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Une société trop militarisée

30/07/02 11.18 t.u.
Jacques Borde

Israël, " une société trop militarisée " ! De qui sont ces propos empreints d’un fanatisme inqualifiable et suintant l’antisémitisme le plus rance ?

D’un émir d’Al-Qaïda ? D’un nostalgique du IIIe Reich ? De pro-palestiniens fanatiques ?

Vous n’y êtes pas. L’analyse est parue sous la plume de Meïr Shnitzer, dans le convenable Ma’ariv, qui – à l'occasion de l'entrée en fonction du nouveau Ra’Mat’Kal (chef d'état-major) de Tsava Haganah L'Yisrael (Tsahal, forces de défense israéliennes], le rav alouf (général d'armée) Moshé “Bougui” Yaalon – s’est penché sur ce qu’il appelle " le militarisme de la société israélienne "(1).

Et Shnitzer de recommander à ses lecteurs la lecture du récent ouvrage de l’historien (israélien) Motti Golani, qui analyse les dégâts causés par le " militarisme sioniste " dans la société israélienne, depuis les années 1930.

Golani, lui-même issu d'une unité d'élite israélienne, y réduit à néant " certains mythes militaires " datant de la Guerre d'indépendance (1948) et fait endosser aux Israéliens une part non négligeable de responsabilité dans le déclenchement de certaines batailles qui ont ponctué le conflit israélo-arabe depuis plus d'un siècle.

Golani évoque, dans son ouvrage, le véritable " putsch " militaire des généraux israéliens, qui en mai 1967, ont, selon lui, encouragé la classe politique à déclencher la Guerre des Six Jours et, en octobre 1973, " dans la cuisine de Golda Meïr [parfaitement authentique, Ndlr] ", ont fourni les informations délibérément biaisées qui ont déterminé le comportement de l’administration israélienne, lors du déclenchement de la Guerre du Kippour.

Selon Golani, l'histoire de l'État d'Israël est le récit de l'annihilation du bon sens civique au bénéfice de la puissance et d'une certaine " logique " militaire.

Shnitzer rappelle que, le 15 juillet 2002, ont eu lieu les obsèques de Benny Peled, l'ex-commandant de l’Heyl Ha’Avir (armée de l’air israélienne) durant la Guerre du Kippour et l'Opération Entebbe (rebaptisée Opération Yonatan, a posteriori). Avant de s'éteindre à l’âge de 74 ans, des suites d’une longue maladie, Peled avait demandé à ses proches de graver sur sa tombe l'épitaphe suivante : " Ci-gît un Juif fou qui a cru que les Juifs étaient capables de fonder un État… mais qui s'est trompé "(2).

Comment ne pas noter combien ces lignes sont en contradiction avec l’hagiographie officielle de l’officier – cf. Aroutz Sheva, écrivant qu’ " Il avait commandé l’aviation israélienne de 1973 à 1977 durant la guerre de Kippour et lors de l’opération d’Entebbe. Il s’était retiré en 1977, au terme d’une carrière militaire de près de 30 ans et avait assuré la présidence de la société Elbit de 1977 à 1985 avant de monter sa propre entreprise. Sioniste convaincu, il avait demandé à être enterré au cimetière militaire de Kyriat-Shaoul. Le ministre de la Défense, Binyamin Ben Eliezer et deux anciens commandants de l’armée de l’air, Ezer Weizman et Moti Hod, ont publié des communiqués lui rendant hommage "(3) –.

" Si un ex-général de l’Heyl Ha’Avir s'exprime ainsi, pourquoi un historien (tel que Golani) ne pourrait-il pas contester cette caste militaire qui dirige le pays et distribue ses posters ! "(4), écrit Shnitzer

Pourquoi ? Mais justement parce que l’establishment militaire israélien ne peut pas tolérer la remise en cause de ces mythes qui lui permettent de squatter, sans interruption depuis 1948, les plus hautes fonctions politiques…

Nier la militarisation de la société israélienne semble difficile.

