voxnr
trident
site_nr_s
ttl ttr

sommaire
..::à la une
..::politique
..::étranger
..::tribune libre
..::documents

..::envoi d'articles
..::résistance::le mél
..::présentation
..::soutien
..::contactez-nous
..::les forums
..::répertoire
..::diffusion libraire
..::nos engagements
..::archives
..::recherche
..::accueil site
tbl tbr
ligne
ttl ttr

réseau
..::communiqués
..::crb : contact
..::tracts
..::affiches
..::adhérer
..::
point presse
..::site abonnés

tbl tbr
 
cbl
cbr
ligne_b    
 
ligne
documents
suite
dot
:::::::: varia ::

Pourquoi faut-il être anti-américain?

02/02/03 12.16 t.u.
Robert Steucker

1. Parce que l'Amérique est l'ennemi géopolitique:
Quand l'Amérique a proclamé la Doctrine de Monroe en 1823, elle souhaitait
chasser les puissances européennes hors du Nouveau Monde et les remplacer en
Amérique latine. C'était de bonne guerre. Mais elle n'a pas poursuivi cette
politique de domination de l'hémisphère occidental, où un nord développé
entendait organiser un sud moins développé. Infidèle à la Doctrine de
Monroe, elle n'a cessé d'intervenir en Extrême-Orient et en Europe, pour
empêcher les processus d'unification continentale à l'oeuvre dans ces régions
du monde. D'isolationniste, l'Amérique est devenue interventionniste,
mondialiste, globaliste. Elle a cassé les axes de développement nord-sud,
créant en chaîne des conflits est-ouest. Or toutes les oppositions est-ouest
de l'histoire génèrent des conflits insolubles, des guerres civiles au sein
des unités civilisationnelles. Pour nous, l'avenir réside a) dans une
collaboration nord-sud eurafricaine, où la Russie est partie intégrante de
l'Europe et où les flux migratoires s'écoulent vers le sud, et b) dans une
synergie pacifique nippo-centrée où les flux migratoires et culturels
s'écoulent également vers le sud, sans interférences américaines.

2. Parce que l'Amérique est l'ennemi intérieur:
L'Amérique est en nous, parce que le parti américain détermine la gestion de
nos Etats et influe leur diplomatie. L'Amérique parie toujours sur les
strates sociales corruptibles pour installer son pouvoir. C'était évident au
Sud-Vietnam comme ce l'est depuis toujours en Amérique latine. Mais, à
regarder de près, cette règle ne vaut-elle pas pour l'Europe aussi? Lutter
contre l'Amérique signifie lutter contre les strates sociales qui hissent
l'économisme au rang de valeur cardinale, oubliant que les règles de la
politique nécessitent d'autres vertus, non matérielles, et que la
"plus-value de légitimité" repose sur la mémoire historique et non sur le
présentisme de la jouissance. Le parti américain regroupe ceux qui ont perdu
le sens de l'Etat, du devoir politique, pour poursuivre des objectifs
lucratifs, toujours axés sur le court terme. A ces politiques à court terme,
nous opposons le long terme de la mémoire historique.

3. Parce que l'Amérique est l'ennemi culturel:
Les Etats-Unis véhiculent une culture purement individualiste et dépourvue
de racines pluriséculaires voire plurimillénaires. Cet individualisme et
cette absence de mémoire ont un effet dissolvant sur les cultures
périphériques, ne disposant pas d'emblée d'un "marché" de 250 millions de
consommateurs. Sur l'ensemble de la planète, la culture léguée par les
ancêtres fait peu à peu place à une culture artificielle, construite à
l'aide d'affects psychologiques, de lambeaux de mythe, de fiction minable,
collés bout à bout. Cette culture artificielle n'est pas arrivée en Europe
et en Asie de manière fortuite: elle y a été sciemment greffée. Rappellons
que la France a été mise au pied du mur en 1948: ou elle acceptait sans
restriction l'importation massive de produits culturels et
cinématographiques américains ou elle était rayée de la liste des
bénéficiaires du Plan Marshall. L'Amérique, en tant que puissance dominante,
pratique l'ethnocide culturel; quand les peuples auront perdu leur mémoire,
ils seront archi-mûrs, c'est-à-dire suffisamment pourris, pour accepter le
super-ersatz offert par Washington. Mais cette éradication à l'échelle
planétaire des mémoires recèle le danger de l'uniformité: elle ôte quantité
de potentialités à l'humanité, quantité d'alternatives, qui auront été
gommées irrémédiablement.

