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:::::::: histoire :: pays de l'est ::
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Pour une deuxième libération de l'Europe de l'Est
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18/08/03 |
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8.30 t.u. |
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Jean Parvulesco |
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C'est très à tort, et fort dangereusement que l'Europe de l'Ouest s'obstine encore à considérer qu'il ne faille pas accorder une importance politique vraiment significative aux pays de l'Europe de l'Est qui avaient eu à subir, pendant près d'un demi-siècle, l'imposition négative de leur assujettissement forcé à l'aujourd'hui défunte URSS. La tache, tenue peut-être pour honteuse, de ce passé tragique et sanglant dissimule-t-elle toujours la réalité des choses? Ce serait une terrible erreur.
Car il n'est finalement pas impossible que le prochain tournant fondamental des destinées encore indécises de la plus Grande Europe n'ait pas à se jouer à l'Est de Vienne : l'Est et le Sud-est de l'Europe sont à présent en état de pouvoir gravement compromettre l'intégration politique de l'Europe dans son entier ou, au contraire, la parachever définitivement. Il y a là un choix à faire, qui n'est pas encore tout à fait décidé, et ce choix, dans un cas comme dans l'autre, sera le choix même du destin.
L'auto-désintégration de la Yougoslavie, pour commencer, qui a permis l'actuelle mainmise politico-stratégique des Etats-Unis sur le Sud-est de l'Europe et, par la suite, le contre-coup en Europe de l'inqualifiable agression politico-militaire américaine contre l'Irak ont successivement révélé la fragilité -pour ne pas dire l'inattention- des pays de l'Europe de l'Est à l'égard de leur supposée dépendance politique envers l'Europe de l'Ouest. Car c'est un fait : chaque fois que le problème s'était posé, l'Europe de l'Est s'est empressée de jouer la carte des Etats-Unis plutôt que celle de l'Europe de l'Ouest. Ce déviationnisme est extrêmement inquiétant.
A telle enseigne qu'à l'heure actuelle -j'entends l'heure de l'offensive politico-militaire des Etats-Unis contre l'Irak- l'Europe de l'Est fait figure, dans son ensemble, d'une tête de pont politico-stratégique des Etats-Unis sur le continent européen plutôt que d'une partie politiquement intégrée de celui-ci. En fait, devant l'attraction présente des Etats-Unis, l'Union Européenne ne représente plus rien pour l'Europe de l'Est. Alors que le "pôle carolingien" franco-allemand a pris très fermement position, au nom de la Plus Grande Europe, avec la Russie, contre l'agression politico-militaire des Etats-Unis en Irak, l'Europe de l'Est, dans son ensemble, s'est rangée du côté des Etats-Unis, ayant même trouvé un écho dissonant, au sein même de l'Europe de l'Ouest, dans l'attitude de refus -de trahison qualifiée- de la Grande-Bretagne, de l'Espagne et de l'Italie -face aux positions anti-américaines de l'Axe Paris Berlin Moscou.
Situation équivalente -et cela ne sert à rien de faire semblant de ne pas trop y penser en conséquence- à une rupture intérieure de l'unité politique continentale européenne qui, désormais, risque d'aller en s'aggravant, voire même de compromettre l'ensemble du projet grand-continental de l'Axe Paris Berlin Moscou.
Une situation négative qui vient de loin
Suite à l'auto-destitution de l'URSS et de la soudaine disparition du communisme soviétique et de ses conspirations extérieures, la Russie s'étant résignée à ne plus s'intéresser, d'aucune manière, de ne plus intervenir dans la politique des pays de l'Europe de l'Est venant de retrouver leur liberté, et l'Europe de l'Ouest hésitant à s'engager dans le vide ainsi créé dans l'Est de l'Europe, ce sont les Etats-Unis qui s'y sont immédiatement engouffrés, ayant ainsi pratiquement, sur le coup même, pris la place laissée en déshérence par la Russie défaillante. Et tout cela, avec les résultats dramatiquement suractivés que l'on peut constater à présent, et qui ne sont pas loin de représenter une catastrophe intérieure européenne au niveau grand-continental.
