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EDIT :: DELETE Les mouvements américains pour la paix

15/01/03 5.46 t.u.
Catherine Owerman

Aux Etats-Unis, des voix de gauche et de droite s'unissent pour dénoncer la volonté présidentielle de faire la guerre à l'Irak

Dans les zones interdites de survol, on n'aime pas voir voler les colombes. Pourtant, aux Etats-Unis, il existe aujourd'hui un mouvement pacifiste. Vraiment? Oui, mais on ne le voit pas à la télévision. Les grandes chaînes de télévision n'évoquent ce mouvement que furtivement, à contre-c¦ur, comme à la fin d'octobre dernier, quand les mouvements pacifistes de gauche ont décidé d'organiser une manifestation générale commune à Washington. Les organisateurs ont annoncé 150.000 participants.

C'est le plus grand rassemblement pacifiste depuis la guerre du Vietnam, mais les citoyens américains n'apprennent son existence que par bribes et morceaux, par quelques secondes d'antenne, où on ne leur montre qu'une macédoine d'images furtives, où on ne leur baragouine que quelques lambeaux de mot, mêlés à des images présentant un groupe de pacifistes américains délirants dans les rues de Bagdad. Pourtant, la nouvelle de l'émergence de ce nouveau mouvement pacifiste n'a pas entièrement été escamotée, comme ce fut le cas, il y a quelques mois, quand le New York Times a cru bon de ne pas consacrer une seule ligne à une marche de protestation rassemblant plusieurs dizaines de milliers de personnes à travers Central Park.

Depuis le choc provoqué par les attaques terroristes du 11 septembre 2001, les médias américains se sentent obligés d'entonner le discours patriotique. La critique paralyse, prétendent-ils, et n'est pas de mise face à la menace terroriste, qui multiplie ses cellules, à la façon de métastases, processus que les médias suivent évidemment avec une hystérie devenue routinière. Malgré cette mobilisation intellectuelle permanente, l'enthousiasme belliciste des Américains se rafraîchit lentement: d'après les derniers sondages, la part des citoyens américains favorables à la guerre préventive contre l'Irak s'est réduite à 56%. Plus le Président reçoit de pouvoirs, plus la critique se réveille et se fait entendre.

Certes, cette critique est portée par des voix isolées, par les rouspéteurs professionnels. Aux côtés d'autres gauchistes et libéraux (au sens anglo-saxon du terme), qui avaient tous plongé en immersion profonde après le 11 septembre, le militant pour les droits civiques Jesse Jackson est revenu à la surface et a organisé une protestation en face du "Vietnam Memorial" à Washington. La réputation de Jackson avait quelque peu été ternie, parce que les talibans, au moment où les troupes américaines entraient dans leur pays, avaient demandé à ce qu'il joue le rôle de "médiateur"; Jackson avait presque accepté, alors qu'il était évident que les talibans tentaient là une ultime man¦uvre pour gagner du temps.

Mais il existe aux Etats-Unis un autre mouvement hostile à la guerre, victime de la conspiration du silence orchestrée par les médias. Ce mouvement se situe idéologiquement à droite, très à droite, bien plus à droite que le Président. Il reproche à Bush et à ses ministres "néo-conservateurs" de limiter et de juguler les libertés citoyennes des Américains, sous prétexte de "faire la guerre au terrorisme". Le linguiste Noam Chomsky, situé à gauche, hostile à la guerre et à l'impérialisme de son pays, avait déclaré début septembre 2002 à un quotidien allemand : "Beaucoup de conservateurs, d'ancien style, ne manifestent aucun enthousiasme, quand ils voient comment le gouvernement accroît démesurément le pouvoir de l'Etat. En effet, le gouvernement tente de forger un Etat hyper-puissant, à tendances quasiment fascistes, projet que ces conservateurs rejettent ".

