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Les 14 juillet trahis…
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11/08/03 |
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9.04 t.u. |
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Tahir de la Nive |
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Heureux, dit-on, celui dont les tempes grisonnent et qui a su garder ses joies d’enfant. Il en est chez moi une constante, qui a même gagné en intensité, pas chère bien que de plus en plus rare ; celle que j’éprouve quand le tambour-major lève sa canne, que s’élancent les premiers accords de Sambre et Meuse ou de la Batterie d’Austerlitz. Toujours aussi friand de spectacles militaires, quand je suis à Londres vers onze heures et libre de mon temps, je n’hésite pas à faire quelques pas vers St James voir se monter la relève de la Garde. Passer à Madrid le mois de mai est un conseil que je donne à qui partage ma passion (1), ne serait-ce que pour la magnifique retraite historique du Tres de Mayo. On se doute donc qu’à Paris à la mi-juillet, je me retrouve souvent parmi les badauds sur les Champs-Elysées.
Je me souviens certes des 14 juillet de mon enfance, quand Bérets Rouges et Képis Blancs s’avançaient sous un déluge d’acclamations, des Vive l’Armée ! auxquels se mêlait ma voix montant d’un cran avec L’Armée au Pouvoir !, slogan auquel s’associait la vision du visage de Napoléon à trente ans. Déjà musulman de cœur, mes acclamations s’adressaient avec une chaleur particulière aux fanions marqués du Croissant (2), aux turbans de nos tirailleurs et de nos spahis, cependant que mon père saisissait l’occasion de me sermonner : Si tu veux faire Saint-Cyr, tu as intérêt à améliorer tes résultats scolaires, sans toutefois réussir à établir ce que la reproduction des amibes avait à voir avec la préparation d’une embuscade ou avec la concentration d’artillerie précédant la percée des blindés.
Un des 14 juillet les plus marquants fut sans doute celui du Bicentenaire de la Révolution. J’en garde l’image de Bush, à tout seigneur tout honneur, descendant les Champs-Elysées dans la première voiture cependant que dans le ciel estival un dirigeable filmait tout ce qui bougeait à terre. Mesure amplement justifiée d’ailleurs puisque le chef du terrorisme international – qui allait en effet un an plus tard terroriser et réduire tout un peuple à la famine – était à Paris ! La capitale était quadrillée, vidée à son centre et repeuplée par des gens arborant des brassards de police, avec des mines que vous n’auriez pas aimé rencontrer la nuit au coin d’un bois ou d’une rue déserte ! L’accès à la grande parade civile comme au défilé militaire était d’ailleurs réservé à des privilégiés et c’est depuis le 14 juillet 1989 qu’on exige des « invitations » pour voir passer les troupes entre le Rond-Point et la Concorde. Je me souviens être passé après avoir répondu : Quelle invitation ? Je suis Français et viens voir l’Armée Française !
Le Bicentenaire de la Prise de la Bastille constituait donc dans les faits une magnifique manœuvre du Mondialisme naissant, sur le thème : comment mettre sous cloche la population d’une grande ville européenne, suivie, donc, d’un an par une autre : comment mettre à genoux une grande puissance non-alignée et récalcitrante au monopole yankee de la puissance. Les Parisiens s’amusèrent fort, dansèrent et burent, arborant le bonnet rouge et les couleurs nationales vendus en même temps que des guillotines miniatures dans un Paris exsangue, sous l’œil omniprésent de Big Brother.
L’Histoire montre cependant que la trahison des héros de la Bastille remonte déjà au premier anniversaire de l’évènement, c’est à dire à la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790. Dans un climat de fraternité nationale encore jamais vu, plus de cent mille Parisiens étaient venus prêter main forte aux ouvriers, afin que tout soit prêt pour accueillir le presque demi-million de spectateurs et, bien sûr, les hommes du jour que seraient le Roi, La Fayette, Talleyrand. Ce dernier dit la messe entouré des trois cents prêtres arborant les couleurs nationales sur le même Autel de la Patrie où La Fayette prononça le serment. Prétextant la pluie abondante, Louis XVI le répéta depuis le pavillon construit devant l’Ecole Militaire ; abandonnant à La Fayette le rôle de vedette ainsi qu’en attestaient les milliers qui se pressèrent pour baiser sa main, ses bottes, son cheval… On dansa, on but, on chanta beaucoup ce soir là et même les jours qui suivirent, jusque sur les ruines de la Bastille. Mais ceux qui avaient combattu, versé leur sang là-même où se dressaient les lampions et dont il n’avait point été mention au cours des célébrations, eurent le sentiment d’avoir été trahis, de venir d’assister à une célébration de la Monarchie et, déjà, à travers La Fayette, de l’Amérique.
