05/10/02 10.04 t.u. Yag Bazhdid

Comme le dit la sagesse populaire, Kostunica, s’il veut être élu, va devoir choisir entre deux maux :

Le premier, accorder au leader du SRS, Vojislav Seselj, ce qu’il demande. À savoir le très convoité ministère de l’Intérieur – et à la clef la haute main sur les troupes du Ministarstvo Unutrasnjih Poslova (MUP), qualitativement équivalentes (si ce n’est supérieures) à celles de l’armée de terre, mais extrêmement professionnelles et au patriotisme avéré – et s’aliéner le soutien moral de l’OSCE, Bruxelles, et tutti quanti.

Le second et d’envoyer paître Seselj, ou lui accorder un poste symbolique inacceptable – style sous-secrétaire des jardins publics et des nains de jardin ou ministre des agrafeuses – et prendre le risque d’un boycott du second tour par le SRS. Et voir, par voie de conséquence, celui-ci invalidé faute de quorum électoral.

Or, avec ses 23 % (sans compter les voix des petits partis de droite), le SRS tient la clé des élections de dimanche.

Naturellement, si invalidation il y a, d’autres présidentielles seront organisées, quasiment dans la foulée. Ce qui ne manquera pas de booster les scores du SRS et de Seselj.

Le climat politique délétère et la corruption généralisée régnant en Serbie depuis l’arrivée aux (bonnes) affaires de l’équipe de Zoran Djindjic, dont Kostunica ne cesse de dénoncer les " méthodes maffieuses ", associé au fait que la communauté internationale ne tient pas le 1/10ème des engagements financiers pris auprès de Belgrade, font que le nationalisme de Seselj gagne de plus en plus de terrain…

Évidemment accéder à la requête de Seselj déchaînera les foudres de ladite communauté internationale.

D’autant que Vojislav Seselj l’a promis : une fois en place, il traquera sans merci le crime organisé, aussi haut placé qu’il se trouve.

En coulisses, les analystes locaux ne font pas mystère de la tournure que pourrait prendre ce nettoyage de printemps dans les écuries d’Augias belgradoises : l’inculpation de Zoran Djindjic et probablement (comme l’a d’ailleurs fait un magistrat italien pour trafic d’influence et de cigarettes en lien avec des organisations maffieuses) de plus gros poissons encore, monténégrins.

La seule différence entre Rome et Belgrade, c’est qu’alors les forces spéciales du MUP, pourraient fort bien aller cueillir les inculpés (à la manière musclée de la SFOR) là où ils seront. Et de toute façon faire crouler les instances juridiques et Interpol sous d’embarrassantes injonctions…

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