08/10/02 9.44 t.u. Harb al-Amin

Lorsque l'invitation d'une intervenante arabe n’est pas du goût de certains.

Michael Janofsky, in The New York Times (30 août 02), nous apprend que le Colorado College de la bonne ville de Colorado Springs ayant invité Hanane Achraoui, à participer à un symposium, " l'invitation et son acceptation " par l’intéressé auraient irrité " les juifs de l'école et de la ville " qui ont avancé que programmer une telle intervention le lendemain du jour anniversaire du 11 septembre constituait " un manque de sensibilité ".

Cette affaire mérite quelques mises au point.

1. Qui a fait de quelques individus de la communauté mosaïque locale, les porte-parole attitrés dudit collège, de leur communauté de Colorado Springs puis de la ville tout entière ? Probablement personne, à part eux-mêmes sans doute ! Il s’agit, en l’espèce d’un détournement de la démocratie qui fait qu’une poignée d’individus entend dicter sa volonté à l’ensemble des habitants d’une cité, au sens antique de polis.

2. Qu’est-ce qui permet, au-delà de leurs fantasmes anti-arabes, à ces censeurs de relier Mme Hanane Achraoui (ou tout autre Palestinien), aux événements du 11 septembre. Toujours rien. Il s’agit là d’une forme d’amalgame relevant d’un racisme qu’on croyait disparu de cette Amérique qui, dans les années 50, voyait certains établissements hôteliers interdire leur accès à des juifs américains.

3. À quels morts du 11 septembre ces lobbyistes de la haine font-ils allusion ? Assurément pas à leurs concitoyens arabo-américains (sans parler des ressortissants étrangers, y compris proche et moyen-orientaux) décédés dans les Twin Towers. Mais, sans doute, toutes ces autres victimes pèsent-elles à leurs yeux d’un tout autre poids.

4. En quoi, pour finir, inviter Mme Achraoui est-il quelque part " un manque de sensibilité " ? À moins que par " sensibilité ", on entende parquer les Arabes dans quelques bantoustans, ou, même, camp de concentration et de torture, comme à Guantanamo ?

Plagions ici, ces étudiants tchèques qui, lors du Printemps de Prague, badigeonnaient les murs de la ville d’un " Lénine, réveilles-toi, ils sont devenus fous ! ", et lançant à Colorado Springs et au monde : " Franklin, réveilles-toi, ils sont devenus fous ! "

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