26/01/05 19.01 t.u. Président Saddam Hussein

Le document qui suit a été publié dans l’hebdomadaire égyptien al-Ousboua par son rédacteur en chef, Mustapha Bakri. L’avocat de Saddam Hussein, Khalil Douleïmi, y rend compte d’un entretien de quatre heures et trente minutes qu’il a eu avec son « client ».

Dans ce premier entretien accordé depuis son arrestation, le Président Saddam Husseïn exprime sa confiance dans la résistance.

Saddam, comme le décrit Douleïmi est en bonne santé, serein et convaincu que Bush quittera l’Irak par la petite porte.

Saddam commence l’entretien en récitant un poème au grand étonnement de Douleïmi qui demande si cette poésie est de lui.

Saddam : Oui, c’est de moi. J’ai écrit cela en prison. La prison ne peut pas casser la détermination d’un militant arabe.

Douleïmi : Monsieur le Président, je représente le Comité qui assure votre défense. Avez-vous quelque chose à me dire ?

Saddam : Je veux tout d’abord savoir quel a été l’effet de mon premier passage devant la cour.

Douleïmi : Il a beaucoup impressionné l’opinion publique, irakienne et arabe. L’opinion commune est que ce n’est pas un jugement mais une mascarade.

Saddam : Cette cour n’est pas légale, elle est le fruit d’une occupation étrangère. C’est une mise en scène ridicule. Les Américains sont venus en Irak pour détruire son Etat et tout ce que peux déclarer Bush ne sont que des mensonges.

Douleïmi : Les affirmations de Bush étaient toutes fausses. Cela joue en votre faveur.

Saddam : Quand nous disions que Irak n’avait pas d’armes de destruction massive, c’était la vérité. C’est pour cela que nous avions ouvert nos portes aux inspecteurs de l’ONU. Nous voulions montrer à tout le monde que nous étions prêts à coopérer. Mais, malheureusement, les Etats-Unis ont fait fi de tout cela et ont occupé Irak sans preuves légales.

Douleïmi : Dans ce contexte, il faut prendre en compte les remarques de Kofi Annan affirmant que l’occupation de l’Irak est illégale

Saddam : Il s’agit de quelque chose d’important, il faut le noter pour quand on écrira l’histoire. Kofi Annan ne croit plus aucun des mensonges américains. Si Dieu le veut, Bush se retrouvera seul, quand le monde entier aura compris qu’il est un menteur. Il quittera l’Irak par la petite porte car la résistance irakienne est pleine de ressource. Elle a été préparée bien avant la guerre. J’ai fusionné les directions politiques et militaires et nous avons préparé cette nouvelle page de la guerre contre les Américains. Ce qui se produit aujourd’hui n’est pas du au hasard.

Douleïmi : Le Président Saddam Hussein me questionne alors que la manière dont les médias traitent de la question de l’Irak. Je lui fais part des trois positions les plus marquantes : celle de Mustapha Bakri, de al-Ousboû, celle de Abdelbari Atwan, de al-Qods al-Arabi et celle de Fahd Al Rimawi, du al-Majd de Jordanie.

Saddam: Mustapha Bakri est un chic type, il n’a jamais changé d’idées et je vous serais reconnaissant de lui faire part de ma sympathie.

Abdelbari Atwan est aussi quelqu’un de très courageux, comme Fahd Rimawi. Et n’oubliez pas de faire part de ma considération à George Gallaway qui a fait tout ce qu’il pouvait pour défendre l’Irak, à Ramsee Clark, à Mahatir Mohamed, à Nelson Mandela et à tous les Arabes libres. Dîtes leur que Saddam est imperturbable et optimiste et qu’il est convaincu que la victoire est proche. Je crains cependant pour la Syrie. Comme l’Irak, ce pays est dans le collimateur. En fait, comme je l’ai répété à diverses reprises, c’est toute la nation arabe qui est visée. C’est une croisade, une guerre raciste qui est menée contre les arabes et les musulmans.

C’est pour cette raison qu’ils s’en sont pris à l’Irak, un pays avec une vieille civilisation. Les Américains veulent se venger. Ils ont comploté contre le gouvernement légitime d’Irak et ils se sont emparés du pouvoir par la force. La raison qui fait qu’ils restent en Irak n’est pas seulement le renversement du régime Saddam.

Douleïmi : Il m’a demandé comment s’était passé les combats à Falloujah. Je lui ai répondu. Il m’a alors déclaré :

Saddam : J’étais sûr que jamais Falloujah ne se rendrait. Je connais la résistance dont est capable cette ville. Le majorité des dirigeants de ses groupes de résistance sont des anciens de l’armée d’al-Qods. Ils ont été bien entraînés.

Douleïmi : Il m’a ensuite interrogé sur l’Intifada. Je lui ai répondu que tout allait bien. Mais j’ai évité de lui parler de la mort d’Arafat.

Saddam : Les Palestiniens sont déterminés, Dieu les bénisse.

Douleïmi : Je l’ai interrogé suir la manière dont il avait été capturé et je lui ai raconté les diverses versions qui couraient de son arrestation.

Saddam : Quand il s’agit de mentir, les yankees sont très forts. J’étais convaincu qu’ils feraient tout pour m’humilier devant le peuple. Ce qu’ils ont montré n’est rien qu’un mauvais scénario de film de cow boys. La réalité, c’est que j’étais chez un ami dans la ville de Saleheddine. C’était le soir et je lisais le Coran. Au moment où je me levais pour faire la prière, les commandos Américains ont subitement pris la maison d’assaut. Je n’avais pas d’arme et je n’ai pas pu me défendre. J’ai été emprisonné immédiatement et très maltraité durant les deux premiers jours. Mais, pour ce que j’en sais, je ne peux pas vous dire si mon ami m’a trahis ou s’il a subi des pressions.

28/12/2004
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Traduction française : Christian Bouchet