Pour une critique de la loi Fillon
L'opposition à la loi Fillon n'a pas été seulement le fait des gauchos et des fils de bobos. On a ainsi pu voir participer aux manifs parisienne la Coordination autome des lycées dont l'orientation politique n'est, pour le moins, pas "de gauche" et un certain nombre d'enseignants nationaux ont diffusé des textes critiques sur cette loi. On lira ci- dessous l'un d'entre eux.
La loi Fillon nous propose : 100% des jeunes doivent sortir du système scolaire avec une qualification. 50% des jeunes doivent être titulaires d'un diplôme de l'enseignement supérieur. Soutien des plus faibles comme des meilleurs. Refus de la non qualification à la sortie du système éducatif.
Un projet déjà absurde dans ses objectifs. Comme dans la défunte URSS, on planifie en s’imposant des quotas ahurissants sans se poser la question de la population scolaire. Inutile de dire qu’elle se dégrade constamment en raison du brassage imposé à la France et de la démagogie de plus en plus importante. Est- il concevable qu’une personne sur deux rencontrée dans la rue soit universitaire ? C’est ce qui est annoncé ici pourtant. On surpasse, en matière de démagogie, Jospin qui avait promis 80% de jeunes au niveau du Bac, objectif non encore réalisé en dépit de multiples trucages.
1- Une école plus juste
A) La maîtrise des connaissances et des compétences indispensables
- L'école maternelle précède la scolarisation obligatoire. Sa pédagogie est différente de celle de l'école primaire; elle prépare les élèves de grande section à l'entrée en CP.
Quand parlera t- on enfin de la nécessité de l’éducation des jeunes enfants dans le milieu strictement familial.
La scolarisation précoce doit être envisagée comme un pis- aller et non comme la panacée. On met en place une scolarisation dès l’âge de deux ans, ce qui est monstrueux en soi. Mais le système méconnaît délibérément les lois naturelles, ceci n’est pas nouveau.
- La scolarité est obligatoire de 6 à 16 ans avec une obligation de résultats pour tous. - Mise en place d'un socle de connaissances et de compétences indispensables à la fin de la scolarité obligatoire (langue française, éléments mathématiques, culture humaniste et scientifique, pratique d'une langue vivante étrangère, technique de l'information et de la communication. )
Ce « socle de connaissances » est le viatique du futur travailleur nomade du mondialisme, soumis à toutes les délocalisations. On lui apprendra à répondre à des ordres simples en anglais ou dans la langue frontalière et à appuyer sur le bouton de l’ordinateur ou de la machine.
Encore l’utopie jamais dénoncée de « l’école plus juste avec des résultats pour tous ».
Aucune réforme ne sera possible tant que l’on n’affirmera pas le principe des inégalités entre individus, ce qui impose une diversité des réponses scolaires et la suppression du moule d’un collège unique et d’un lycée de plus en plus uniformisé avec son bac au rabais.
Ce qui a supprimé totalement la notion d’effort car les élèves ont vite appris que sans rien faire, ils passent à travers les mailles énorm es du système, jusqu’au bac du moins. Et maintenant, grâce à Fillon, on distribuerait les diplômes universitaires avec la même générosité ?
- Les disciplines traditionnelles (Histoire- géo, science, activités artistiques et sportives...) sont toujours opérationnelles dès l'école primaire.
Il est temps, alors que la France est en voie d’analphabétisation, de centrer l’enseignement en primaire sur les matières fondamentales et d’arrêter la dispersion. D’autant qu’on imagine aisément la coloration idéologique qui est et sera donnée aux enseignements de « sciences humaines »
- Le diplôme du brevet est revalorisé avec la mise en place de mentions. Il devient obligatoire et valide la formation du collège avec 3 épreuves d'examen et une note de contrôle continu prenant en compte la note de vie scolaire relative au comportement général de l'élève.
Au lieu de dénoncer les comportements déviants, ce qui conduirait rapidement à identifier de façon dérangeante les auteurs des troubles, on prétend évaluer le « comportement général de l’élève »
D’un comique dérisoire quand on songe que l’enseignant en zone de non- droit, à moins d’avoir une vocation de martyr, sera conduit à minimiser et dissimuler les problèmes. De toute façon, c’est l’objectif !
Approfondissement et diversification pour les élèves qui ont de bons résultats.
Rien n’est fait pour les bons élèves puisque tous sont égaux par définition. La discrimination par l’intelligence est presque aussi odieuse pour ces messieurs que les autres. Les structures d’aides aux « élèves en difficulté » abondent avec, comme point commun, une totale absence de résultats.
- Le conseil de classe peut décider du redoublement d'un élève.
Le redoublement a presque disparu. Il ne peut être une solution d’ailleurs tant qu’on refusera de déterminer ceux des jeunes qui ne peuvent pas suivre un enseignement traditionnel. Ce qui se révèle d’ailleurs souvent très tôt mais on préfère traîner ces jeunes pendant des année sur les bancs de l’école tels des zombies, au lieu de leur proposer autre chose de plus adapté et de plus motivant.
- A la fin de la scolarité, un bilan personnalisé précise les éléments de réussite du parcours de l'élève.