Cependant, il faut relever avec force que l'action de Washington dans l'Europe de l'Est récemment libérée avait prévu qu'il fallait avant tout soutenir, et tout faire pour maintenir au pouvoir, sur place, des régimes socialistes ou sociaux-démocrates qui n'étaient en réalité que la maquillage hâtif des précédentes structures politico-stratégiques fondamentales de sécurité et d'encadrement communiste en profondeur, plus manœuvrables de par la précarité même de leur nouvelle identité politique de façade, sujets à tout instant au chantage et prêts à tout pour s'assurer le douteux aval de Washington, qui seul pouvait leur garantir la continuité du pouvoir. Un travail politique de très grande envergure a été souterrainement poursuivi, par les services spéciaux de Washington, ces dernières années, dans l'Europe de l'Est, à des fins occultes, de longue portée, dont on entrevoit à peine - ou que l'on commence à entrevoir - les buts stratégiques ultimes. Des buts stratégiques souterrains que seules les structures opérationnelles trotskistes mobilisées à la tâche par les services spéciaux de Washington avaient été capables d'envisager, et de mettre en situation. Le passage des pouvoirs dans l'Europe de l'Est libérée porte en effet la griffe non point des services secrets soviétiques, mais des structures trotskistes clandestines de certains services politiques spéciaux de Washington. C'est ce qu'il ne faut pas ignorer, surtout pas. L'actuelle situation négative de l'Europe de l'Est vient de bien loin : il faut savoir y reconnaître la marque d'une volonté concertée, suivant les plans préétablis d'une vaste opération subversive en action.
C'est ainsi que les gouvernements socialistes et sociaux-démocrates -en réalité, néo-communistes quant aux structures dissimulées de leurs régimes en action- se trouvant à présent aux commandes politiques de l'ensemble de l'Europe de l'Est, en sont venus à suivre une "ligne générale" d'assujettissement inconditionnel à Washington, "ligne générale" qui vient de se manifester ouvertement, et d'une manière peut-être déjà décisive, lors de la présente rupture du front intérieur grand-continental opérée par l'Europe de l'Est en s'opposant aux actuelles positions anti-américaines de l'Axe Paris Berlin Moscou.
La défection de l'Europe de l'Est à l'occasion de ce premier grand affrontement entre l'Europe grand-continentale et les Etats-Unis représente un revers politique dramatiquement significatif pour l'Axe Paris Berlin Moscou, voire même pour tout l'ensemble de l'Axe transcontinental Paris Berlin Moscou New Delhi Tokyo : non seulement le Sud-Est européen, mais l'Europe de l'Est dans sa totalité apparaît ainsi, désormais, comme une tête de pont politico-stratégique de la "Superpuissance planétaire des Etats-Unis" sur le continent européen.
L'Europe de l'Ouest doit subversivement promouvoir une contre-stratégie offensive dans l'Europe de l'Est
D'où l'extrême urgence, pour l'Axe Paris Berlin Moscou, de la mise en place d'une grande contre-stratégie politique agissante à l'intérieur de l'Europe de l'Est, et visant, d'une part, la neutralisation, et la liquidation de fait -par n'importe quels moyens- des régimes socialistes et sociaux-démocrates anti-européens en place et, d'autre part, leur remplacement par l'émergence des nouvelles structures de pouvoir, nationales et révolutionnaires, anti-marxistes et anti-socialistes, aussi bien qu'anti-atlantistes et anti-américaines, destinées à ramener l'Europe de l'Est à son propre destin grand-continental européen, condition fondamentale pour l'installation de la Plus Grande Europe et d'un pouvoir politique continental européen d'ensemble, d'horizon impérial et eschatologique (car tout est là, en fin de compte).
Seule une deuxième libération de l'Europe de l'Est peut ramener celle-ci à son véritable destin européen grand-continental.
Découvrir, sans plus attendre, les nouvelles élites nationales souterrainement montantes dans toute l'Europe de l'Est, les encadrer dans une structure d'action à la fois unitaire au sommet et opérativement diversifiée à la base, leur insuffler l'enthousiasme révolutionnaire des "grands commencements" et la volonté suractivée de passer outre tous les empêchements des infrastructures subversives des socialismes encore en place, tels devront être les objectifs immédiatement à l'épreuve de la grande contre-stratégie d'ensemble que l'Europe de l'Ouest et la Russie se doivent de promouvoir conjointement -la Russie, donc, à nouveau présente en Europe de l'Est- dans la série des batailles politiques de plus en plus à découvert qui s'annoncent pour un avenir non seulement tout proche, mais comme engageant déjà en avant la situation politique présente de l'Europe de l'Est, où la mainmise politico-stratégique des Etats-Unis entame peut-être son déclin.
Tout se joue, en effet, sur les nouvelles orientations décisives qui seront ou qui ne seront pas révolutionnairement imposées à l'actuelle génération montante, dont les premières vagues s'apprêtent à tout emporter devant elles. La grande bataille politico-stratégique pour la reconquête totale de l'Europe de l'Est ne sera pas, ainsi que ne cessent de vouloir le faire croire les conseils socialistes en développement, une bataille de nature économico-industrielle, mais d'ordre culturel et spirituel, voire même, en toute dernière analyse, d'ordre transcendantal. C'est bien cela qu'il faut très impérativement comprendre avant de tenter d'agir, car il n'y a qu'une seule voie d'aboutissement. A savoir, la "voie de la hauteur". La Voie suprême.