Un mois plus tard, il est vrai, la mutinerie de Nancy était noyée dans le sang. Elle faisait suite à une provocation montée par La Fayette et son cousin Bouillé, essentiellement dirigée contre le régiment suisse de Châteauvieux qui, à Paris en juillet, avait refusé d’ouvrir le feu sur le Peuple. Elle se termina par la dislocation du régiment, par l’envoi aux galères et à la potence de dizaines de mutins, par le supplice de l’un d’eux, natif de Genève, mourant roué comme un Cartouche ou encore comme un Calas, mais en criant Vive la Nation !
Le 14 juillet suivant vit pire : la fusillade des Patriotes au Champ de Mars. Il faut dire qu’à peine trois semaines plus tôt, la famille royale avait tenté de fuir à l’étranger pour être arrêtée à Varennes. Laissons aux contes et légendes l’anecdote du roi reconnu sur une pièce ! La vérité, c’est que cette conspiration contre la Monarchie encore fort populaire en France fut montée par les deux mêmes cousins plus un troisième larron, le suédois Fersen qui partageait avec le premier, dit Blondinet, l’américanophilie et la douteuse réputation des faveurs de la Reine… La Fayette et Fersen préparèrent l’évasion des Tuileries, Fersen conduisant l’attelage jusqu’à Bondy où il se sépara de l’expédition pour chevaucher seul vers Bruxelles… Bouillé devait, avec de la cavalerie, assurer leur protection mais ne fit rien pour secourir les fugitifs arrêtés en effet à Varennes où La Fayette, « mystérieusement » prévenu du terminus de l’expédition, envoya deux estafettes exigeant du roi son retour à Paris… Le 14 juillet vint et là où l’on avait un an plus tôt crié Vive le Roi !, on cria A bas le Roi, vive Robespierre ! Sur l’Autel de la Patrie où avaient officié Talleyrand et La Fayette, on posa une pétition d’abolition de la Monarchie qui vinrent signer des milliers de Parisiens. Un détachement de la Garde Nationale, armée-citoyenne créée en juillet 1789 et commandée en chef par La Fayette, fut accueilli par des cailloux. Peu après, La Fayette et Bailly firent ouvrir le feu sur les manifestants… Oui, la prise de la Bastille avait bien été trahie.
Aussi, le 14 juillet 1792 ne se grava-t-il dans les mémoires que comme la préparation du 10 août, notamment par l’arrivée le 30 juillet des Marseillais aux accents de leur fameux chant. Dans Paris, deux armées se faisaient face : celle de la Nation, celle de l’Etat monarchique… ou de ce qu’il en restait encore. Celle-là était composée de mercenaires étrangers et d’une poignée de gentilshommes : en démilitarisant, en dévirilisant la Noblesse, Louis XIV avait privé la Couronne de ses défenseurs naturels qui dès 1790 émigrèrent en masse, abandonnant Louis XVI au triste sort où l’avait mis le Vatican. Tout Paris était en effervescence. Sur le Pont-Neuf, le « canon d’alarme » tonnait toutes les heures, appelant les volontaires à l’estrade d’engagement. L’ennemi se pressait aux frontières, de la Meuse aux Pyrénées. Mieux… ou pire… le général prussien Brunswick promettait de réduire en cendres toutes les villes de France si son peuple ne réinstallait le Roi dans ses prérogatives. C’était assurément mal connaître les Français… de l’époque ! On sait la suite ! Les braves Suisses honorent leur serment de fidélité au Roi qui sur le conseil de Roederer se réfugie à l’Assemblée Nationale, fait désarmer les Suisses qui sont massacrés par la populace… La famille royale est envoyée au Temple d’où elle ne sortira que pour le Tribunal.
