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Ledesma Ramos : un national-bolchevick espagnol ?
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02/06/02 |
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5.58 t.u. |
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Juan-Antonio Llopart |
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RAMIRO ET LES SYNDICALISTES DE LA CNT
Les écrits de Ramiro comportent constamment des commentaires et des remarques favorables à certains secteurs de la CNT (NDLR : Confédération Nationale des Travailleurs. Très important syndicat anarchiste espagnol). Ainsi dans le numéro 14 de La Conquête de l’Etat, une page entière fut consacrée au Congrès Extraordinaire de la CNT, page dans laquelle Ramiro écrivit : « Nous devons être aux côtés de la CNT en ces instants où s'établissent les rapports de force sociaux. Ainsi croyons-nous accomplir notre devoir d'artisans de la conscience et de la future et authentique culture d'Espagne ». Dans le numéro 11 de cette même publication fut aussi publié un dialogue entre Ramiro et Alvarez de Sotomayor, membre alors de la CNT qui rejoindra par la suite les JONS, dans lequel le dirigeant jonsiste affirme: « Les Syndicats Uniques de la CNT mobilisent les forces douées du plus brave et magnifique caractère révolutionnaire qui existe en Espagne. Soréliens à éducation antipacifiste et guerrière ... quand arrivera le moment de lever l'étendard des différences radicales, nous le ferons : mais entre temps nous les considérons comme camarades et en de nombreuses occasions nous tirerons à leurs côtés, soucieux de semer la désolation et la mort dans les rangs de la pâle médiocrité bourgeoise ».
Les dissidences et les scissions ne manquèrent pas à l'intérieur de la CNT. Elles furent provoquées en grande partie par les discordances entre les syndicalistes révolutionnaires et les communistes libertaires de la Fédération Anarchiste Ibérique. Cela facilita les contacts et rencontres avec des éléments du Parti Syndicaliste (NDLR : une scission de la CNT) d'Angel Pestana et avec des groupements locaux de cénétistes. Ramiro lança dans le numéro 3 de La Patrie Libre un appel « aux groupes dissidents de la CNT, au groupe des trente, au Parti Syndicaliste présidé par Angel Pestana, aux possibles secteurs marxistes qui ont appris la leçon d'Octobre, à Joaquin Maurin et ses camarades du Bloc Ouvrier et Paysan », il leur écrit : « Rompez toute amarre avec les illusions internationalistes, avec les illusions libérale-bourgeoises et avec le parlementarisme. Vous devez savoir qu'au fond, ce sont là les drapeaux des privilégiés, des grands propriétaires terriens et des banquiers. Car tous ces gens sont internationaux comme le sont leur argent et leurs négoces. Libéraux, car la liberté leur permet d'édifier féodalement leurs grands pouvoirs contre l'Etat National du Peuple. Parlementaristes parce que la machine électorale est dans leurs mains : la presse, la radio, les meetings et la propagande »24. Ce fut là un appel au FRONT UNI CONTRE LE SYSTEME, auquel répondirent de nombreux dirigeants et militants de base de la CNT et de partis d'extrême gauche, parmi lesquels, Guillen Salaya, Nicasio Alvarez de Sotomayor, Olalla, Pascual Llorente, Enrique Matorras, José Guerrero Fuensalida, Luis Ciudad ... entre autres. Tous comprirent les consignes jonsistes d'unir le national et le social. Ensemble ils levèrent l'étendard de la révolution prolétaire nationale.
RAMIRO ET L'EUROPE
Il ne serait en rien gratuit d'affirmer qu'aujourd'hui Ramiro serait un militant de la Nation Europe enthousiaste et convaincu. Depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale il est apparu clairement que l'indépendance et l'autarcie des petits espaces nationaux est condamnée à l'échec, et que seul dans les grands espaces géopolitiques peut être articulée une alternative globale. Cela joint à l’origine culturelle commune des européens fait de l'Europe un « mythe mobilisateur ». Ramiro comprend parfaitement cela quand il s'interroge : « N'est-il pas temps que l'Espagne regarde et perçoive les horizons européens ? N'est-il pas d'ores et déjà indispensable que l'Espagne entre dans la réalité européenne ? Car c'est bien cela que nous voulons »25. Quelqu'un peut-il douter de la vocation européenne de Ramiro ? Je répète, aujourd'hui Ramiro serait un fervent militant européen, un euro-révolutionnaire, cela en dépit de tous les soit disants Nationaux-Syndicalistes actuels qui restent enfermés, en cette fin du XX° siècle, dans « LEUR » Espagne.