En effet, l’essentiels des titulaires des portefeuilles ont toujours eu un background militaire particulièrement important – et quelque soit la coloration politique des cabinets successifs –.

Ainsi, l’actuel titulaire des Transports du cabinet Sharon n’est autre que le général (CR) Ephraïm Sneh qui fut sous Rabin, à la… Santé.

Rappelons que, les trois derniers dirigeants du Maarakh (parti travailliste), autrement dit la gauche institutionnelle, ont été, dans l’ordre, feu le général (CR) Itzhak Rabin, le major-général (CR) Ehud Barak, et, actuellement, le ministre de la Défense, le général (CR) Binyamin “Fouad” Ben-Eliezer.

Quant au Likoud, il est sous la coupe du général (CR) Ariel “Arik” Sharon. Parti qui devrait bientôt compter dans ses rangs le lieutenant-général (CR) Shaul Mofaz, à peine débarqué de son poste de chef d’état-major.

À noter, pour être complet, que c'est avec une certaine surprise (et contrairement à la nomination de son prédécesseur, le général Amnon Lipkin-Shahak) que Shaul Mofaz avait finalement été promu au poste convoité de Ra'Mat'Kal.

Elle mettait un terme à la guerre de tranchées qui opposait le ministre de la Défense, le général (CR) Itzhak "Itzik" Mordechaï, au général Matan Vilnay (un ancien du Sayeret Tzanhanim) qui " avait été pendant longtemps " son " rival ", rapportait le Jerusalem Post.

L’affaire avait remis au goût du jour le problème du poids de l’establishment militaire par rapport à la société civile dans un pays qui se veut la “première démocratie” du Proche-Orient.

Itzhak Mordechaï (liquidé “politiquement” depuis, pour une sordide affaire de harcèlement sexuel) s’était, en effet, comporté comme le dernier des satrapes levantins. Mordechaï qui ne pesait alors d’aucun poids politique (n’étant, alors qu’un militaire de carrière) avait imposé ses vues parce qu’il détestait avoir comme interlocuteurs soit d’anciens supérieurs, soit ses rivaux.

Qu’avait dit d’ailleurs Arieh O’Sullivan, in The Jerusalem Post, de la querelle pichrocoline qui avait éclaté à cette occasion ?

Que " Netanyahu aurait cédé aux instances d’Itzhak Mordechaï, car ce dernier avait souligné qu’il préférait travailler avec Mofaz plutôt qu’avec Vilnay, qui a été son rival durant toute sa carrière militaire ". Pas le seul d’ailleurs. On rappellera en effet qu’Itzhak Mordechaï avait quitté l’armée uniquement parce que le général Amnon Lipkin-Shahak avait été nommé au poste de Ra'Mat'Kal qu’il convoitait lui-même.

Or, il importe de savoir que le président du Conseil israélien (autrement dit le premier personnage de l’État) soutenait, lui, la candidature de Matan Vilnay.

Et si Binyamin Netanyahu avait, déclaré, rappelant toutefois que Vilnay " est l’un des officiers les plus remarquables de l’histoire d’Israël ", que " dans une situation comme celle-ci où les deux candidats sont capables, responsables et honnêtes, c’est le ministre de la Défense qui décide avec lequel des deux il préfère travailler ". Il importe ici de se garder de toute réaction affective et de trop se réjouir d’un revers qu’aurait subi Binyamin Netanyahu à cette occasion. Car, quoi qu’on soit en droit de penser de Netanyahu, il n’en reste pas moins que celui-ci n’était autre que le Président du Conseil, élu (alors) au suffrage universel direct.