Aussi, en 1793, le 14 juillet est-il éclipsé par le 10 août. C’est lui que l’on célèbre comme étant la vraie victoire du Peuple, celle qui a enfin abouti, celle qui ne sera pas trahie, comme la première, par les « modérés ». Les Girondins payent de leurs têtes la montée au pouvoir de Danton, Saint-Just, Robespierre… Le 10 août 1793, donc, des tables ont été dressées dans tout Paris, chaque citoyen y apporte des mets qu’il a préparés mais qui seront dégustés par d’autres, en signe de fraternité. Les jeunes époux mariés ce matin ont été dotés par la Nation et sont, dans chaque quartier, les héros de la fête. On a en outre recommandé que l’on s’adonne aux danses telles que les pratiquaient nos aïeux, ce qui bien sûr a, en 1793, une toute autre signification qu’en 2003 !
Aux frontières, l’invasion a été arrêtée, repoussée, et ce sont maintenant aux armées de mercenaires des mitres et des vieilles perruques d’être partout humiliées et battues. Les formations tactiques dont débattaient Guibert, Puységur, De Broglie, Folard et tant d’autres fondent au feu craché par le bronze de Gribeauval. Les demi-brigades s’élancent sur le tracé des boulets, baïonnettes et piques à l’horizontale, aux accords du Ca Ira et de Cadet Roussel ! La Stratégie, observant les combats de derrière les sombres nuages de poudre, attend l’heure de redescendre sur terre. Elle la sent prochaine !
On se bat aussi en France même, hélas ! Pauvre Vendée, en effet ! A peine un siècle plus tôt, suite à la révocation de l’Edit de Nantes, elle a été dévastée, sa population décimée. Une monarchie qui n’est que l’instrument des Papes contre son propre peuple a ordonné les Dragonnades, utilisant l’armée française contre le peuple français. L’armée française ? Le concept est presque inconnu ou même subversif. Les maréchaux sont nommés ou cassés par les concubines royales, la Pompadour, la Dame Bécue qui se fait nommer Du Barry et finira lamentablement au « rasoir national » ; et avec leur fortune varie la doctrine militaire de la France. Heureusement pour elle, Gribeauval était parmi les « chouchoux » de ces dames ! Le grade de colonel s’achète ou s’obtient au berceau. Sont exclus du rang d’officier les gens « du peuple » et la loi de 1788 ne fait que renforcer un état que dénoncent les officiers nobles mais patriotes tels le Chevalier d’Arcq, Guibert et Noailles. En 1685, personne ne s’offusque donc que des soldats de régiments de Dragons soient logés au sein de familles huguenotes avec pour « mission » d’y persécuter ces pauvres gens ! L’armée française utilisée contre le peuple français, contre de braves Français dont le seul crime est de refuser l’autorité d’un pseudo-pontife étranger !
Oui, cent ans avant la Révolution, la Vendée est martyrisée par la soldatesque royale au service de la Calotte ! J.J.M. Savary a pu écrire (3) : La Terreur de la révocation, en sa période aiguë, de 1665 à 1685, a duré autant d’années que de mois la Terreur de la Révolution, années pendant lesquelles, selon Elie Benoit (4), les conversions à main armée par le pillage, l’assassinat, le viol, ne furent nulle part plus ardentes que dans le Bas-Poitou. Les enlèvements d’enfants s’y pratiquaient avec une férocité barbare. Mais, en mars 1793, chanoines et capucins ne désarment pas, comptant sur l’amnésie historique des masses. L’exécution de Louis XVI et surtout la levée en masse de 300.000 hommes leur donnent le prétexte de rameuter les populations contre la République, de lever une armée « catholique et royale » chez les petits-fils des persécutés par le roi au service du Pape. Misant sur la crédulité et la superstition de ces paysans, ils orchestrent des « apparitions de la Vierge » et autres médiocres spectacles de music-hall. Le 10 mars, la populace de Machecoul, excitée par le Saint-Trusquin, massacre, mutile à la faucille les soldats de la Garde Nationale et les notables de la ville. Pendant deux semaines, des malheureux sont torturés, mis à mort dans les supplices. D’autres communes de l’Ouest, telles Légé, Paimboeuf, Pornic, sont le théâtre des mêmes atrocités. Les horreurs de la guerre de Vendée et de Bretagne ? Certes ! Nul ne songe à nier celles commises par Turreau et Westermann. Mais elles ne font que suivre celles commises par les bandes de La Roche Saint André et autres Calotins, par leurs ouailles sanguinaires, fanatisées et droguées de patenôtres.
