:: Les plus propres sur eux ne sont pas forcément ceux que l’ont croit
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15/10/02 |
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8.34 t.u. |
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Yag Bazhdid |
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Lorsque les pratiques de Washington en matière de lutte contre le terrorisme entretiennent de sérieux doutes.
On connaît la propension anglo-saxonne à accuser sans preuves tous ceux qui ne lui lèchent pas les pieds. Mais, si Washington a quelque mal à réunir les éléments de ses accusations de terrorisme, notamment sur le dossier irakien ; ça n’est pas le cas de tout le monde.
Ainsi, est-on " L'Iran dispose des documents selon lesquels les États-Unis organisent des bandits et des groupes terroristes contre la République islamique (…). Cela montre le manque de sincérité américaine dans la lutte contre le terrorisme "(1) a affirmé le chef de la diplomatie iranienne, le Dr Kamal Kharrazi, lors d'une conférence de presse à Téhéran.
" Washington soutient des groupes terroristes pour organiser des agissements contraires aux intérêts de l'Iran, et accuse en même temps la République islamique d'aider le réseau terrroriste Al- Qaïda… "(2), a souligné le Dr Kharrazi, qui a prévenu que son pays examinait la façon de " porter plainte contre les États-Unis devant des instances internationales, car ces agissements violent les Accords d’Alger (1980, ont mis fin à l’affaire des “otages” retenus à l’ambassade américaine) "(3), qui stipulent que les deux pays n’ont " pas le droit de s’ingérer dans les affaires intérieures l’un de l’autre ".
Quant aux accusations américaines selon lesquelles l’Iran servirait de refuge à des membres d’Al-Qaïda, le Dr Kamal Kharrazi, de rappeler que " L’Iran a toujours collaboré à la lutte contre le terrorisme et rejette les accusations au sujet d’Al-Qaïda (…). Chez nous, il n’y a aucune ambiguïté ni faute "(4), l’Iran ayant déjà extradé quelque 150 ou sympathisants d’Al-Qaïda arrêtés sur son territoire, et entendait continuer d’agir de la sorte. Contrairement à Washington et Londres qui ont toujours rejeté les demandes d’extraditions de terroristes émanant de pays-tiers. la France pour Londres, et l’Égypte et l’Algérie pour Washington…
De plus, les États-Unis ont " exploité les événements du 11 septembre pour répondre à la violence par la violence, et c’est une grande erreur de leur part "(5).
Par ailleurs, lorsque, d’aventure, Washington se prêtre à des mesures de représailles (d’ordre juridiques), la validité de ses dossier laisserait sérieusement à désirer.
Dernier exemple en date, l’affaire Waël Hamza Joulaidan.
Vendredi, le Département américain du Trésor embouchait ses plus belles trompettes pour faire savoir que l’homme d’affaire Waël Hamza Joulaidan avait été rajouté sur la liste internationale des personnes et organisations soutenant le terrorisme.
Tout ce qu’on sait vraiment c’est que le sieur Joulaidan, présenté comme un associé du réseau terroriste Al-Qaïda, dirige depuis février 2000 l’organisation caritative islamique Rabita Trust
Or, toujours à en croire le Trésor US que c’était l’Arabie Séoudite qui aurait communiqué le nom de Joulaidan à l’Onu.
Premier couac à cette belle démonstration, le patron des Renseignements séoudiens s’est aussitôt dit " surpris " à l’annonce à Washington du gel des avoirs de Waël Hamza Joulaidan et n’a en rien reconnu avoir averti qui que ce soit…
En cascade, le ministre séoudien de l’Intérieur, SAR Nayef Bin-Abdel Aziz, s’est fendu d’une réaction, plutôt sèche, auprès du quotidien Okaz, affirmant espérer " que l’information est erronée car il serait regrettable qu’un homme d’affaires saoudien ait soutenu et financé le terrorisme ".
Et ça n’est que depuis que les Américains ont porté l’affaire sur la place publique que, précise le prince Nayef, son pays " a entamé des contacts "(6) avec le Département du Trésor US.
Quant à Rabita Trust, la presse beyrouthine, si elle nous confirme que " Quelques jours après les attentats du 11 septembre, avait été placée sur la liste noire du terrorisme et ses avoirs avaient été gelés "(7), de s’étonner qu’ " Aucune raison n’a été fournie pour expliquer pourquoi il a fallu attendre près d’un an avant que le nom de Joulaidan ne soit ajouté à la liste. Son nom figurait toutefois dans la plainte déposée récemment à Washington par plus d’un millier de proches de victimes des attentats du 11 septembre et réclamant des indemnisations de 3 000 milliards de dollars "(8).
Ne serait-on pas en face d’une de ces tentatives de racket dont les lobbies US ont le secret ?
En tout cas, rappelle encore nos confrères libanais, " une source de la Ligue du monde islamique, qui dirige Rabita Trust, a affirmé samedi que Joulaidan s’était séparé de Bin-Laden depuis de longues années “à la suite d’une dispute”, bien avant les attentats du 11 septembre "(9).
Le dossier sent d’autant plus le faisandé, que le ministre séoudien des Finances a de son côté affirmé que Washington n’avait pas officiellement notifié Riyad des accusations contre Joulaidan. " Nous n’avons rien reçu d’officiel sur la question "(10), a déclaré Ibrahim al-Assaf, dans une déclaration publiée dimanche à Riyad.
Quant au principal intéressé, le dénommé Joulaidan – quiappartient à l’une des familles les plus connues de la deuxième ville sainte de l’islam, Médine – il a indiqué qu’il " menait des contacts avec un groupe d’experts pour envisager les mesures à prendre contre l’initiative américaine "(11).
Or, concrètement tout ce qu’ont pu établir (et que Moulaidan ne nie pas) les T’men (agents du Trésor) est que leur cible, si elle " a été à la tête de plusieurs ONG fournissant un soutien financier et logistique au réseau Al-Qaïda "(12, a combattu avec Bin-Laden en Afghanistan dans les années 1980 contre l’occupant soviétique.
C’est-à-dire au moment où l’admnistration US, le Pentagone et le CIA, armait, équipaient et finançaient le dirigeant (en exil) de l'Organisation de la Réforme & du Conseil, Ossama Bin-Laden…
A cette aune, qu’attend donc le Trésor US pour geler les comptes de la CIA de la Maison-Blanche et de ses principaux fonctionnaires ?
Notes
(1) Irna (9 sept. 02).
(2) Idem.
(3) Idem.
(4) Idem.
(5) Idem.
(6) SPA (9 sept. 02).
(7) L’Orient-Le Jour (9 sept. 02).
(8) Idem.
(9) Idem.
(10) Okaz (8 sept. 02).
(11) Arab News (9 sept. 02).
(12) L’Orient-Le Jour (9 sept. 02).
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