La victoire (rouge-brune) de Chavez
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31/08/04 |
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8.45 t.u. |
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Roland Gaucher. |
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« Chavez, mi-Peron et mi-Guevara ». C’est le titre d’un article d’Alexandre Adler paru dans Le Figaro du 18 août dernier, après la victoire du président de la République vénézuélienne au référendum. Je n’ai, bien entendu, aucune affinité politique avec Alexandre Adler. Je n’en ai pas moins lu avec intérêt son article, car il met en évidence un phénomène jugé jusqu’ici incroyable et quasi monstrueux : la victoire d’une coalition électorale des forces fascistes (celles de Chavez) et ex-communistes (celles des « castristes » vénézuéliens).
Un peu comme si en France Jean-Marie Le Pen s’alliait avec Marie-Georges Buffet !
Alexandre Adler amorce son papier par ce qu’il appelle « le pire » : « l’Argentine qui dans ce domaine comme dans bien d’autres, a servi de laboratoire dans tout le continent austral, a engendré, du temps de sa fragile prospérité, deux aberrations idéologiques durables : le péronisme et le guévarisme. (...) Opposés en apparence - puisque Péron était un fasciste sympathisant actif de Mussolini et d’Hitler, et que Guevara était, en tant qu’élève du grand avocat de gauche Frondizi, un semi-trotskiste à la recherche d’une révolution latino-américaine originale, les deux idéologies se sont pourtant rencontrées sur l’essentiel. Toutes deux se fondent sur l’exécration du modèle nord-américain. C’est d’ailleurs la diplomatie argentine qui aura constamment, de 1930 à 1980, opposé un veto immarcessible à toutes les propositions venues de Washington de bâtir une communauté des deux Amériques, au départ contre Hitler, à l’arrivée pour étendre le libéralisme économique ».
Ce qu’Adler ne souligne guère, c’est que les choses ont changé à Cuba à partir du moment où l’URSS s’est disloquée. Castro s’est retrouvé complètement isolé face à l’immense puissance de l’impérialisme américain. La seule solution a été pour lui de s’entendre avec un populiste comme Chavez, c’est à dire avec un « facho ».
L’Europe libérale, cosmopolite, capitaliste, qui essaie aujourd’hui, très péniblement, de se constituer, peut offrir l’occasion de rapprochements comparables à ceux de Chavez et de Castro. Les bases existent pour la création d’une internationale populiste à l’intérieur de l’Europe en gestation. Avec des forces comme celles d’un Umberto Bossi en Italie du Nord, avec celles d’Haider en Autriche, avec les nationalistes flamands ou wallons, avec des mouvements très minoritaires en Allemagne, avec, en France, une base très populaire, souvent ex-communiste, du Front national, et avec des anciens communistes dans les pays de l’Est.
Dans cette perspective, il convient de multiplier les contacts, d’éliminer l’esprit de chapelle, de ne pas s’enfermer, se cloisonner, dans le culte du souverainisme.
Roland Gaucher.
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