Il est donc particulièrement inquiétant que dans une société aussi militarisée que l’israélienne, ce soit le représentant du peuple qui ait eu à céder le pas à un ancien militaire, aigri de surcroît, pour le choix du patron des forces armées. À noter que du point de vue d’Itzhak Mordechaï, sa préférence pour Mofaz, rejoignait ses petits problèmes existentiels cités plus haut. Car, notait Arieh O’Sullivan, Mofaz a " servi durant la majeure part de sa carrière dans des unités placées sous ses ordres ".

À savoir que ça n’était nullement la première fois que les nominations militaires en Israël répondaient à de curieux critères.

Ainsi, lorsque le général Shlomo Yanaï remplacera Shaul Mofaz (passé à l’époque à la planification de Tsahal) à la tête de la Région Sud, beaucoup, parmi les experts militaires, s’en surprendront. Promotion qui, en revanche, provoquera les louanges d’une droite appréciant énormément celui dont la principale qualité était, à leurs yeux, d'être le beau-frère du général Amidror, en odeur de sainteté au… Likoud.

Quant à Shaul Mofaz, qui aura été, dans sa carrière (d’officier supérieur, il s’entend), successivement : commandant militaire de Judée-Samarie (1993), commandant militaire de la Région Sud (1994), responsable de la planification de Tsahal (1996), à lire son cursus, son parcours paraissait atypique pour le titulaire d’un poste aussi élevé.

Car comme le rappelle encore Arieh O’Sullivan " sa candidature à l’école des officiers de Tsahal a été rejetée par deux fois. C’est seulement après avoir joué un rôle décisif, il y a 30 ans, dans une embuscade courageuse et originale contre des terroristes palestiniens, que Shaul Mofaz a été envoyé au cours d’officiers (…). Au cours de la Guerre du Kippour, il réussit un nouvel exploit lorsque, profondément enfoncé en territoire syrien avec les 40 soldats de son commando et encerclé par des centaines de soldats ennemis, il trouva le moyen de sortir de la nasse avec ses hommes et d’organiser un rapatriement aéroporté vers Israël ".

Mofaz, qui, de par son seul passage à la tête de l’armée, va devenir, mutans mutandis, un des hommes-clés de l’échiquier politique hiérosolymitain. La boucle est bouclée…

Toutes ces péripéties expliquent largement que Tsahal parvienne sans problèmes à imposer ses paradoxes à la société civile et à la sphère politique.

Or ceux-ci s’avèrent trop souvent dramatiques.

Ainsi, l'éditorialiste anonyme d’Ha’aretz refuse de croire aux explications des militaires selon qui c'est la présence israélienne dans les Territoires qui a freiné la dernière vague de violence et a permis de déjouer des attentats-suicides.

" Cette approche est erronée. Car toute population occupée, en particulier si elle a perdu tout espoir en l'avenir, est capable de se réorganiser très rapidement et de trouver les moyens pour reprendre la lutte "(5).

Que dire du ministre de la Défense israélien, le rondouillard Binyamin “Fouad” Ben-Eliezer, qui ne cesse de répéter qu'il n'y a pas de solution militaire à la lutte anti-terroriste mais, de l'autre, soutient la réoccupation des Territoires.

Et, poursuite Ha’aretz, " comment un ministre israélien arrive-t-il, à la fois, à prêcher en faveur de l'installation d'une autorité de rechange, et à cautionner la fermeture des bureaux de l'université Al-Qods, présidée par le Palestinien modéré qu’est Sari Nusseibeh "(6).

" Tant que ce genre d'opérations se poursuivra, le gouvernement israélien ne pourra prétendre qu'il a tout fait pour instaurer une solution pacifique "(7).

C’est bien là tout le problème pour l’avenir même de l’État hébreu.

Notes

(1) Ma’ariv (16 juill. 02).
(2) Idem.
(3) Aroutz Sheva (14 juill. 02)
(4) Ma’ariv (16 juill. 02).
(5) Ha’aretz (1 juill. 02).
(6) Idem.
(7) Idem.

© http://www.geostrategie.com.

 
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