Bagdad va mourir demain
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19/03/03 |
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1.38 t.u. |
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Hervé Van Laethem |
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Lettre à Yasseen Abu Oumar, guide irakien
Yasseen, mon ami irakien, toi qui m'a guidé pendant 12 jours dans ton pays, je voulais t'écrire. T'écrire une lettre que tu ne liras peut être jamais. Une lettre que je t'écris à une heure où je devrais dormir, mais je ne trouve pas le sommeil. Je ne le trouve pas car je sais ce qui attend ton pays : la guerre et l'occupation. Je sais que parmi les gens que j'ai côtoyé et apprécié pendant ces 12 jours , certains vont mourir.
Je pense à ces gosses de Bassorah, déjà en train de mourir à cause de l'embargo sur les médicaments, je pense au médecin qui nous demandait de non seulement éviter la guerre mais de faire cesser cet embargo, je pense au réceptionniste de l'hôtel si serviable qui parlait français et surtout je pense à toi et à la promesse que tu m'avais demandé de tenir : dire en Europe que le peuple irakien ne voulait pas la guerre, qu'il n'aspirait qu'à vivre tranquille.
Mais voilà, j'ai essayé de leur dire mais ils n'écoutent pas. Trop endormis par leur civilisation dont les cartes de crédit et les ordinateurs sont devenus les seules références. Trop lâches ou trop fainéants pour crier.
Oh bien sûr, quelques uns vont manifester pour se donner bonne conscience et ensuite continueront leurs études qui les fera devenir les décideurs de demain. Décideurs qui à leur tour provoqueront d'autres guerres.
Mais en fait, ils ne feront rien. Ni moi d'ailleurs et c'est bien pourquoi, je n'arrive pas à dormir. Demain, ils vont vous assassiner et je ne sais rien faire.
Je ne peux que regarder la nuit et penser comme Bagdad doit être belle pour sa dernière nuit de paix et de liberté.
Yasseen, pardonne-moi, car je ne sais rien faire
Hervé Van Laethem
Comités Europe-Palestine-Irak
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