Après Fini, Tudor !
Pour se faire pardonner ses déclarations passées, un homme politique ultranationaliste accusé d'avoir tenu des propos antisémites vient de promettre d'organiser un pèlerinage à un camp de la mort nazi, a rapporté samedi un journal. Corneliu Vadim Tudor, dirigeant du Parti de la Grande Roumanie, a fait cette promesse dans une lettre à Eyal Arad, président d'une agence de publicité en Israël. Tudor a l'intention de se présenter à l'élection présidentielle cette année et souhaite s'attacher les services de cette agence pour sa campagne, a déclaré Nati Meir, son conseiller. La lettre a été publiée dans le "Jurnalul National":
"Je demande à tous les juifs de me pardonner", a déclaré Tudor. "J'ai changé."
Alors qu'il avait un jour nié que l'Holocauste eût touché la Roumanie, Tudor a déclaré qu'il emmènerait cette année un groupe constitué de membres de son parti sur le site du camp d'Auschwitz, au sud de la Pologne. Il a également fait la promesse, au cas où il serait président, d'introduire dans les écoles l'étude de l'Holocauste. La Roumanie a été l'alliée de l'Allemagne pendant presque toute la deuxième guerre mondiale, et des dizaines de milliers de juifs et de Tziganes sont morts dans des camps de concentration en Roumanie et ailleurs en Europe occupée par les nazis.
Au temps du communisme, on enseignait aux enfants que seuls les Allemands avaient perpétré l'Holocauste, et on passait sous silence l'implication des dirigeants roumains de l'époque. Depuis la chute du communisme en 1989, c'est à peine si les écoles ont abordé la question de l'implication de la Roumanie dans les atrocités.
Le mois dernier, Tudor a inauguré le buste de l'ancien premier ministre Yitzhak Rabin en Roumanie centrale. Certaines des autorités israéliennesl'ont accusé de se servir de la mémoire de l'ancien premier ministre dans sa campagne électorale.
La Roumanie abritait 760.000 juifs avant la deuxième guerre mondiale, et on estime que 420.000 d'entre eux ont été tués. Environ 6.000 juifs vivent aujourd'hui en Roumanie.
"Adelaide Institute" , n° 215 d'avril 2004, p.8
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