- Le Programme Personnalisé de Réussite Scolaire (P .P .R.S.) : aide spécifique à tout élève en difficulté, par un contrat spécifique signé par les parents, le chef d'établissement et au collège par l'élève avec plusieurs possibilités.
Aussi prometteur que le contrat d’intégration…
- Les bourses au mérite permettront d'encourager les élèves. Tous ceux qui auront eu une mention bien ou très bien au brevet ou au bac bénéficieront de ces bourses qui ont été revalorisées.
Enfin une bonne idée !
B) La diversification des parcours scolaires
I - Organisation de parcours scolaires pour satisfaire l'orientation de tous les élèves.
- Mise en place d'option de découverte professionnelle (3h/classe en 3ème; 6h pour ceux qui sont intéressé par un métier précis, le plus souvent en lycée professionnel).
- Valorisation des parcours d'alternance en classe de 4ème.
- Nécessité d'avoir acquis une qualification à la sortie du système scolaire par des actions de motivations et d'aide à la réorientation.
Tous les efforts doivent pointer vers l’enseignement technique et la redirection d’un grand nombre d’élèves vers ces filières. Mais cela est antinomique des objectifs énoncés au début. On ne peut donc rien attendre du système.
- Garantie d'égalité des droits et des chances pour les élèves souffrant d'un handicap ou d'une maladie chronique, et scolarisation prioritaire près du domicile (1000 nouvelles Unité Pédagogique d'Intégration crées d'ici 2010 dans le secondaire).
- La santé scolaire et le service social sont assurés par le personnel médical de l'Education Nationale (médecins en priorité à l'école primaire, infirmières identifiées pour chaque établissement du second degré, assistantes de service social...)
2- Une école de plus grande Qualité
A) Le Haut Conseil de l'Education
Encore un de ces machins dont Chirac et Raffarin ont le secret. Mais à quoi servent les corps d’inspection alors ?
- Le HCE fera le bilan des résultats obtenus par le système éducatif par rapport aux objectifs du socle des enseignements fondamentaux.
- Il sera composé de 9 membres assistés par des experts.
B) Les établissements
- L' IUFM aura un statut d'école tout en étant intégré à l'université. Bayrou à l’occasion d’une énième cohabitation, avait la possibilité de supprimer les IUFM qui devaient se mettre en place la rentrée suivante (1993). S’il n’a rien fait, c’est en raison de la complicité jamais démentie depuis 44 entre le gaullisme et le marxisme. Depuis, on essaye de rafistoler le système des IUFM qui est pervers en soi. Alors qu’ils sont devenus des citadelles marxistes, sans lien aucun avec le monde scientifique et universitaire. Dans les IUFM, il ne s’agit pas de consolider les connaissances disciplinaires des futurs enseignants mais de vérifier leur conformité à l’idéologie dominante et de les obliger à mettre en œuvre les méthodes pédagogiques qui ont ravagé déjà plusieurs générations d’élèves depuis 1968.
- Les établissements auront de plus grandes responsabilités budgétaires.
Sans moyen supplémentaire et dans le même temps où les collectivités locales ont de plus en plus de mal à se financer, dans le cadre de la décentralisation. Sauf à recourir à de nouvelles levées d’impôts dont la « gauche » prendra la responsabilité. Les collectivités locales constituent le principal apport financier des établissements: c’est elles qui continueront à décider.
- Allégement de la commission permanente avec délégation au Conseil d'Administration.
C.A. dont je sais, pour y avoir siégé, qu’il est destiné à faire passer le plus grand nombre de mesures sans réel examen critique et tout en jouant, là aussi, la farce démocratique. La Comm. Permanente me semble être l’endroit où les moyens et les objectifs sont analysés de façon plus précise.
- Création d'un conseil pédagogique présidé par le chef d'établissement qui veillera à la cohérence pédagogique des enseignements et à l'organisation des contrats de réussite éducative.
Sans doute un flicage institutionnel des enseignants dont il faudra tester la bonne volonté en matière d’antiracisme, d’européisme et de discrimination positive. Parce que ces soi- disant contrats ne sont qu’un des instruments du « volontarisme républicain » et on peut imaginer que ceux qui les signeront auront de forts modestes engagements à respecter en échange de la gratitude de la « république »
- Assurer la sécurité des élèves qui est la première mission du chef d'établissement en tant que représentant de l'Etat. En cas d'infractions: les sanctions doivent être immédiates; liaison avec un correspondant de la police nationale ou de la gendarmerie; signalement au procureur de la République.
- Dans chaque établissement, mise en place d'un plan de prévention de la violence par le Comité d'Education à la santé et à la citoyenneté (CESC).
Plan de prévention qui restera inefficace comme tous ceux du même genre.
- Modernisation des examens nationaux avec un nombre d'épreuves terminales limité : 3 au brevet, 5 au CAP et BEP.
- Définitions des missions des enseignants: transmission des savoirs, autorité qui doit être soutenue par l'Etat et comportement exemplaire.
Comportement exemplaire ? Quels sont les critères d’évaluation ? La foi antiraciste peut- être ?
