réfugiés, afin de répondre à ce problème. Il y a peu, une action armée s'est produite et la grande presse
colombienne m'a accusé d'avoir donné l'ordre d'attaquer l'armée de son pays. Ce n'était absolument pas le cas. Il ne
s'agissait pas de l'armée colombienne, mais des paramilitaires. Et nous avons agi pour sauver des vies innocentes, les enfants et des paysans qui allaient être massacrés. Et ils disent que nous aidons la guérilla ! Nous devons savoir qu'en Amérique latine, il faut fomenter la paix, car la solution du conflit est une affaire de la souveraineté de la Colombie. Moi je pense que nous devrions former un groupe de paix en faveur de la paix qui n'a pas été conclue. Nous espérons que tous les secteurs concernés sauront rectifier.

Est-il possible que les défaites des putschistes et la récupération politique de votre gouvernement, ainsi que les nouvelles organisations nées de la nécessité de se défendre, rendent presque désespérée toute tentative de
l'opposition ?

Ceci est sans aucun doute très fort. Toutes les analyses que nous avons menées depuis le premier putsch, et avec tout le chagrin que nous ont causé les morts, les blessés, tout ce qui s'est passé, cela nous a renforcé, comme cela arrive lorsque les peuples font face à l'adversité. De nouvelles organisations populaires continuent d'ailleurs de naître. Nous avons été capables de répondre à ces mouvements et d'en sortir raffermis. Nous avons souffert d'énormes dommages économiques, qui ont stoppé certaines avancées. Le chômage descendait. Il a toujours été élevé, puis il est monté à 20%. Et avec le coup d'État pétrolier, l'inflation a décollé à nouveau.

En plus de cette campagne médiatique sauvage qui cause beaucoup de dommages, et bien au-delà des mensonges bas et infâmes de la guerre sale, il y a ce que tout cela produit chez les gens. Je dois dire qu'avec ces journées entières de campagne goebbelsienne, il y a maintenant des groupes dans la population vénézuélienne, de la classe moyenne et d'autres, qui sont vraiment malades. On les excite de telle manière qu'ils voudraient me voir mort. D'où l'étonnement que produit les déclarations de l'ex-président Carlos Andrés Pérez, car il est à la tête de ce courant qui défend la folie du magnicide.

(Fin juillet, Chávez avait accusé publiquement Pérez, réfugié à Saint-Domingue, de conspirer pour l'assassiner.
Des démarches officielles avaient même eu lieu pour demander au gouvernement dominicain d'enquêter. Mais cela n'avait rien de nouveau. Cet homme politique avait déjà écrit dans les médias espagnols que Chávez ne sortirait du
gouvernement qu'une fois mort. La réponse dominicaine fut de sous-estimer les dénonciations, bien que Pérez, dans
sa propre réponse, affirma qu'en tout cas, il ne s'agirait pas d'un 'magnicide' mais plutôt d'un 'tyrannicide'.)

Selon Chávez, il est plus qu'évident aux yeux de nombreux observateurs que Pérez, en qualifiant le gouvernement de tyrannie, justifie toute action. Et pour se convaincre de cet esprit de violence soutenu par des pays tels que les États-Unis, le gouvernement de droite de l'Espagne et certains groupes, comme les Cubains de Miami et d'autres, il suffit de se rappeler que dans le quotidien de Caracas 'El Universal', en janvier dernier on pouvait lire : « un gouvernant corrompu, répressif, appauvrissant son peuple, doit être expédié dans l'autre monde. Le plus tôt sera le mieux, et sans trop poser de questions ». Pour le président vénézuélien, cela est très grave. Il affirme que les mass médias poursuivent leur 'conspiration médiatique', comme lors de ce 'coup d'État médiatique' d'avril 2002, « qui a été dénoncé par diverses organisations et personnalités dans le monde ». Et d'ajouter : « Ils sont en train de créer le climat idéal pour un magnicide, où tout peut arriver, avec cette paranoïa collective qui se reflète dans l'exaspération et l'hystérie des dirigeants d'opposition, en l'absence de toute réflexion. Et cela, malgré mon attitude très permissive, puisque j'ai préféré les laisser fuir à l'étranger plutôt que de les jeter en prison. Ailleurs, on punit lourdement l'incitation à des délits tels que le magnicide. Nous avons tout supporté, car nous défendons un autre projet, quelque chose de nouveau et qui est en train de voir le jour au Venezuela. Comme par exemple l'alphabétisation de presque un million de personnes, dans le cadre de l'initiative appelée 'Mission Robinson', un projet cubain digne de respect et reconnu par les organismes internationaux