Le 14 juillet 1794 passe inaperçu. Le 8 juin, le matin aux Tuileries, le soir au Champ de Mars, la Nation a lancé son oraison vers l’Etre Suprême. Pendant les jours qui ont précédé la fête, les grands compositeurs tels Méhul et Gossec se sont tenus aux carrefours pour enseigner au Peuple l’Hymne à l’Etre Suprême. Les vers sublimes sont de Théodore Désorgues. Un Druide ou un Lama, un adepte du Tao ou de l’Islam, un disciple du Bouddha ou de Zoroastre pourrait les entonner la main sur le cœur, car ils procèdent de la Métaphysique pure qui se rit des croyances particulières. Robespierre est conscient de la solennité du jour. Oui, c’est bien là l’achèvement de la Révolution : la réconciliation de la Nation et du Seigneur des Mondes. Que la France devienne à la fois Son temple et Sa forteresse, l’Autel de la Patrie Son autel, afin que Dieu et Nation ne fassent plus qu’un… pour la prospérité et l’invincibilité de la seconde. Juin 1794 reste marqué par la victoire de Fleurus. Mais pendant que l’Incorruptible répond aux acclamations de la foule, de ces « petites gens » dont il se fit jadis l’avocat bénévole et dont il est aujourd’hui le chef et le pontife, les corrompus complotent dans son dos. Amar le spirite, Vadier qui extermina les Girondins tout en partageant leur idéologie, Voulland qui assiste secrètement aux messes dites par les « réfractaires » qu’il est sensé envoyer à Fouquier-Tinville, leurs indics et fouilleurs de poubelles, vont démontrer comment une police politique, un service de renseignement, peuvent à leur gré faire tomber un gouvernement (5). Aussi, le Comité de Sûreté Générale renferme-t-il l’espoir de tous ceux qui suent et tremblent quand s’élève la voix de Robespierre ou de Saint-Just. Le premier n’a-t-il pas décrit l’Athéisme comme le privilège de l’Aristocratie ? N’a-t-il pas rejeté dos à dos incréants et mécréants, annoncé la fin définitive du règne de la Calotte ? Le second n’a-t-il pas dénoncé le satanisme de l’Usure et, fils d’officier, jeté les bases de l’armée populaire ? C’est donc une inquiétante et puissante, mais aussi paradoxale coalition d’usuriers et d’escrocs, de papistes et d’athées qui forme la conjuration de Thermidor.
Eteignez les lampions ! Que les pauvres retournent à leurs taudis et les riches à leurs profits ! Au 10 août 1794, la Révolution est déjà enterrée ! L’Ecole de Mars où 3.000 fils d’ouvriers et de paysans habillés par David, commandés par Bertèche, jeune héros au corps couvert de cicatrices ; commençaient chaque journée en chantant les vers de Désorgues et la poursuivaient en apprenant le métier d’Officier, est fermée. La royauté a été abattue, certes, mais ce n’est là qu’un détail ! Elle reparaîtra d’ailleurs, pas pour longtemps, enjambant les corps glorieux de nos Grognards tombés en carrés autour de leurs Aigles. Le vrai vainqueur de Waterloo, c’est l’Usurocratie !