4. Parce que l'Amérique est l'ennemi du genre humain:
L'Amérique a réintroduit dans la pratique politique et diplomatique la
notion d'"ennemi absolu", c'est-à-dire d'un ennemi qu'il ne s'agit plus
seulement de vaincre mais d'exterminer. Tous les peuples de la planète
peuvent devenir, au gré des circonstances, ennemis de l'Amérique. Ils
risquent l'extermination, à l'instar des populations amérindiennes,
liquidées par des couvertures vérolées, de l'alcool frelatée, les balles de
la cavalerie, etc. Le XVIIIième siècle et l'Europe du XIXième, régie par la
Pentarchie (France, Angleterre, Prusse, Autriche, Russie), avaient tenté
d'humaniser la guerre, de traiter correctement les prisonniers, de soigner
les blessés, de mettre les populations civiles à l'abri des conflits.
L'irruption de l'Amérique dans les conflits du monde, surtout à partir de la
dernière guerre mondiale, a conduit à la destruction massive d'objectifs
civils (Dresde, Hiroshima, Hanoï, villages vietnamiens, Panama), au
pilonnage de colonnes en retraite (Koweit/Irak), au meurtre collectif des
prisonniers de guerre (les "morts pour raisons diverses", dont a parlé
l'historien canadien James Bacque). Cette déshumanisation de la guerre
dérive en droite ligne de l'idéologie messianique américaine: quand une
personne, un pouvoir ou une puissance politique croit détenir la Vérité
Ultime, elle ne tolère plus la moindre déviation idéologique, la moindre
entorse à sa volonté. Et elle frappe. Cruellement. Sans égard pour autrui.
Parce qu'il incarne le Diable. Aux guerres messianiques, réintroduites par
les Etats-Unis, nous entendons substituer un nouveau jus publicum qui
redonnera à la guerre une dimension moins absolue.

5. Que faire?
A l'heure où le capitalisme américain semble triompher, où il est de fait la
dernière idéologie économique en lice, des lézardes strient déjà l'édifice.
Au sein de l'économie-monde capitaliste, des contradictions apparaissent;
ses pôles accusent des divergences entre eux parce que des mémoires
culturellement déterminées les agissent en dépit de l'arasement que
Washington avait voulu. Incontournable demeure la solidité des communautés
japonaises et de l'épargne allemande, soit autant de signes que les peuples
non-américains, même largement américanisés, ont le sens de la durée et ne
se contentent pas de jouir de l'instant. Qu'ils privilégient le long terme
et ne s'abandonnent pas entièrement à l'"individual choice", indice
économique de l'American Way of Life. Et que ce pari pour le long terme,
amorcé depuis plusieurs décennies déjà, en dépit de Reagan et de Thatcher,
engrange désormais de formidables succès. L'éducation japonaise, le taux
d'épargne nippon, scandinave et germanique, la formation des apprentis
allemands en tous domaines, la plus-value que donnent tous les
enracinements, battent à platte couture la permissivité américaine,
l'économie basée sur le crédit, l'absence d'investissements pour la
formation du personnel, l'absence de racines stabilisantes. Les Etats-Unis
battent de l'aile parce que leurs écoliers demeurent analphabètes, ne
maîtrisent même plus un anglais simplifié, parce que leurs ménages dépensent
plus qu'ils ne gagnent, parce que l'angoisse de vivre, dû à l'absence de
racines solides, conduit à la toxicomanie. Les rodomontades de Panama ou du
Golfe n'y changeront rien.
Nous Européens devons adopter le modèle rhénan du capitalisme (comme nous
l'enjoint Michel Albert dans Capitalisme contre capitalisme), car ce modèle,
malgré ses insuffisances, porte quand même en lui la volonté de parier sur
l'éducation, d'investir dans la recherche et dans la formation, parce qu'il
lie le passé au futur grâce à l'épargne de ses citoyens. En germe, cette
forme incomplète de capitalisme génèrera la puissance, précisément parce
qu'elle conserve des formes qui ne sont pas libérales: rigueur de
l'enseignement et de la formation, qui ne sont possibles que si l'on ne se
laisse pas aveugler par le profit à court terme, tare du libéralisme.
Concrètement, lutter contre l'américanisme aujourd'hui, c'est soutenir
toutes les politiques qui visent le renforcement de l'épargne des ménages,
l'investissement massif dans la recherche et dans l'éducation,
l'euro-centrage de nos énergies. Car alors nous aurons les armes qu'il
faudra pour contenir les folies américaines au-delà de l'Atlantique. Et pour
laisser, là-bas où le soleil se couche, l'anomalie historique américaine
imploser, lentement mais sûrement.

 
lgne
derniers_titres
ttl ttr

dot
13/12/04
..::Le mirage des mots
Il y a des mots qui poussent le bras de l’homme aux actions les plus sublimes, d’autres...::..
Saïda Savitri

dot
13/12/04
..::Pourquoi sommes nous des soldats politiques?
"Sol-stitium"- quand la loi marque un point d'arrêt tout comme le soleil à son solstice"....::..
Rodolphe Lussac

dot
05/12/04
..::Halford John Mackinder (1861-1947)
Né à Gainsborough dans le Lincolnshire le 15 février 1861, Halford John Mackinder se sentira...::..
Robert Steuckers

tbl tbr
accueil_rubrique
imprimer
envoyer
haut
    cbl cbr