Organisation du peuple

Vous parlez d'organisation sociale et populaire.

Justement. Les milieux putschistes voient que l'organisation s'intensifie, que nous nous sommes renforcés, et cela les affaiblit moralement. C'est un peu comme un boxeur qui inflige plusieurs coups au menton de son adversaire, mais celui-ci ne tombe pas. Cela démoralise l'attaquant et donne force à celui qui tient bon. Le degré de réaction populaire est très fort. L'Union nationale de travailleurs a été créée, qui regroupe des courants divers et des syndicats très importants. Il y a aussi la « Classe moyenne positive », qui a surgi lorsque certains dans ce secteur de la société se sont rendu compte de la réalité. La Fédération bolivarienne d'étudiants progresse de jour en jour. Le Front populaire Ezequiel Zamora est né, ainsi que des organisations de producteurs, comme la Confédération nationale d'agriculteurs et d'éleveurs, ou encore les Chefs d'entreprise pour le Venezuela. Le temps est à l'organisation et à la croissance, en plus de tout ce qu'a créé notre révolution pacifique. Autre donnée importante : dans les forces armées, ce sont quelque 180 généraux, amiraux et officiers qui ont été éloignés. Ils formaient une haute sphère militaire gérant le budget et les relations avec les États-Unis et le monde, contrôlant les armes et entretenant des liens avec l'opposition et les milieux putschistes. Aujourd'hui les forces armées sont aux mains de patriotes, des généraux engagés envers la
Constitution. Leur présence aux côtés du peuple fut d'ailleurs très forte lors du putsch d'avril. Vous imaginez ce
qui se serait passé si les militaires étaient sortis des casernes pour massacrer, au lieu d'être là où ils furent ? Nous aurions eu pas moins de 20 000 morts !

Il y a une autre question brûlante : le fait que les maires disposent de leur propre police, notamment dans la grande
Caracas. Là, le maire opposant est à la tête d'une énorme force qui a ouvert le feu sur les chavistes pendant le coup
d'État.

Cette police métropolitaine dispose de 10.000 effectifs. J'ai été obligé de l'intervenir pendant trois mois, et on leur a
confisqué 5.000 armes de guerre, des mortiers, des véhicules blindés, des tanks. C'était une armée contre le peuple. Légalement, je ne pouvais maintenir cette intervention, mais nous avons réussi une petite opération de nettoyage et nous avons rendu la police au maire. Nous répondrons à toute tentative de la police métropolitaine de répéter ses actions putschistes ou de pour mitrailler les gens dans la rue. Ils ont été jusqu'à jeter des gaz depuis un hélicoptère. C'était criminel ! Nous avons d'ailleurs un plan bien élaboré si jamais une telle force est utilisée à nouveau sans justification. La solution sera politique, légale, juridique. La Constitution exige la création d'une police nationale. Une loi qui est sabotée par l'opposition. Toutefois, nous avons une petite majorité à l'Assemblée, qui déploie tous ses efforts pour faire adopter cette loi. La police nationale absorberait la police métropolitaine. Alors nous pourrons la transformer. Ce sera une très bonne chose pour le pays.

Traduction de l'espagnol : Gil B. Lahout.

 
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