On fêtera à nouveau un 14 juillet. En 1800. Non plus en souvenir de la Bastille, mais de Marengo, juste un mois auparavant. Si Napoléon n’était pas entré dans l’Histoire comme génie militaire, on aurait retenu de lui son génie administratif. Si Mohammed n’était pas entré dans l’Histoire comme l’ultime messager de l’Unique, il se serait imposé au nombre de ses plus grands capitaines. En prononçant la profession de foi de l’Islam, le futur empereur prit le nom « Ali » du héros de Badr. Sur son lit de mort à Sainte-Hélène, il mentionnera encore la bataille sacrée de Badr. En Mohammed, il trouva le modèle, l’inspiration, le Maître en politique : ce fut le 18 Brumaire ; et en art de la guerre : ce fut Marengo. Dans la douce Italie où des siècles plus tôt le magnifique Gonzalo de Cordoba trouva le moyen de battre des armées franco-suisses doubles ou triples en nombre en leur opposant toujours une concentration supérieure sur un point précis de leur dispositif ; la Tactique fit signe à sa grande sœur (6), la Stratégie, de redescendre sur terre, y ayant enfin trouvé l’homme digne d’elles. Et ce fut, en effet, Marengo. Coup d’essai hasardeux : dans tout son génie, le Premier Consul reconnut : Il est 5 heures du soir. J’ai perdu une bataille mais j’ai encore le temps d’en gagner une autre. Ce qu’il fit après avoir embrassé Desaix pour la dernière fois. Aussi, le 14 juillet 1800, les voûtes du Temple de Mars – l’église des Invalides – retentirent-elles aux accents de Méhul… Dans la cathédrale de Milan, le Génie a prononcé un discours annonçant le Concordat, faisant du positiv christlich quelque 130 ans avant les héritiers des Hohenstaufen ; bien que sur la lame de son sabre, tel qu’on peut le voir aujourd’hui dans la Salle de Marengo aux Invalides, il ait fait graver en arabe : Je détruits les ennemis et protège les Musulmans !
Le 14 juillet 2002, c’est à la télévision que je vis passer les troupes, que j’appris la tentative d’assassinat de Jacques Chirac, faisant une pause dans la finition des Croisés de l’Oncle Sam dans lequel je traite précisément du Terrorisme, démontrant son caractère artificiel de manipulation politico-médiatique, traçant le portrait de quelques « victimes premières » du phénomène. Je désigne ainsi les acteurs, dans la plupart des cas de pauvres types manipulés sinon carrément drogués, déséquilibrés, bien inconscients du rôle qu’on leur fait jouer, de la nature, de la portée réelle et des résultats escomptés de leurs actes. Les « victimes secondes », celles dont les corps déchiquetés empliront ambulances, salles d’intervention et – surtout ! – reportages et bulletins télévisés, n’ont, dans la machination, qu’un rôle mineur. Celui, justement, de mourir ou de sortir estropiées à vie. Plus il y aura parmi elles d’enfants et de vieillards, mieux l’opération aura-t-elle été réussie en fonction du facteur émotif, du résultat psychologique obtenu afin de démoniser l’auteur supposé, désigné par les media avant même toute revendication, authentique ou prétendue, par une organisation le plus souvent bidon. Maxime Brunerie vint donc s’ajouter à la confrérie des Kelkal et des Reid, ou encore en remontant le cours de l’Histoire, de l’assassin de Kennedy, puis de l’assassin de l’assassin de Kennedy dans ce magnifique cover-up mis au point par des agents des services spéciaux yankee et de la Mafia confondus, depuis que les premiers n’ont rien à refuser à la seconde qui les tient par la peau… des pieds ! (respectons les lectrices !) – depuis les temps « héroïques » des La Guardia, L. Luciano, Meyer Lansky, Michael Cohen & Co. d’une part, des J. E. Hoover, Dulles, W. Donovan, Roosevelt & Co. de l’autre. Sachant que d’un côté les Wahabites, Salafistes et autres Tablighis, spécimens du pseudo-« intégrisme islamique » du sein duquel sortirent les Kelkal, les Reid pour ne nommer que les plus pittoresques, que de l’autre l’extrême-droite nostalgique des Charles Martel et des Cadoudal dans le cadre d’une stratégie, d’une manipulation où l’on retrouve la fayette version 2003, pour sûr quelque peu défraîchie par rapport au Blondinet qui possédait son propre trousseau de clés des Tuileries ; que tout ce joli monde enfin converge plus ou moins directement, plus ou moins visiblement vers les coffres-forts de Langley, on admet que la manipulation terroriste a au moins un résultat probant.