Or il est bien évident que, dans cette perspective, c'est avant tout la Russie qui devait se mobiliser à la pointe de la contre-stratégie spirituelle offensive de l'Axe Paris-Berlin-Moscou en Europe de l'Est, dans la mesure où la "Nouvelle Russie" de Vladimir Poutine se trouve elle-même engagée dans une voie de dépassement mystique et eschatologique de l'histoire, ses choix orthodoxes présents ratifiés par la canonisation des derniers Romanov martyrs s'en portant garants, ainsi que l'émergence en force des mythologies sacrées antérieures concernant la libération finale, par la Russie, de la Sainte-Sophie de Constantinople, et le rétablissement d'un ordre impérial et chrétien œcuménique dans l'espace intérieur de la Plus Grande Europe.
Dans ce sens-là, le retour de la Russie en Europe de l'Est -ainsi, d'ailleurs, qu'au cœur vivant de la Plus Grande Europe Continentale, "eurasiatique"- n'est-il pas "un signe des temps" révélateur, l'annonce des changements suprahistoriques abyssaux qui s'annoncent à l'horizon, en lent embrasement, de la Nouvelle Europe à venir?
Les grands changements spirituels n'amènent-ils pas les changements religieux qui les expriment à l'extérieur, et les changements religieux ne font-ils pas émerger les changements culturels qui en sont le retentissement? Et tout grand changement culturel n'implique-t-il pas des changements sociaux et économiques correspondants, qui répondent aux raisons du devenir culturel et des mystérieux renouvellements de celui-ci? Tout changement spirituel implique donc un renouvellement entier du monde, et c'est vers quoi se dirige à présent l'Europe, la Plus Grande Europe qui porte la réponse de l'histoire au défi anti-historique de l'impérialisme chaotique des Etats-Unis. Une réponse de l'histoire dont la "deuxième libération de l'Europe de l'Est" n'est qu'une instance révolutionnairement nécessaire, un espace de passage obligé en crise. De la partie prise en défaut, le tout s'occupera, maintenant, à dresser le salut : c'est l'ensemble de la Plus Grande Europe qui doit procéder à la libération de l'Europe de l'Est. La dialectique de la "deuxième libération de l'Europe de l'Est" est en réalité celle d'une "révolution culturelle"; la rectification d'une conscience collective qui s'était laissée égarer. Et, comme telle, elle relève d'un contre-lavage du cerveau : il s'agit d'une opération de psychopathologie collective, qu'il s'agit de mener à son terme ultime, à la désintoxication finale. Une opération effectuée sur le vif.
C'est le prix à payer pour le renversement d'une situation d'ambiguïté déviationniste anti-européenne, subversivement entretenue de longue main par les services spéciaux de Washington, qui bloque souterrainement, à l'heure présente, la mise en marche d'une politique européenne grand-continentale à l'Est de Vienne, et il faut y aller.
Une super-centrale clandestine à l'œuvre, intensément
Il reste de toutes façons entendu que la grande contre-stratégie offensive anti-américaine de l'Europe de l'Ouest et de la Russie -de l'Axe
grand-continental Paris-Berlin-Moscou- devra être soutenue, sur le terrain, par une super-centrale clandestine d'agitation et de contre-information actives, présente, contre-subversivement à tous les niveaux des littératures actuelles et des créations culturelles susceptibles de marquer la conscience des "générations montantes" à l'assaut du pouvoir politico-social et créationnel en Europe de l'Est. Des puissants foyers de désintoxication anti-socialiste, anti-mondialiste et anti-américaine devront être intensivement entretenus, en permanence, sur le front de l'information, de la presse, de la radio et de la télévision. Il s'agit de la mise en situation active des préliminaires aux futures conflagrations intercontinentales qui, dans les temps qui viennent, vont opposer la "Superpuissance Planétaire des Etats-Unis" et l'Empire de la Plus Grande Europe continentale, "eurasiatique", mobilisée autour de l'Axe eurasiatique Paris-Berlin-Moscou-New Delhi-Tokyo. Il est en effet chose inconcevable que, dans la situation actuelle, telle que celle-ci se présente ouvertement et secrètement, l'Europe de l'Est puisse continuer à servir de tête de pont aux Etats-Unis à l'intérieur du continent européen menacé par les stratégies d'encerclement de la conspiration mondialiste régie par ceux-ci depuis leurs bunkers dialectiques de Washington.
La deuxième libération de l'Europe de l'Est va, aussi, à la fin, devoir lever définitivement la secrète malédiction qui, depuis les années quarante, s'était appesantie sur l'Est de l'Europe, et qui avait culminée avec les années de ténèbres sanglantes de l'occupation soviétique. Or le fait du prochain avènement de la Plus Grande Europe est porteur de la garantie d'une élévation finale, de l'"Assomption de l'Europe".
Jean Parvulesco
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