Chomsky déclarait qu'il n'entendait aucune protestation du côté des démocrates, ce qui le désolait. La seule argumentation valable contre la guerre venait de la droite, ajoutait-il. Elle disait en substance que l'on ne devait pas mener de guerre offensive, ni aucune guerre qui ne soit purement défensive. " Il faut désormais aller voir jusque dans les rangs de la droite la plus extrême, pour entendre un tel discours ", avait ajouté ce professeur du "Massachusetts Institute of Technology" (MIT), que le New York Times avait un jour labellisé comme "le plus connu des dissidents du monde".

Dans un tel contexte, le petit monde manichéen de la gauche européenne vole en morceaux. Quand on observe aujourd'hui attentivement la scène politique américaine, on ne peut plus utiliser les poncifs habituels et dire que la gauche est toujours pour la paix et que la droite, en revanche, agit toujours de concert avec l'industrie de l'armement et incite à la guerre.

La diversité des courants de droite aux Etats-Unis conduit tout observateur à la confusion. Dans les débats publics et dans les médias, ce sont les néo-conservateurs qui dominent; la plupart d'entre eux sont des déçus du parti démocrate, qui, à la fin des années 70, ont commencé à faire carrière chez les Républicains, pour lesquels, au titre d'intellectuels, ils ont forgé de nouveaux concepts offensifs. Aujourd'hui, ils manipulent une conception fort abstraite des "droits de l'homme" et disent qu'il faut imposer ceux-ci dans le monde entier, au besoin par la force des armes. Leur rhétorique belliciste les conduit à dire que les guerres menées par les Etats-Unis servent les droits de l'homme et les droits revendiqués par les féministes. Tout cela ressemble étrangement à la pensée politiquement correcte. Se faisant le porte-voix de ces soupçons légitimes de "correction politique", le quotidien libéral de gauche The Nation apostrophait ces néo-conservateurs en résumant lapidairement leur programme : "let's-make-the-world-good-and-help-Israel-neocons" ("Rendons le monde bon et aidons les néo-conservateurs d'Israël"). Ce mélange de droit-de-l'hommisme et de militantisme pro-israélien constitue la pierre angulaire des arguments avancés par plusieurs penseurs, spécialisés en relations internationales, comme Irving et Bill Kristol, Norman Podhoretz, son épouse Midge Decter, les éditorialistes Charles Krauthammer et George Will; à ces néo-conservateurs juifs, s'ajoute une frange militante de conservateurs chrétiens, qui rivalisent avec eux dans leur volonté de faire d'Israël le frère de sang de l'Amérique.

Mais à côté des néo-conservateurs, nous trouvons les paléo-conservateurs, qui vivent dans l'ombre, loin des grands médias. Chez ces "paléos", nous trouvons surtout les isolationnistes (du mouvement "America First") et les opposants au libre marché, comme Patrick Buchanan, un libéral de vieille mouture (au sens tocquevillien du terme), pour qui l'Etat en lui-même, sa puissance centralisatrice, sa rage taxatoire, son armée et ses guerres interventionnistes sont d'emblée suspects. Llewellyn Rockwell suggère une "proposition formidable": que Bush et Saddam se battent en duel. " Même Bush nous dit que nous n'avons rien contre le peuple irakien. Mais, bon Dieu, qu'on leur foute la paix alors, et qu'on foute la paix au peuple américain aussi, qu'on le laisse en dehors de tout ça! ". Cet étrange duel pourrait avoir lieu quelque part dans les sables du désert et éviter ainsi la catastrophe humanitaire que serait la guerre, affirme ce Président de l'Institut Ludwig von Mises.

Plus sérieusement, Patrick Buchanan, le regard fixé sur les dures réalités du monde, formule le jugement suivant : " L'US-Army, déployée à Bagdad, provoquerait automatiquement un appel à la Djihad du Maroc jusqu'à la Malaisie ". Voilà ce que pense cet homme connu, ce journaliste de la télévision, situé à droite sur l'échiquier politique, cet auteur de best-sellers, qui fut plusieurs fois candidat à la présidence; il prédit une guerre de religion, étendue au monde entier. Dans le premier numéro de sa nouvelle revue, The American Conservative, Buchanan attaque les conseillers néo-conservateurs du Président Bush : " Le mouvement conservateur a été kidnappé, perverti, au point de devenir une idéologie globaliste et interventionniste, favorable à l'ouverture des frontières et à une immigration illimitée ".