Celui de diviser, de couper l’un de l’autre la Nation, l’Etat, le Peuple, l’Armée. Dans tout pays qui se respecte, les cérémonies patriotiques ont précisément pur but de raviver leur unité. Il est donc essentiel que le Peuple y participe, car c’est de lui que naissent les hommes et femmes de l’Etat et de l’Armée. C’est lui, encore, qui constitue l’élément à la fois biologique et spirituel de la Nation sans lequel elle ne serait qu’une tache informe sur la mappemonde.
Ainsi, le dispositif installé le 14 juillet 1989 sur les Champs-Elysées le fut-il à nouveau le 11 novembre. Des barrières tenaient éloignés de l’Etoile, de la Flamme sacrée, le Peuple et la masse des nouveaux « roturiers », cependant que des voitures de luxe entourées de motards y apportaient les nouveaux privilégiés du Système. De loin, à travers les cordons de police et entre les quelques squelettiques détachements militaires, on aperçut les cimiers, en entendit vaguement les trompettes de la Garde à cheval, on devina Mitterrand et son oligarchie se tenant à la tombe de celui qui, de quel régiment, de quel âge, de quelle province, de quelle religion qu’il fût, était néanmoins un fils du Peuple, tombé l’arme à la main pour la Patrie, pour assurer à ses enfants de ne jamais voir ce que nous avions justement sous les yeux !
Je me revois, tout comme au 14 juillet, bousculant le service d’ « ordre », l’air décidé, traversant le rond-point de l’Etoile vers la dalle sacrée, fonçant comme un cuirassier à Eylau. - Hé là ! Où allez-vous ! - Je suis français et vais me recueillir… - C’est bon, allez-y ! Mon grand-père « y était », figurez-vous, quatre fois blessé ! Et quand les Cyrards (et Cyrardes !) passèrent devant moi en chantant :
Un jour les caresses des femmes,
Un jour les balles et les boulets…
je retrouvai le cri séditieux de mon enfance : L’Armée au Pouvoir ! – car c’est vers elle qu’à nouveau, comme toujours, et vers le mouvement eurislamique naissant, qu’aux heures de détresse, quand tout semblera à jamais perdu et que le Peuple cherchera des hommes et des femmes auxquels se raccrocher, il tournera ses regards d’ultime espoir.
Ce 14 juillet 2003 comme les précédents, je m’attendais à voir les Champs-Elysées quadrillés par la police, les « privilégiés » ici, la plèbe dont je suis fier d’être, éternel « sans-culotte », là-bas… sur les bas côtés. Dressez-vous sur la pointe des pieds, avec un peu de chance vous verrez les tourelles des tanks et passer les avions… En fait de quadrillage, je ne fus pas déçu ! Il commença déjà dans le Métro. Puis vint le premier barrage avec l’ouverture des sacs à main. Nous n’en avons pas, annonçai-je - C’est bon, passez ! répondit le fonctionnaire, complètement débordé et sans se retourner. J’aurais pu passer avec un écrin de contre-basse ! Puis la fouille à l’entrée des compartiments de barrières sur les Champs-Elysées. Bip-bip ! - Vous avez des clés, des pièces de monnaie ? - Comme tout le monde ! J’avais aussi dans une main un walkman (pour enregistrer Sambre et Meuse, pardi !) qui aurait pu être tout autre chose d’un même volume et qui serait passé comme une lettre à la boîte. Comme les autres années, je vis la Légion Etrangère prendre position au rond-point puis s’ébranler. Aux premiers accords du « Boudin », son « pavillon chinois », son drapeau, bientôt son pas cadencé disparaissaient vers la Concorde. Seuls eurent le droit de l’admirer les « privilégiés », les gens du « régime », les vassaux de Washington, les marchands de canons et de mercenaires des temps de féodalité, d’oppression et d’obscurantisme... de mise aux fers du Peuple, d’outrage à la Nation, d’embastillement des Hérétiques, de confiscation de l’Etat et de l’Armée par les lobbies anti-nationaux et leurs recruteurs de bandes armées …
Justement, alors que les tambours et clairons à flamme verte et rouge annonçaient la disgrâce des Belges, une pensée aussi horrible que justifiée me vint. Y aurait-il en France deux armées, celle que le Peuple peut tout de même apercevoir vaguement et celle, Légion « Etrangère », qui n’est là que pour les yeux des différentes castes de « privilégiés » mentionnées ? Certes, on objectera que si les Képis Blancs ne font que la fin du parcours, c’est à cause de leur « 88 pas/minute », logique selon laquelle les Chasseurs, quand ils sont là, avec ou sans leurs cors (7), devraient se mettre en marche à la hauteur de la Porte Maillot… ou presque. Aussi pertinentes que soient les raisons… techniques, je ne crois pas aux coïncidences.