CONCLUSION
Nombreux sont les militants d'extrême-droite qui encensent et acclament Ramiro pour ses textes anticommunistes et patriotiques, mais ces mêmes éléments oublient ses proclamations socialistes et prolétariennes, ses critiques du nationalisme patriotard réactionnaire ou son profond sens de dépassement des vieilles idées caduques. Toute personne connaissant les propositions Nationales-Bolcheviques des années trente verra dans les idées et les paroles de Ramiro l'authentique expression espagnole de cette tendance. Et certes il est bien clair que pour les Jonsistes la conjugaison du social et du national signifiait l'union de volontés révolutionnaires procédant de la droite et de la gauche, anxieuses toutes de voir naître une nouvelle Espagne et une nouvelle conception de la communauté populaire.
Ce furent là sans aucun doute les premiers Nationaux-Bolcheviques et comme allait le dire Ramiro Ledesma Ramos lui-même à la fin de son génial Fascisme en Espagne ? , « autant à lui qu’à ses camarades, la chemise rouge de Garibaldi va mieux que la chemise noire de Mussolini »26.
Juan Antonio Llopart
Notes de l’auteur (les notes de la rédaction sont dans le corps du texte) :
(1) A la fin de 1939 il y eu une tentative de réorganiser dans la clandestinité la FEJONS. Y participèrent, entre autres, Emilio Rodriguez Tarduchy, Patricio Gonzalez de Canales, Narciso Perales, Ricardo Sanz, Luis de Caralt, J. Perez de Cabo et Juan José Dominguez. J. Perez de Cabo fut fusillé, Patricio Gonzalez de Canales fut condamné à la prison à vie, Narciso Perales fut assigné à résidence ... L'opposition Nationale-Syndicaliste au régime de Franco avait commencé dès le Décret d'Unification. Elle fut toujours active, il est juste de le rappeler.
(2) « Que tous les camarades considèrent combien il est nuisible à la Phalange qu'il lui soit proposé de prendre part à la mascarade qui ne mènera pas à l'implantation d'un Etat National-Syndicaliste... mais bien à réinstaurer une médiocrité bourgeoise conservatrice, affublée pour sa plus grande dérision de l'accompagnement chorégraphique de nos chemises bleues. » (José Antonio Primo de Rivera).
(3) Discours aux Jeunesses d'Espagne, page 20.
(4) Ramiro Ledesma Ramos, Ecrits politiques (1935-1936), page 31.
(5) Tomas Borras, Ramiro Ledesma Ramos, page 689.
(6) Programme politique des JONS. Ramiro Ledesma Ramos, Ecrits politiques (1933-1934), page 49.
(7) Ramiro Ledesma Ramos, Ecrits politiques (1935-1936), page 237.
(8) Ramiro Ledesma Ramos, Ecrits politiques (1935-1936), page 168.
(9) José Cuadrado Costa, Ramiro Ledesma Ramos, Un romantisme d'acier, page 37.
(10) Ramiro Ledesma Ramos, Ecrits politiques (1935-1936), page 233.
(11) Ramiro Ledesma Ramos, Ecrits politiques (1935-1936), pages 223 et 224.
(12) Ramiro Ledesma Ramos, Ecrits politiques (1931), page 189.
(13) Tomas Borras, Essai de Pedro Lain Entralgo sur Ramiro Ledesma Ramos, pages 297-298.
(14) Tomas Borras, Ramiro Ledesma Ramos, page 298.
(15) Ramiro Ledesma Ramos, Ecrits politiques (1935-1936), page 198.
(16) Tomas Borras, Ramiro Ledesma Ramos, page 203.
(17) Ramiro Ledesma Ramos, Ecrits politiques (1931), page 85.
(18) Document de fusion des JONS et FE. Ramiro Ledesma Ramos, Ecrits politiques (1935-1936), page 111.
(19) José Maria Sanchez Diana, Ramiro Ledesma Ramos, Biographie Politique, pages 209-210.
(20) Raul Martin, La Contrerévolution Phalangiste, page 211.
(21) Ramiro Ledesma Ramos, Ecrits politiques (1935-1936), page 251.
(22) Ramiro Ledesma Ramos, Ecrits politiques (1935-1936), pages 217 et 253.
(23) Ramiro Ledesma Ramos, Ecrits politiques (1935-1936), page 155.
(24) Ramiro Ledesma Ramos, Ecrits politiques (1935-1936), page 213.
(25) Ramiro Ledesma Ramos, Ecrits politiques (1935-1936), page 199.
Ramiro Ledesma Ramos, Ecrits politiques (1935-1936), page 155.
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