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Le doigt d'honneur violet

20/02/05 14.57 t.u.
Naomi Klein

"Le peuple Irakien a donné à l'Amérique le plus grand "merci" que nous pouvions espérer." En lisant cette analyse des élections par Betsy Hart, une éditorialiste du Scripps Howard News Service, j'ai pensé à ma grand-mère. A moitié aveugle et un véritable danger public derrière le volant de son Chevrolet, elle refusait obstinément de rendre les clés de sa voiture. Elle était convaincue que partout où elle allait (en écrasant sur son chemin tous les chiens de Philadelphie) les gens lui faisaient des signes amicaux en souriant. "Ils sont si gentils !". Il nous a fallu lui annoncer la mauvaise nouvelle. "Ils te font bien des signes, grand-mère, mais pas avec la main -- juste avec le majeur."

Il en est de même pour Betsy Hart et les commentateurs myopes : Ils croient que le peuple Irakien a finalement envoyé à l'Amérique les fleurs attendues depuis si longtemps, alors que le peuple Irakien vient de lui brandir un doigt (violet) d'honneur.

Les résultats des élections sont connues : les Irakiens ont voté en très grande majorité contre le gouvernement d'Iyad Allaoui mis en place par les Etats-Unis, qui refuse demander aux Etats-Unis de partir. Une majorité a voté pour l'Alliance Unie Irakienne ; le deuxième article du programme de l'AUI demande "un calendrier pour le retrait des forces multinationales en Irak".

Il y a d'autres messages contenus dans le programme de la coalition qui est sortie victorieuse des élections. Quelques exemples : "l'adoption d'un système de sécurité sociale où l'état garanti un emploi pour chaque Irakien... et offre des moyens aux citoyens pour construire des maisons." L'AUI promet aussi une "annulation de la dette Irakienne et des indemnités compensatrices ainsi que l'affectation des richesses pétrolières à des programmes de développement économique." En clair, les Irakiens ont voté pour l'éradication de la politique libérale imposée par l'ancien consul américain Paul Bremer et inscrite dans les récents accords avec le Fonds Monétaire International.

Est-ce que tous ceux qui se sont emballés en voyant les Irakiens se rendre en masse aux urnes soutiendront leur choix démocratique ? Vous plaisantez. "On ne peut pas définir de calendrier," a déclaré George W. Bush, quatre jours après que les Irakiens aient voté justement pour ça. De même, le Premier Ministre Britannique Tony Blair a qualifié les élections de "magnifiques" mais a écarté toute idée de calendrier. Les promesses de l'AUI d'étendre le secteur public, de garder le pétrole et d'effacer la dette suivront connaîtront probablement le même sort. Du moins si Adel Abd al-Mahdi réussit à s'imposer - il est actuellement Ministre des Finances et vient soudainement d'être pressenti pour diriger le prochain gouvernement Irakien.

Al-Majdi est le Cheval de Troie de l'administration Bush au sein de l'AUI. (Vous ne pensiez tout de même pas que les américains allaient mettre tous leurs oeufs dans le panier d'Allaoui ?). Au mois d'octobre il a déclaré lors d'une réunion du American Enterprise Institute qu'il prévoyait de "restructurer et privatiser les entreprises d'état (Irakiens)", et au mois de décembre il s'est rendu à Washington pour présenter son projet d'une nouvelle loi sur le pétrole, une loi "très prometteuse pour les investisseurs Américains." C'est al-Mahdi lui-même qui a supervisé toute une série d'accords signées avec Shell, BP et Chevron Texaco quelques semaines seulement avant les élections, et c'est aussi lui qui a négocié le récent plan d'austérité avec le FMI. Sur le retrait des troupes, al-Mahdi ne tient pas du tout le même langage que le programme de son parti et au contraire parait être un porte-parole de Dick Cheney sur Fox News : "le départ des américains dépendra du niveau de préparation de nos propres troupes et de la réaction de la résistance après les élections." Mais sur la loi coranique (charia), on dit qu'il est très proche des religieux.

Les élections Irakiennes ont été maintes fois repoussées, au fur et à mesure que l'occupation et la résistance devenaient de plus en plus sanglantes. A présent, il semblerait que deux années de massacres, de corruption et de manoeuvres d'alcôves n'aient abouti qu'à ceci : les ayatollahs prendront le contrôle de la famille, Texaco celui du pétrole, et Washington obtiendra les bases militaires permanentes (un programme qu'on pourrait appeler "pétrole-contre-femmes"). Tout le monde y gagne sauf les électeurs, qui ont risqué leur vie pour voter pour une politique totalement différente.

Mais oubliez tout ça. On nous dit que l'important dans les élections du 30 janvier est que les Irakiens ont voté - et peu importe pour quel programme ils ont voté. Plus important encore, c'est ce que le courage affiché par les Irakiens pour aller voter inspire aux Américains quant à "leur" guerre. Apparemment, le véritable objectif de ces élections était de prouver aux Américains que, selon les termes de George Bush, "Les Irakiens sont attachés à leur liberté". Pour une nouvelle, c'est une sacrée nouvelle. L'éditorialiste du "Sun-Times" de Chicago, Mark Brown, a dit que le vote était "le premier signe clair que la liberté avait réellement une signification pour le peuple Irakien." A l'émission "The Daily Show" sur CNN, Anderson Cooper a dit "c'est la première fois que nous pouvons en quelque sorte mesurer leur volonté de progresser et de faire des choses".

Qu'est-ce qu'il leur faut ? Le soulèvement Chiite contre Saddam en 1991 n'est à l'évidence pas assez convaincant pour croire que les Irakiens seraient prêts à "faire des choses" pour être libres. Ni la manifestation de 100.000 personnes qui s'est déroulée il y a un an pour exiger des élections immédiates, ni les élections locales spontanées organisées par les Irakiens au cours des premiers mois d'occupation - toutes deux rapidement étouffées par Bremer. A entendre les télévisions américaines, toute l'occupation se résumerait à un seul et long épisode de "Fear Factor" (émission de télé-réalité où les candidats doivent réussir des défis de plus en plus difficiles et "effrayants" - NDT), où les Irakiens doivent surmonter des obstacles de plus en plus difficiles pour démontrer leur volonté de récupérer leur pays. La destruction de leurs villes, les tortures subies à Abou Ghraib, les tirs subis aux points de contrôle, la censure de leurs journalistes, les coupures d'eau et d'électricité -- tout ceci n'était qu'un prélude à l'ultime test d'endurance : éviter les bombes et les balles pour se rendre aux urnes. Les Américains sont enfin persuadés que les Irakiens veulent vraiment leur liberté.

Et quelle est leur récompense ? La fin de l'occupation, comme ils l'ont demandée ? Ne soyez pas ridicules - le gouvernement des Etats-Unis refuse de se soumettre à un "calendrier artificiel". Des emplois pour tous, comme promis par l'AUI ? On ne peut pas voter pour de telles fadaises socialistes. Non, ils ont gagné les larmes de Geraldo Rivera ("j'étais si émue"), la fierté maternelle de Laura Bush ("le Président et moi étions si émus de voir tous ces gens sortir des bureaux de vote avec leurs doigts violets") et les excuses sincères de Betsy Hart pour avoir douté d'eux ("Wow -- quelle leçon...").

Ca devrait leur suffire. Parce que sans l'invasion, les Irakiens n'auraient même pas la liberté de voter pour leur libération, pour voir ensuite leur vote complètement ignoré. C'est ça leur véritable récompense : la liberté d'être occupés. Wow - quelle leçon...

28 février 2005

 
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