- Reconnaissance de la liberté pédagogique au service de la réussite des élèves.
Contredit ce qui précède (conseil pédagogique) La situation devenant de plus en plus critique, le contrôle idéologique sera au contraire de plus en plus strict. Le mot d’ordre étant de ne pas faire de vagues et de laisser transpirer le moins possible des incidents appelés à se multiplier de façon dramatique.
- Continuité pédagogique nécessaire aux élèves: remplacement de courte durée des enseignants absents par des heures supplémentaires à taux spécifique et limitées à 72h par an.
Cela paraît une bonne idée mais si le remplaçant ne peut s’adapter rapidement, le remède ne risque- t- il pas d’être pire que le mal ? L’école n’ayant plus qu’un rôle de garderie dans bien des cas, cela permettra aux familles de se décharger des enfants, et c’est le seul but de l’opération. On peut rêver de voir ce gouvernement lutter contre l’absentéisme quand on sait avec quelle énergie il répond aux récriminations incessantes des fonctionnaires.
- Rôle du professeur principal conforté.
Ceci est contredit par le rôle accru des familles dont il est question plus loin. Si le professeur principal jouait un rôle plus important, ce serait un risque de voir la démagogie reculer. Car même si la quantité des démagogues parmi les professeurs est importante, ils ne seront jamais battus dans ce domaine par les dirigeants du « mammouth »
- Réexamen des décharges spécifiques non justifiées.
Vœu pieux une fois de plus car cela signifierait une attaque frontale contre les dinosaures syndicaux qui bénéficient de ces décharges.
- Recrutement de 30 000 professeurs des écoles, professeurs du second degré, conseillers principaux d'éducation par an pendant la période 2006- 2010.
Réponse démagogique aux braillards syndicaux qui ne savent que réclamer des moyens. A l’heure de la catastrophe démographique, il s’agirait plutôt d’envisager un redéploiement des dépenses et une lutte sévère contre les nombreux gaspillages.
- Répartition académique des postes au concours avec choix pour les candidats de leur académie d'affectation qui sera le lieu de stage et de début de carrière.
- Diversification du recrutement pour des professionnels du privé avec expérience de 5 ans.
- Développement du statut de "professionnel associé" dans le 2nd degré.
Sans doute une bonne chose d’enrichir le personnel enseignant si cela doit signifier une diversification idéologique et une vision différente de la formation que des « professionnels » seraient à même d’apporter. Mais sans doute faut- il craindre aussi la mise en place dissimulée de la « discrimination positive » parce que ces nouveaux intervenants dont on peut supposer la provenance privilégiée, ne seront plus soumis à la barrière du concours.
- Formateurs des IUFM en lien direct avec la recherche et la pratique de la classe.
Impossible avec le statut actuel des IUFM, voir plus haut. Les (dé)formateurs tiennent plus du commissaire politique que du chercheur. Je connais plusieurs collègues compétents qui ont refusé de jouer très longtemps la comédie de la formation en IUFM. Ceux qui y restent sont essentiellement des démagogues acquis au pédagogisme moderne qui a déjà causé de sévères dommages. De juteux avantages achètent leur silence. C’est le PS qui en avait voulu ainsi. La « droite » n’a pas voulu les supprimer quand c’était simple. Une gestion qui rappelle celle des 35 heures et tout le reste.
- Formation continue des enseignants offerte à tous: crédit de formation de 20h par an, en dehors des obligations de services de d'enseignement avec indemnisation.
- Nouveaux professeurs affectés dans leur académie de formation, et non dans les établissements difficiles, sauf volontariat.
3- Une école plus ouverte
A) Les familles
- Les parents membres à part entière de la Communauté éducative, et associés à toute décision.
Cela contredit le souhait exprimé plus haut du rétablissement de l’autorité des professeurs (qui en a bien besoin) On peut supposer tout au contraire un nouvel assaut de démagogie.
- Droit à l'indemnité pour les associations siégeant dans les instances représentatives.
- Bulletin scolaire adressé aux deux parents s'ils sont séparés.
B) Les entreprises
- Conception et délivrance des diplômes professionnels au sein des Commissions professionnelles consultatives.
- Généralisation des initiatives pour faire connaître le monde de l'entreprise aux jeunes.
Nécessaire, mais l’entreprise n’ayant plus d’attache avec la Nation, quel message positif va- t- elle apporter aux jeunes ?
C) L'Europe
- Favoriser la poursuite des études supérieures dans un pays européen.
- Enseignement de deux langues étrangères dont l'une dès le CEl et l'autre en 5ème.
Autre utopie aux sous- entendus européistes: l’apprentissage des langues à l’école primaire.
Le danger et l’inutilité d’apprendre une langue vivante au primaire (vers 6 ans, c’est- à- dire à l’âge où la maîtrise des mécanismes de la langue maternelle n’est pas achevée) ont été prouvés par des psychologues de l’enfance. On feint de croire que c’est comparable à l’apprentissage simultané de deux langues maternelles chez le tout- petit. A prévoir de nouveaux ravages sur le français dont la maîtrise est de plus en plus approximative chez les jeunes.
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