La théorie du partisan global
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18/01/03 |
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20.46 t.u. |
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Jürgen Schwab |
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La théorie du partisan global ou pourquoi les USA ont mérité le nouveau type de partisan global
(condensé d'un article paru dans "Deutsche Stimme" de janvier 2002 sous la plume de Jürgen Schwab)
Une citation: " Tant qu'existait le défi socialiste, le capitalisme devait faire attention à ne pas afficher des structures trop rigides, il essayait toujours de se réformer de façon à procurer une certaine protection aux défavorisés. Depuis l'effondrement de l'Union soviétique, le capitalisme montre son vrai visage. Sa face monstrueuse apparaît au grand jour".
(Nasr Hamid Abou Zaid, sociologue et coraniste égyptien)
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Depuis les attentats du 11 septembre, la figure du partisan global a fait irruption dans nos consciences. Et il ne s'agit pas seulement d'Ousama ben Laden, d'ailleurs la question de savoir s'il est vivant ou mort n'a aucune importance, car la figure du partisan global est avant tout un phénomène mental, psychique, dont (pour parler comme Hegel) l'enveloppe physique, corporelle, est interchangeable.
C'est Carl Schmitt qui, voici 40 ans, a pressenti l'émergence du partisan global et en a défini les traits essentiels. Mais jamais ses deux livres ("La notion de politique" et "la théorie du partisan") n'ont été aussi actuels que depuis septembre dernier.
Le partisan "traditionnel" (si l'on peut employer cette expression) combattait encore sur un sol, une terre déterminés et luttait pour leur libération (exemple: les partisans espagnols pendant la Campagne d'Espagne de Napoléon en 1808). Le partisan global, lui, a déjà dépassé cet "enracinement" (ce qui ne l'empêche pas d'être lié mentalement à un sol: le terroriste arabe est aussi un nationaliste).
Seulement, le partisan global a compris que c'est sur son propre territoire qu'il pourra le mieux frapper l'Occident et notamment sa puissance emblématique (les USA). Sa violence "privée" est le pendant de la violence "publique" organisée et mise en oeuvre par des Etats: USA, et Israël au Proche-Orient.
La "désinstallation" de la civilisation occidentale planétaire (dont le centre est "partout et nulle part" - Guillaume Faye) trouve sa réplique dans une désinstallation correspondante du terrorisme arabe et islamique. Le nationaliste arabe et le fondamentaliste musulman adaptent leur tactique à la nouvelle donne "globale". Bref, une terreur globale en entraîne une autre, symétrique. Mais, à la différence de l'Occident, ils ne se déracinent pas par rapport à leur sol et à leur culture.
Le partisan est un produit de l'impérialisme. La disparition du pluralisme des Etats et du droit européen classique ("le droit des gens") a donné naissance, selon C. Schmitt, à la guerre de partisans. L'idéologisation des conflits a donné naissance à l'ennemi absolu, et à la guerre absolue. D'ailleurs (ce sont les médias du système eux-mêmes qui l'ont rapporté), les Américains et leurs alliés de l'Alliance du Nord ont ignoré en Afghanistan toutes les règles du droit de la guerre et n'ont pas fait de prisonniers. Est-il étonnant que leurs adversaires (déjà au départ fanatisés) utilisent et utiliseront à l'avenir la tactique du partisan? Si de toute façon l'on est promis, en cas de capture, à une balle dans la tête, pourquoi revêtir un uniforme? Et pourquoi ne pas suivre un entraînement de kamikaze et de commando-suicide?
Les mondialistes ont tout fait pour écarter l'ordre étatique traditionnel européen, et le droit des gens (et de la guerre) qui allait avec. Ils devront supporter les conséquences de la terreur globale qu'ils ont eux-mêmes déchaînée. Mieux, ils l'ont méritée, et ce depuis 1919 (notion de culpabilité collective inscrite dans les traités de Versailles, abolition de la distinction entre combattants et non-combattants, etc...).
Et les Etats vassaux (France, Allemagne, Italie, Grande-Bretagne etc...) s'associent à la lutte contre l'"ennemi absolu". On est loin de Carl Schmitt pour qui la souveraineté d'un Etat se mesure à sa capacité à déterminer lui-même l'état d'exception (à l'intérieur comme à l'extérieur)!!
Cette absolutisation de l'ennemi ne laisse aucune place à la différenciation rationnelle: l'Arabe (hier: l'Allemand) n'est pas accepté comme tel, mais seulement sous la forme dégénérée du vassal. S'il ne correspond pas à cette forme, ou à ce rôle, il devient un "extrémiste", un "antisémite", un "islamiste"', un "terroriste".
Et celui qui a lu Carl Schmitt ne peut s'empêcher de demander: les USA ne seraient-ils pas le "véritable ennemi" des nations européennes, qui veut nous pousser dans une troisième guerre mondiale contre "l'ennemi absolu" ... des Etats-Unis?
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