Ses adversaires néo-conservateurs, Buchanan les repère dans les colonnes de revues comme Commentary, National Review et Weekly Standard. Il les accuse de mener une politique étrangère impérialiste. Buchanan pense que la stratégie des néo-conservateurs autour de Bush vise d'abord à faire de l'Irak un "satellite des Etats-Unis", pour ensuite transformer le pays en une base de départ pour "moderniser" le monde arabe. " Mais, je ne crois pas, poursuit Buchanan, que 1,2 milliard de musulmans, qui se montrent de plus en plus militants, et qui ont l'habitude de tracer leurs frontières avec leur sang, pourront un jour être pacifiés et transformés en petits Etats de facture occidentale ". Prendre l'Irak d'assaut ne sera pas une promenade, ajoute Buchanan, même si les technologies militaires irakiennes sont obsolètes et mal entretenues.

Dans ce même numéro de The American Conservative, Eric Margolis abonde dans le même sens et tonne: " Etre animé par une rage de détruire, ce n'est pas faire de la politique, quand bien même les faucons du Pentagone et les bateleurs médiatiques néo-conservateurs songent à retourner totalement le territoire irakien à coups de bombes ". Margolis dirige le groupe médiatique Sun; depuis plus de trente ans, il écrit sur le Moyen-Orient et y réside souvent. Il pense que derrière la rhétorique belliciste de la Maison Blanche se profile un "esprit de piraterie". En vérité, on veut "libérer" l'Irak pour pouvoir s'emparer de ses richesses pétrolières et non pas pour lui apporter la "civilisation" et la "démocratie".

Si les intentions réelles du gouvernement américain étaient bel et bien d'apporter la démocratie et la liberté aux Irakiens, pourquoi ce même gouvernement soutient-il depuis des décennies des régimes autoritaires et corrompus comme au Maroc, en Tunisie, en Egypte, en Arabie Saoudite et dans les Emirats du Golfe, demande Margolis. Au lieu de démocratiser la région, une nouvelle guerre du Golfe aurait pour effet de déstabiliser le monde musulman et d'y bétonner l'hostilité larvée à l'Occident. Les arguments avancés par le groupe autour de Buchanan sont axés sur la Realpolitik, contrairement à ceux des pacifistes de gauche, également hostiles à toute guerre contre l'Irak : pour les paléo-conservateurs une nouvelle aventure militaire dans le Golfe pourrait coûter très cher aux Etats-Unis.

Cette position les amène à partager les arguments d'un historien de Yale, situé à gauche, Immanuel Wallerstein. Les réflexions géopolitiques de Wallerstein s'opposent diamétralement à l'opinion courante, qui veut que les Etats-Unis soient un "hegemon" global, sans challengeurs. Dans un article provocateur, intitulé "L'aigle a atterri en catastrophe", récemment paru dans la revue Foreign Policy, il ose une prophétie : depuis la fin des années 70, les positions de la puissance américaine sont en recul. En dépit des apparences, Wallerstein considère que les Etats-Unis sont actuellement "une super-puissance isolée, qui dispose certes d'atouts considérables, mais insuffisamment, pour être un véritable dirigeant global, car personne ne les suit, peu les respectent; ils constituent une nation qui est à la traîne en bien des domaines au milieu d'un chaos global, qu'elle est incapable de garder sous son contrôle".

Il ne fait pas de doute, pour Wallerstein, que la puissance hégémonique américaine va perdre des plumes. Ce qui le préoccupe, c'est de savoir "si les Etats-Unis trouveront une voie, pour reculer dignement, avec des dégâts réduits pour le monde et pour eux-mêmes". Bush et ses conseillers ont certainement ri avec commisération, sans comprendre ce que Wallerstein a voulu dire, quand ils ont lu ses lignes.

Catherine Owerman.
(article paru dans Junge Freiheit, n°46/2002 - http://www.jungefreiheit.de ).



 
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