Un ancien du 2e REP me confiait un jour que des Légionnaires avaient bien, lors de certains événements, pris part à la répression de mouvements sociaux, en uniformes de CRS. Verrons-nous donc notre Légion Etrangère devenir la bonne à tout faire du régime, être envoyée dans le Golfe ou je ne sais où l’exigeraient les intérêts yankee, pétroliers, vaticanais… ainsi que contre le Peuple français quand le bol débordera ? Les Alsaciens, Suisses et Lorrains de la chanson auront-ils un jour pour mission celles des Gardes Suisses et du Royal-Allemand (recruté en Alsace et en Lorraine) lors des événements des 14 juillet 1789 et du 10 août 1792 ? Devrons-nous alors entendre un officier de Légion crier, comme alors cet officier suisse du régiment de Châteauvieux : Nous sommes payés pour tirer sur les ennemis de la France, pas sur son peuple !
L’Unique nous en garde ! Le Peuple français a le droit de chérir son Armée, toute son Armée, de le lui signifier sur les Champs-Elysées et à toute occasion. Les Légionnaires n’échappent pas à la règle, fils de France non par le sang reçu mais par le sang versé et s’inscrivant dans la tradition de tous ces étrangers qui au cours des siècles et plus que jamais sous les Aigles, hussards croates, lanciers polonais, mameluks, fantassins venus de toute l’Europe, vinrent contribuer par leur sacrifice à la Métaphysique de la Nation Française, à l’édification de l’Empire grand-européen, au mouvement universel de libération et de régénération des peuples.
Qu’on ôte à jamais ces barrières, carcan de l’enthousiasme du Peuple pour son Armée. Les « terroristes » ? C’est au Peuple lui-même d’en venir à bout, mieux que par des fouilles et des vexations inutiles. Mieux surtout qu’en l’écartant des rites patriotiques. C’est au contraire la communion du Peuple et de l’Armée qui libérera l’Etat et la Nation de cette épée de Damoclès forgée outre-Atlantique par les émules des tristes sires dont nous avons cité quelques noms.
Les « terroristes » ! S’ils n’existaient pas, les disciples doués de Machiavel, du fameux « diviser pour régner », auraient dû les inventer. En les créant de toutes pièces à partir de quelques « cerveaux plats », qu’ils soient drogués par les Wahabites ou par les derniers écrits et vociférations de la fayette, adeptes d’un pseudo-islamisme ou d’un pseudo-nationalisme à la sauce Langley ; leurs manipulateurs et commanditaires communs n’ont qu’un but : replonger les peuples d’Europe dans la féodalité dont ils seraient les nouveaux tyrans et inquisiteurs. Il s’agit dans un premier temps de justifier l’Etat policier, la mise sous projecteurs et caméras de tous les Européens, de tous les Français… Ceux qui justement se pressent encore, malgré toutes les tentatives de les en décourager, de les en tenir aussi éloignés que possible, vers les Champs-Elysées pour y acclamer l’Armée, vers l’Arche immense pour y honorer leurs héros, et qui de ce fait se rendent suspects de fidélité à la Nation, bien moins sympathiques au Système et à ses argousins que les passionnés de loftstory et de toute l’obscénité made in USA qui, au moins, ne remettront pas en cause la supériorité de l’Occident et la vassalité atlantique.
