03/08/03 16.42 t.u. Roland Gaucher

A notre époque, dominée par la puissance des médias, un événement de dimension internationale surgit. Il fait la manchette des grands journaux comme Le Monde ou Le Figaro, la « une » des chaînes de télévision. Cela ne dura guère plus de quarante-huit heures. L’événement est aussitôt remplacé par un autre qui mobilise l’attention.

On en a eu un bon exemple avec le suicide de l’expert britannique Kelly. Le scandale éclabousse Tony Blair, la BBC et contribue à faire chuter aux USA la côte de Bush, empêtré dans ses multiples déboires irakiens. Mais, fort heureusement pour lui, les deux fils de Saddam Hussein sont repérés, grâce à une énorme prime (15 millions de dollars pour chacun d’eux) et abattus. L’image de leurs corps envahit les écrans de télévision et la « une » des journaux, du même coup David Kelly est expédié aux oubliettes et Bush respire un peu.

Ces péripéties multiples ne doivent pas faire oublier les faits essentiels. Après l’offensive foudroyante des troupes américaines et britanniques, et les bombardement massifs des populations civiles, l’Irak a paru écrasé. Saddam Hussein, ses fils et ses principaux lieutenants, comprenant qu’ils ne pourraient faire face à l’énorme puissance des envahisseurs, avaient fait le choix d’une autre stratégie : celle d’une guérilla et du terrorisme. Ces procédés de lutte se sont révélés efficaces. Brusquement, les occupants se sont transformés dans les villes en individus isolés, risquant, en dépit de leur armement d’être victime d’attentats, et ils ont commencé à connaître la peur, alors qu’ils croyaient la question réglée et aspiraient au retour.

L’armée irakienne était hors d’état de résister à l’écrasante supériorité américaine comme force d’envahissement. Les progrès techniques ne peuvent que renforcer cette puissance. Le jour n’est peut-être pas loin où les avions, dans pilotes et les fusées téléguidées écraseront les populations des villes et l’armée d’un pays, en voie d’être conquis, sous un déluge d’acier.

Mais la force d’occupation, c’est-à-dire des individus demeurera beaucoup plus vulnérable à des opérations menées par des groupes terroristes et des unités de guérilla.

Cela ne concerne pas seulement les forces de Saddam Hussein. Les unités d’al-Quaida, diverses forces ethnico-religieuses dans l’ensemble du Moyen-Orient, des groupes terroristes comme ceux qui ont opéré au Maroc, sont susceptibles d’intervenir dans les mois qui viennent. La réédition d’une opération comme celle du 11 septembre ne peut pas non plus être exclue.

Et au sein même des USA, des groupes subversifs peuvent entrer en action.

Roland Gaucher.