Il est grand temps de le proclamer : on ne fouille pas les Français ! On n’humilie pas, on n’entoure pas de barrières de fer, en lui faisant croire que c’est pour sa sécurité, le Peuple Elu du 8 juin 1794 et du 2 décembre 1805 ! Cette sécurité et celle des dirigeants qu’il s’est donnés passent par le système de Défense que nous avions à nouveau décrit quelques jours plus tôt, le 29 juin 2003 (8); et qui repose sur l’Unité du Peuple et de l’Armée, de l’Etat et de la Nation, transcendée par la Loi de l’Unique, car c’est Lui seul qui accorde aux peuples la prospérité dans la justice et l’invincibilité dans leur mission historique.
Elle passe en premier lieu par la désignation claire et précise de l’ennemi, de celui, d’après la définition clausewitzienne, qui cherche à nous imposer sa volonté ; ce que nous, Français, ne pouvons admettre et n’admettrons jamais, dussions-nous extraire de nos musées les drapeaux de Fleurus et de Borodino, avec la réponse que Saint-Just fit à Brunswick (9) et, s’il le faut, celle de Cambronne à la piétaille de l’Usurocratie.
Tahir de la Nive
[email protected]
Notes:
(1) Ainsi que celui de lire mon article « Mehter : L’influence turque sur la musique militaire européenne », dans Centurio N°2 ; la collection de Centurio se trouvant en vente sur CD-Rom à la Librairie La Licorne Bleue, Paris. Dans les numéros à venir sont prévus des hommages aux grands chefs et compositeurs de musique militaire français Parès, Leroux (et à son livre génial sur la musique traditionnelle japonaise), Gebauer (tombé au Champ d’Honneur en 1812), etc. et européens : R. Dorado, Piefke, Herms Niel (compositeur entre autre d’Erika), etc.
(2) Symboles aujourd’hui repris par les régiments qui maintiennent ces traditions, si bien que les seuls symboles religieux aujourd’hui de mise dans l’Armée Française sont ceux de l’Islam… ainsi que la foule se pressant sur les Champs-Elysées put encore le voir ce 14 juillet… l’Armée donnant ainsi une bonne leçon aux autres institutions et administrations du pays qui disputent aux Musulmanes le droit de revêtir le même type de foulard que portaient les bonnes paysannes françaises il y a à peine quelques décennies.
(3) in Guerres de Vendée et des Chouans contre la République.
(4) in Histoire de l’Edit de Nantes.
(5) Nous entrons, dans Les croisés de l’Oncle Sam, plus en détails dans la description de la double conspiration de la Mère Théot et de la Messe Rouge montée par les gens du Comité de Sûreté Générale. Il importe de souligner ici la stratégie de cette bande visant à déshonorer la Révolution, plus précisément le gouvernement de Robespierre, en les plongeant dans un bain de sang permanent. On reconnaît donc la méthode terroriste consistant à tuer en masse des innocents tout en faisant en sorte que le crime soit attribué à l’ennemi à abattre.
(6) Le terme de Stratégie était d’ailleurs inconnu, en tout cas très peu usité à l’époque, et même Napoléon parlait de Grande Tactique pour décrire ce qui, selon le Prussien Bülow, se passait hors de portée du regard du général.
(7) La Musique des Chasseurs (qui porte l’uniforme des Chasseurs sans être pour autant la Musique des Chasseurs, d’après les explications embrouillées de son chef) ne comprend d’ailleurs plus de Cors de Chasse… sauf comme insignes. On y trouve par contre, voisinant la cymbalière à la queue de cheval prise sous le béret, aux mollets, que l’on devine fort jolis, revêtus des épais bas de montagne ; un musicien porteur d’un genre de tamtam pour orchestre de Salsa.
(8) Voir notre intervention au Colloque du 29 juin 2003.
(9) Réponse de Saint-Just à un parlementaire prussien sur le front d’Alsace : La République Française n’accepte rien de ses ennemis et ne leur envoie rien, si ce n’est du plomb.
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